Guinée Conakri : Dadis Camara coupable ?
Suite à cette triste situation qui interpelle les responsabilités des uns et des autres, l’on sait que l’une des principales cibles de l’opinion internationale a été, et peut-être le restera encore, le Capitaine Moussa DADIS CAMARA lui-même, l’actuel homme fort de Guinée. C’est de ce fait que ce dernier a été l’invité de Madeleine MOUKAMABANO dans “ Le Débat africain“ de ce dimanche 4 octobre 2009, sur Radio France Internationale (R.F.I.), question d’éclairer l’opinion par sa version des faits.
Voici retranscrites dans cet article quelques déclarations majeures qui ont été faites ces jours par des acteurs de l’évènement, avec plus particulièrement celles du Capitaine DADIS.
- « C’était tuer ou être tué, car les manifestants étaient armés. », déclare un militaire guinéen.
- « Les manifestants ont défoncé les portes du stade, qui avaient été fermées la veille pour empêcher toute manifestation. », un observateur guinéen.
- « On était tranquillement assis à la tribune au stade. Lorsque les militaires sont arrivés, nous pensions que nous avions à faire à des gens civilisées qui venaient nous amener au commissariat. Par la suite, nous avons reçu des coups de crosses et de matraques. Il y a eu des morts, des blessés, des femmes violées,etc. », un homme politique guinéen.
Venons-en ensuite au propos du Capitaine DADIS, sur RFI ce matin :
· « Je n’ai pas donné ordre de tirer sur les manifestants. J’ai hérité d’une armée dans laquelle la hiérarchie n’est pas respectée. »
· « Je ne suis pas un assoiffé de pouvoir. D’ailleurs, vous voyez que j’ai refusé de vivre dans le somptueux palais de
· « Les militaires avaient voulu renverser et tuer le Président LANSANA CONTE, et je les en avais empêchés. C’est cet acte de patriotisme qui a amené l’armée récemment à me proposer de prendre les rênes du pouvoir. »
· « Au début des manifestations sanglantes, j’ai voulu sortir et laisser les choses, mais les militaires m’ont dits de rester en place. »
· « Les manifestants ont saccagé le siège de la police et emporté des armes. Vous pouvez venir voir. »
· « Une fois, j’ai voulu quitter le pouvoir, mais les militaires m’ont dit, ‘’si tu quittes le pouvoir, nous allons le prendre.’’. »
· « Avant d’être au pouvoir, j’étais l’homme le plus libre au monde. Il faut dire que le pouvoir, c’est très angoissant. Dieu seul peut en réalité guider un homme au pouvoir. »
· « Lorsque le Président Mathieu KEREKOU avait quitté le pouvoir, il allait librement au marché acheter ses condiments. C’est le peuple qui est venu le chercher pour qu’il reprenne le pouvoir. »
· « Je suis un honnête homme, je suis un patriote. Je suis là pour l’intérêt supérieur de
· « Vous les journalistes, vous protégez les leaders politiques de l’opposition. On ne peut pas bâtir l’Afrique comme ça. »
· « C’est des leaders politiques tels que Alpha CONDE, Sidia TOURE, et autres qui ont provoqué la rébellion, avec leurs alliés en occident. L’impérialisme vient d’Afrique et pas d’Occident. Ces leaders sont jaloux de moi, car en 08 (huit) mois, j’ai réalisé ce que beaucoup n’ont pas pu faire en cinquante ans. Partout le peuple parle de moi en bien. ces leaders ont perdu leurs assises politiques, du fait de la gabegie financière. »
· « Je suis l’homme du changement. Le peuple me soutient. »
· « J’ai humilié des gens parce que je suis un homme épris de justice. Ces leaders politiques ont été Ministres, Premier Ministres et n’ont rien fait en cinquante ans. »
· « Je suis prêt à démissionner demain, même de l’armée, si cela était nécessaire. Je ne mentirai jamais. Je suis là parce que le destin l’a voulu. ».
Voilà une interview assez édifiante sur l’homme DADIS CAMARA, et plus largement sur la situation en Guinée. Une interview de laquelle se dégagent quelques éclairages et leçons, bien entendu.
i) D’emblée, il faut saluer RFI pour cette lumière qu’elle a apporté à travers cette interview de l’homme fort de CONAKRY. Cela pourrait, par ailleurs, empêcher que beaucoup ne s’enferment dans la diabolisation de DADIS CAMARA, comme ce fut le cas pour les Président Laurent GBAGBO de Côte-d’ivoire et Robert MUGABE du Zimbabwe.
ii) Le Capitaine DADIS, en acceptant une autre interview à chaud sur RFI démontre qu’il ne redoute ni les journalistes, ni les médias, comme quelqu’un justement qui n’a rien à se reprocher. Il semble donc être un homme de dialogue avec qui l’opposition devrait plutôt chercher à parlementer, même en conférence nationale restreinte.
iii) Le Capitaine cumule, certes, les pouvoirs, mais cela ressemble plutôt à de la dictature éclairée, car il ne veut pas que les mêmes fossoyeurs depuis cinquante ans, aient encore l’occasion de sacrifier continuellement les intérêts du peuple guinéen au profit de leurs propres intérêts.
En attendant, si le Capitaine ne cache pas une autre facette de lui, il s’agirait d’une lutte entre les intérêts privés et l’intérêt national, entre les mauvais gouvernants et le bon gouvernant. C’est une lutte à laquelle tout dirigeant soucieux de bonne gouvernance, en Guinée comme ailleurs, finit par être confronté un jour ou l’autre. C’est l’occasion ici de suggérer au brave capitaine de répertorier et responsabiliser les Guinéens intègres, jeunes et adultes, afin qu’ils le soutiennent dans cette révolution.
iv) Dans les propos du Capitaine, il se dégage une autre dimension de l’impérialisme : celle qui prend sa source sur le continent africain, et serait donc une campagne menée par des opposants à un régime, en corrélation avec l’extérieur. Une sorte d’impérialisme indirect.
v) Puisque l’armée guinéenne méconnaît la notion de hiérarchie, de par son passé, il serait donc souhaitable que le Capitaine CAMARA veille à une intégration possible des cours d’instruction civique en son sein. Cela rentrerait dans le cadre des actions révolutionnaires utiles, en prévention d’un avenir meilleur.
vi) Enfin, non seulement le Capitaine CAMARA est l’un des rares chefs d’Etats africains à ne pas se dérober devant la presse, mais en plus, lui au moins, il prononce le nom de Dieu, et évoque en permanence sa probité morale. Il lui reste simplement de conclure ses discours par « Que Dieu “blesse“
Alors, en attendant qu’éventuellement des opposants guinéens viennent proposer des avis contraires et objectifs, le Capitaine Moussa DADIS CAMARA serait, malgré tout, l’homme du changement en Guinée.
S’il vous venait l’idée de quitter l’armée pour une candidature aux futures élections présidentielles, n’hésitez pas, Capitaine. Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, dit l’adage. Si vous gardez humblement foi en Dieu, il vous soutiendra dans l’intérêt de tout le peuple guinéen qui n’a déjà que trop souffert. Il vaut mieux un homme choisi par Dieu, qu’un homme élu par les hommes, même à cent pour cent.
Bonne journée, Capitaine.
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