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Habeas corpus Brasil

Pas à pas, le Brésil est en train de sombrer dans une des pages les plus noires de son histoire. À peine 24 heures après le refus de la Cour Suprême de lui accorder un ‘habeas corpus’, un mandat de dépôt a été lancé à l’encontre de l’ex-président Lula. Avec lui, les 54 millions de Brésiliens ayant porté Dilma Rousseff au pouvoir en 2014, et déloyalement destituée en 2016, se sentent prisonniers d’un pouvoir qui tourne à la dictature.

Lula ovationné par la foule dans sa marche vers la prison

De nombreux analystes parlent de guerre hybride concernant la situation du Brésil aujourd’hui. Il est vrai que les dénonciations conjointe d’Edward Snowden et de Wikileaks font abonder les pensées vers la théorie complotiste qui impliquerait aussi le ‘grand frère du Nord’. Cependant, je m’en tiendrai seulement à la notion de lawfare (guerre juridique) qui, depuis la mise en scène de l’impeachment de Dilma Rousseff ne cesse d’être employée pour servir les fins du gouvernement putschiste.

En effet, il s’agit bien d’un complot qui a destitué la présidente élue et qui s’achève maintenant avec l’emprisonnement de Lula. Ce complot a été mis à jour par une conversation enregistrée entre deux sénateurs, Romero Jucá et Sérgio Machado, ce dernier visé dans l’affaire ‘Lava-Jato’ impliquant l’entreprise Petrobras dont il était l’un des directeurs. Pour une meilleure compréhension, je reproduis ici la traduction de certains extraits de leurs conversations enregistrées* en mars 2016, quelques semaines avant la session d’impeachment du 17 avril.

SÉRGIO MACHADO – Mais tu vois, Romero, je trouve la situation très grave.

ROMERO JUCÁ – Moi, hier, j’ai été très clair. [...] Moi, je pense la chose suivante : avec Dilma ce n’est pas possible, avec la situation comme elle est. [...]

MACHADO – Il faut qu’il y ait impeachment.

JUCÁ - Il faut qu’il y ait impeachment. Il n’y a pas d’autre issue.

MACHADO - Et qui prendra [les choses en mains], devra tenir. [...]

MACHADO – Voilà de qui se passe. Objectivement, avec ce que la [Cour] Suprême a fait [elle a autorisé l’emprisonnement après les décisions de seconde instance judiciaire], tout le monde va dénoncer.

JUCÁ - Exactement, et il va y en avoir pour tous. Marcelo [Odebrecht] et Odebrecht [l’entreprise] vont le faire.

MACHADO - Odebrecht le faire.

JUCÁ - Selectivement, mais il va le faire.

MACHADO - Queiroz [Galvão] je ne sais pas s’ils vont le faire ou pas. La Camargo [Corrêa] va le faire ou non ? Je suis très préoccupé parce que... Janot [procureur-général de la République] veut vous choper et il pense que je suis le fil conducteur. [...]

JUCÁ – Tu dois voir avec ton avocat comment est-ce qu’on peut t’aider. [...] Ça doit être par la politique, un avocat ne trouve pas [inaudible]. Si c’est politique, quelle doit être la politique ? Il faut résoudre ce bordel... Il faut changer le gouvernement pour pouvoir arrêter cette saignée. [...]

MACHADO - Mec, la solution la plus facile c’est de mettre Michel [Temer]. [...]

MACHADO – C’est un accord, mettre Michel. Un grand accord national.

JUCÁ – Avec la [Cour] Suprême, avec tout.

MACHADO – Avec tout, et comme ça tout s’arrête.

JUCÁ – C’est ça. Ça reste délimité où ça en est, point. [...]

JUCÁ - [À voix basse] J’ai discuté hier avec certains ministres de la [Cour] Suprême. Les mecs disent que « il n’est possible de [inaudible] que sans elle [Dilma]. Tant qu’elle sera là, la presse, les mecs veulent l’évincer, ce bordel ne va jamais s’arrêter ». Tu comprends ? Alors, je suis en train de discuter avec les généraux commandants militaires. Tout est calme avec eux. Les mecs disent qu’ils vont assurer. Ils surveillent le MST, je ne sais pas pourquoi, pour éviter des perturbations. [...]

MACHADO – Une issue possible c’est de trouver quelqu’un qui ait des liens avec Teori [Zavascki, alors ministre de la Cour Suprême, rapporteur de l’affaire Lava‑Jato, qui est décédé 9 mois plus tard dans un accident d’avion très opportun], mais il paraît qu’il n’y a personne.

JUCÁ – Non, personne. C’est un mec très fermé. C’est elle [Dilma] qui l’a nommé, un mec ... Un bureaucrate de ... Ex-ministre du STJ [Tribunal Supérieur de Justice].

* Transcriptions publiées dans le journal Folha de São Paulo le 23/05/2016.

Le cirque était ainsi monté. L’impeachment a eu lieu, prononcé le 17 avril 2016 par l’Assemblée législative, et le vice-président Michel Temer a pris le pouvoir début mai. L’instruction du « procès » de Dilma Rousseff s’est déroulée au cours des mois suivant pour aboutir à sa destitution officielle en août 2016, après un battage de presse ignoble, d’incessantes campagnes de diffamation via internet et des manifestations qui ont réuni d’immenses foules galvanisées par ces campagnes de presse.

Parallèlement, et depuis lors, une véritable chasse à l’homme a été entreprise contre Lula car, comme dit Maurice Lemoine chez Gérard Miller : « Lula est un symbole. Il faut le faire tomber parce qu’il faut casser l’espoir dans le clan progressiste ». Alors tous les moyens sont bons et c’est par le biais de la ‘justice’ qu’ils vont y parvenir après un procès hyper médiatisé et une condamnation sur ‘convictions’ en guise de preuves.

Il faut aussi noter que, contrairement à toutes les autres affaires, le procès de Lula est rondement mené. En appel, son dossier est passé avant plus d’une centaine d’autres restés en souffrance et en moins d’un mois et demi le recours était déjà accueilli par le tribunal. Un record absolu pour la justice brésilienne, y compris pour tous les autres cas liés à l’affaire ‘Lava-Jato’. Mais il faut l’empêcher de se présenter aux prochaines élections de 2018. Malgré l’absence de preuve, la sentence est confirmée en appel et c’est pourquoi, restant une instance à laquelle recourir, la Cour Suprême a été saisie d’une demande d’habeas corpus (institution juridique qui garantirait l’attente en liberté du jugement de son recours contre les décisions des tribunaux ayant prononcé sa condamnation), dûment refusée ce 4 avril.

Sur ce point, parlons des pressions et autres ‘avertissements’ visant les ministres de la Cour Suprême. D’abord il y a le cas du procureur de l’opération ‘Lava-Jato’, qui a été la risée de tous, en déclarant qu’il allait prier et jeûner pour que la Cour Suprême vote contre l’habeas corpus. Bien lui en a pris, il a été exaucé. Drôle de justice !

Dans quelques grandes capitales on a assisté à des rassemblements en faveur de la prison pour Lula organisés par des groupes de droite.

Beaucoup plus inquiétant, cependant, a été la déclaration* via Twitter du chef d’état-major des armées dont je reproduis ici la traduction :

GÉNÉRAL VILLAS-BOAS – J’assure à toute la Nation que l’Armée Brésilienne pense partager l’attente de tous les bons citoyens quant à la répudiation de l’impunité et pour le respect de la Constitution, de la paix sociale et de la Démocratie, tout en restant attentive à ses missions institutionnelles.

Ce à quoi plusieurs autres généraux ont promptement répondu présent, dans des termes tout à fait éloquents.

GÉNÉRAL FREITAS – Une fois encore le Commandant des Armées exprime les préoccupations et les attentes des citoyens brésiliens qui revêtent l’uniforme. Nous sommes avec vous, Commandant.

GÉNÉRAL MIOTTO – Commandant ! Nous sommes ensemble dans la même tranchée ! Nous pensons de la même façon ! Brésil avant tout ! Acier !

GÉNÉRAL CHAGAS – J’ai l’épée au côté, la selle équipée, le cheval au travail et j’attends vos ordres !

* Tweets publiés dans la revue en ligne Forum le 03/04/2018.

Ces déclarations ont aussitôt reçu un tollé de la part des plus divers secteurs de la société encore traumatisée par la récente dictature qui a maintenu le pays pendant 21 ans sous le joug de l’armée, mais le président en exercice n’a pas daigné commenter l’incident.

La tension monte et l’escalade vers l’autoritarisme augmente avec la bénédiction du gouvernement putschiste qui a compté sur la non-intervention des militaires, comme le signalait Jucá dans les propos relatés plus haut, un gouvernement qui ouvre toujours plus d’espace à des militaires de carrière aux postes-clés de l’État (Chef de cabinet de la Présidence, Défense, Affaires indiennes).

Par ailleurs, l’autoritarisme est plébiscité par les secteurs d’extrême-droite, notamment liés à l’agrobusiness, ce qui approfondit la fracture sociale entre ce qu’on peut appeler la droite et la gauche, mais plus exactement entre une classe sociale minoritaire très privilégiée autour de laquelle gravite toute une myriade d’intéressés à divers degrés, et une classe sociale largement majoritaire et historiquement discriminée, notamment les afro-descendants, qui avait réussi à se hisser quelque peu sur l’échelle sociale avec l’arrivée au pouvoir du Parti des Travailleurs.

Et c’est ainsi que depuis le coup d’État parlementaire, on assiste à une escalade de la violence, notamment envers les défenseurs des plus défavorisés dans le pays. Une violence depuis toujours larvée au sein des groupes les plus réactionnaires de la société brésilienne, mais qui s’exprime sans retenue depuis la destitution de la présidente élue, destitution que ces personnes ont vu comme le signal d’une nouvelle donne sociale dans le pays dans laquelle les nantis retrouveraient leurs privilèges face à une classe sociale n’ayant historiquement jamais eu droit à la parole. D’aucuns y voient un retour à une société esclavagiste encore profondément enracinée dans la culture brésilienne.

Au‑delà de l’assassinat emblématique de Marielle Franco dont les répercussions sont encore à venir, ce sont des dizaines de leaders de la lutte pour les droits de l’homme qui ont été assassinés au cours des deux dernières années. Syndicalistes, leaders communautaires, écologistes, dirigeants associatifs et même des religieux engagés auprès des plus défavorisés sont victimes de cet arbitraire. Et quand ils ne sont pas assassinés, ils peuvent être agressés, menacés, intimidés ou calomniés.

C’est pourquoi l’assassinat de Marielle Franco, qui luttait justement pour la défense des plus démunis dans les favelas, mais plus avant contre la violence qui va de pair avec la pauvreté, a soulevé un cri de détresse face à la violence de l’État représentée par l’intervention militaire en cours à Rio.

Pour conclure sur la dernière farce du procès Lula, il faut revenir sur l’outrage qu’a constitué la visite du chef de l’exécutif Michel Temer - usurpateur du pouvoir par coup d’État interposé et lui‑même objet de deux dénonciations distinctes du Ministère public pour corruption, blanchiment et association de malfaiteurs et bientôt rattrapé par une troisième affaire - à la présidente de la Cour Suprême, visite officieuse du chef de gang à la présidente d’un des trois Pouvoirs de la République, justement la Justice, qu’elle reçoit chez elle, sans cérémonie ni témoins.

C’est pourquoi une voix uni sonore, dont je me fais ici le porte-parole, s’élève dans tout le Brésil, clamant haut et fort qu’il s’agit ici d’un cas de lawfare, que le Brésil est engagé dans une de ces nouvelles modalités de guerre où le complot soutenu par les principaux médias prend des couleurs de justice pour se justifier auprès d’une population leurrée et manipulée. Et je cite ici Carol Proner, professeur de Droit international à l’université de Rio de Janeiro et organisatrice du livre qui dénonce « le procès Lula », à propos de la condamnation : « Elle ne se soutient pas par des preuves suffisantes pour être convaincante quant à la responsabilité de l’ex-président dû à la pratique d’une conduite indue de sa part ». Le livre est disponible en PDF ici.

Avec Lula, c’est le Brésil tout entier qui veut retrouver sa liberté de vivre, d’agir et de penser. L’habeas corpus n’est pas seulement celui de Lula, c’est celui de tout un pays qui n’attendait que le moment de pouvoir mettre son bulletin de vote dans l’urne et élire à nouveau celui qui avait rendu possible le rêve d’un pays souverain, à la hauteur de ses richesses naturelles et de la diversité de son peuple.


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19 réactions à cet article    


  • Zolko Zolko 7 avril 2018 13:02

    Ouais, le Brésil tourne en dictature, il serait temps d’y envoyer l’OTAN.
     
    Ah mince, non, cette fois-ci, c’est le contraire, il parait que c’est l’OTAN qui fait la dictature là-bas.
     
    Ou alors, foutons-leur la paix ? Il y a des élections au Brésil dans 6 mois, Temer est à moins de 10% dans les sondages, le vainqueur sera quelqu’un de nouveau et pas un ancien politicien qui est sur la scène depuis 30 ans, et ça fera du bien au Brésil.
     


    • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 17:33

      @Zolko
      La paix est à coup sûr ce que les Brésiliens souhaitent, malheureusement pour eux, ils ont des réserves pétrolières qui font des envieux et qui éveillent beaucoup d’intérêts. De plus, le Brésil de Lula et Dilma avait des velléités de devenir une puissance indépendante et forte en Amérique du Sud, en fait une puissance à hauteur de ses ressources.
      Alors qui sera le vainqueur d’une donne truquée ? Nul ne le sait et l’issue est plus qu’incertaine. Mais il n’empêche que la frustration de la majorité des électeurs de Dilma Rousseff, elle, est bien certaine et on se doit de la prendre en considération dans n’importe quel sens qu’on fasse une analyse un tant soit peu argumentée de la situation actuelle.


    • Lugsama Lugsama 7 avril 2018 13:38

      Lula à été condamné pour corruption, et visiblement ce n’est qu’un début, comment peut-on être partisan au point de soutenir de tels agissements ??

      Parler des heures les plus sombres du Brésil avec son histoire c’est tout simplement grotesque, que la corruption soit sanctionné est plutôt une bonne nouvelle pour la Justice de ce pays après tout ce qu’il a vécu.

      Surtout la gauche brésilienne peux se trouver quelqu’un de moins clivant et plus présentable, comment se passerai sa présidence avec toutes ses affaires de corruptions sur le dos et une haine si féroce de nombreux brésiliens à son encontre, à la première difficulté gouvernemental ça serait le chaos, et quid de l’avenir de l’indépendance de la Justice dans ce pays avec un délinquants à sa tête ?


      • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 18:08

        @Lugsama
        Dès lors que l’on écarte d’emblée la question du coup d’État parlementaire de l’univers politique actuel, on peut en effet voir la condamnation de Lula comme étant justifiable pour cause de corruption. Mais il faudrait encore qu’on ait des preuves tangibles de cette corruption, parce que les « il a dit », « le délateur prétend », et autres « arguments » sont tellement peu convaincants qu’un groupe aussi important que respectable de juristes ont dénoncé lesdits arguments dans le livre cité dans l’article.
        Alors oui, j’ai aussi peu de preuves qui justifient ma conviction de l’innocence de Lula que le juge qui l’a condamné en a pour justifier sa conviction à lui, c’est-à-dire aucune. Toutefois, dans la loi, c’est à l’accusation d’apporter les preuves de la culpabilité des accusés me semble-t-il.
        Lula est vu, depuis 2005, depuis l’affaire du « mensalão » (qui a été, selon de nombreux analystes, un ballon d’essai pour renverser son gouvernement), comme une espèce de chef maffieux qu’il fallait éliminer à tout prix avant qu’il ne fasse du Brésil un nouveau Cuba. Cependant, le soi-disant « parrain » a fait plus pour son pays que ne l’ont fait tous ses illustres prédécesseurs depuis le retour à la démocratie, pour s’en tenir au passé proche.
        Et c’est pourquoi, malgré toutes les tentatives de discrédit dont il a fait l’objet, le PT a gagné toutes les élections successives à son arrivée au pouvoir et que ce pouvoir ne leur a été repris que par le biais d’un coup monté ! Je n’invente rien, je n’ai même pas à prendre parti, ce sont les faits.
        Alors oui, la corruption est endémique au Brésil - et ailleurs ! - et il faut arriver à l’enrayer. Je suis tout à fait d’accord vu que la corruption ne fait place qu’à ceux qui ont de l’argent et ceux qui sont au pouvoir en ce moment, les putschistes, en sont un magnifique exemple.
        Alors oui, Lula peut être critiqué sur divers points, ô oui, j’ai été un critique fervent de certains positionnements (ou non positionnements), sur des sujets extrêmement sensibles comme la réforme agraire et l’espace qu’il a laissé à la finance.
        Mais de là à l’ériger en coupable pour tous les maux dont souffre le pays depuis l’abolition de l’esclavage et même avant, il y a un précipice que de mon point de vue il ne faut pas franchir.
        Si la gauche « peut se trouver quelqu’un de moins clivant et de plus présentable » ça n’est pas ce qu’il semble sur le terrain. Par ailleurs, si je suis d’accord sur le fait que Lula est l’objet « d’une haine si féroce de nombreux brésiliens à son encontre », j’avoue que ça me semble être un argument en faveur de Lula lui-même, car quel type de démocrates sont ces « nombreux Brésiliens » qui n’ont pas la maturité politique d’accepter le résultat des urnes ?


      • Lugsama Lugsama 8 avril 2018 00:13

        @Lucas Matheron

        Le « coup d’Etat parlementaire » et autre pseudo putch ne sont que des éléments de langages pour aguicher le neuneu, les députés ont destitués la présidente pour des faits gravissimes, et Temer à été élu vice-président en même temps que Roussef, il était son colistier, comme cela se pratique aux USA. Le président se fait éjecté, le vice-président prend la place, ou est le scandale ? Les députés sont élus par le peuple, le colistier est élu avec le président. Ainsi fonctionne normalement cette démocratie.

        Lula à un très bon bilan de ce que j’en connais, mais ça n’excuse pas ce qu’il à fait, et la Justice à recueillis d’autres témoignage, il n’est qu’au début de ses ennuies judiciaires. Par ailleurs au Brésil même ses soutiens ne doutent pas vraiment de sa culpabilité. Fallait pas se faire prendre.

      • Lucas Matheron Lucas Matheron 8 avril 2018 01:10

        @Lugsama
        Lorsqu’on est colistier de quelqu’un à une présidence d’une République, cela implique être élu avec un programme politique. Du moins c’est ce qui se pratique partout, même aux USA.

        Lorsque le colistier se retrouve à assumer le pouvoir, pour une raison quelle qu’elle soit, le moins que l’on puisse en attendre c’est qu’il poursuive le programme pour lequel il a été « élu ».

        Or, ce n’est pas le cas puisque Temer a aussitôt changé de cap et appliqué un programme néolibéral plus agressif encore que le proposait l’adversaire de Dilma Rousseff lors des élections.

        Dans ce cas, cela s’appelle de la trahison, et s’il n’y avait que ce motif contre lui, ça en serait déjà un d’importance.

        Mais malgré tout, je serais curieux de savoir quels sont les « faits gravissimes » reprochés à la présidente Dilma Rousseff qui motiveraient son éviction ?

      • Lugsama Lugsama 8 avril 2018 13:55

        @Lucas Matheron

        Elle à violé la Loi de finance, masqué comptablement la réalité de son bilan économique catastrophique, sans parler de la corruption, elle présidait le conseil d’administration de Petrobras, difficile d’ignorer sa responsabilité avec ça..

        Par ailleurs elle à réussit à devenir le président le plus impopulaire de l’histoire démocratique du brésil, la destitution au brésil c’est aux 2/3 des deux chambres, ce ne sont pas quelques députés qui l’ont éjectés.

      • Matlemat Matlemat 7 avril 2018 15:12

        Pourquoi Dilma avait Tremer comme vice-président ?


        • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 17:24

          @Matlemat
          C’est une bonne question au vu des circonstances.
          En réalité, l’alliance du PT était avec le PMDB, parti de Michel Temer, mais aussi le parti ayant de très loin le plus de sièges au parlement.
          Il s’agit du seul parti « d’opposition » qui existait lors de la dictature, vu, presque, comme un parti « de gauche », puisque d’opposition. C’est pourquoi il a conservé une telle majorité de parlementaires et, de ce fait, n’a jamais quitté le pouvoir. De près ou de loin, le PMDB a fait partie de tous les gouvernements qui se sont succédés depuis la fin de la dictature en 1985.
          Et c’est le parti qui a décidé de son candidat comme co-listier à la présidence. En fait, Temer était alors chef de file du PMDB, poste qu’il a abandonné très récemment.


        • Matlemat Matlemat 7 avril 2018 18:07

          @Lucas Matheron
          Merci pour les précisions.


        • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 18:09

          @Matlemat
           smiley


        • picpic 7 avril 2018 18:22

          Ben oui mais bon...le brésil vise naïvement les genoux de l’oncle sam, hors, la seul position acceptable, c’est les chevilles...donc les chacals sont au boulot pour « normaliser » cette situation.


          • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 21:16

            @picpic
            Le Brésil de Lula et Dilma Rousseff est justement monté un peu plus haut que les genoux (à peu près au niveau de l’entrejambe) quand il s’est allié avec la Russie, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud pour créer le bloc économique des BRICS, bloc de pays dits émergents.
            Les BRICS ont effectivement eu l’audace de planifier la création d’un panier de monnaies comme référence pour leur échanges, notamment le pétrole et autres matières premières, pour ne plus dépendre du dollar, et même une banque de développement, un équivalent du FMI,mais en mieux, pour soutenir les pays pauvres d’Afrique principalement. 
            Alors effectivement, ça a chatouillé fortement l’oncle sam. Du coup, est venu un coup d’État et les putschiste n’ont rien eu de plus pressé que de mettre en vente l’exploitation des réserves pétrolières du pays... Curieux, non ?


          • Dom66 Dom66 7 avril 2018 21:02

            Il est con Lula !!, il vient en France, c’est chez nous que l’ont peut se présenter aux élections avec des casseroles aux cul.

            Au Brésil 12 ans de prison ???pour la mème chose en France c’est 12 mois avec sursis et encore !

            Aller Lula Hop


            • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 21:07

              @Dom66
              Ben oui, c’est peut-être une solution, mais il préfère aller en prison et continuer à se battre pour faire valoir sa bonne foi, parce qu’il est convaincu de ne pas avoir tort au sujet des casseroles qu’on essaie par tous les moyens de lui coller au cul.
               smiley


            • eau-du-robinet eau-du-robinet 7 avril 2018 22:26

              Bonjour Lucas,
              .
              Merci pour cet article. smiley
              .
              C’est TEMER qu’il faudrait mettre en Prison et pas Lula !
              https://www.latribune.fr/economie/international/bresil-michel-temer-ne-sera-pas-poursuivi-mais-sort-affaibli-politiquement-746191.html
              .
              Dans le passé, tous les pays d’Amérique latine ont été sous le contrôle effectif des États-Unis, qui mettaient alors à la tête du pays des dictateurs ou des politiciens asservis à leur cause. Certains pays ont réussi, au cours des soixante-dix dernières années, à s’extirper un tant soit peu de l’hégémonie américaine, mais l’oncle SAM n’a jamais lâché le morceau afin de rapatrier les récalcitrants dans son giron, quitte à armer des opposants, à financer des ONG (supposément humanitaires), des médias, des universitaires, des groupes de recherche, des entrepreneurs et des institutions financières locaux, des magistrats, etc.
              .
              Temer est un « président » non élu ...
              Brésil : un gouvernement non-élu de droite ... Temer un « président » de droite et pro-américain
              http://www.journaldemontreal.com/2017/09/21/bresil-un-gouvernement-non-elu-de-droite-cest-bien
              .
              Brésil : Michel Temer échappe à un procès pour corruption
              http://www.lefigaro.fr/international/2017/08/03/01003-20170803ARTFIG00035-bresil-michel-temer-echappe-a-un-proces-pour-corruption.php
              .
              Temer vassal des États-Unis
              https://www.huffingtonpost.fr/2016/05/13/michel-temer-wikileaks-bresil-renseignement-etats-unis-international_n_9953390.html
              .
              D’après les documents mis en ligne par l’ONG créée par Julien Assange, Michel Temer a ainsi communiqué à l’ambassade américaine par télégramme et ces contenus seraient classés comme « sensibles » et « pour usage officiel seulement ». Les transmissions de ces fichiers auraient été faites le mercredi 11 janvier 2006 à 14h02 et le mercredi 21 juin 2006 à 16h05 (aucune indication n’est donnée à propos du fuseau horaire).
              .
              Dans ces deux câbles, Michel Temer donne notamment sa vision de la situation politique au Brésil à l’époque, qui coïncide avec l’année de la réélection de Lula.
              https://www.huffingtonpost.fr/2016/05/13/michel-temer-wikileaks-bresil-renseignement-etats-unis-international_n_9953390.html
              .
              Sous la présidence de Lula le Brésil dans l’ascenseur social
              https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/le-bresil-dans-l-ascenseur-social_574657.html


              • Lucas Matheron Lucas Matheron 7 avril 2018 23:38

                @eau-du-robinet
                C’est moi qui vous remercie pour toutes ces informations complémentaires qui viennent étayer mon article. 

                Alors oui, c’est Temer qui doit être emprisonné, et pour haute trahison. Car c’est bien d’une trahison qu’il s’agit quand on voit qu’il détruit systématiquement toutes les ressources stratégiques du pays (avec l’aide de ses complices) allant jusqu’à permettre aux américains d’occuper la base aérospatiale d’Alcantara, vendant l’entreprise aéronautique Embraer (et son programme stratégique) à Boeing et implantant une base militaire americano-colombiano-brésilienne en Amazonie (pas très loin du Venezuela). Pour ne pas parler que du pétrole, des ressources minières et des réserves d’eau.

                Très intéressants ces cables interceptés par Wikileaks, justement en 2006, juste après l’affaire dite du « Mensalão » qui, à mon sens et pour pas mal d’analystes brésiliens, a été une première tentative de renversement du gouvernement du PT. De 2006 à 2016, ils ont eu le temps de se préparer et de mettre un traitre aux côtés de Dilma Rousseff.

                En tous cas, merci pour cet apport et l’intérêt que vous portez au Brésil.


              • Lugsama Lugsama 8 avril 2018 00:20

                @eau-du-robinet

                « Temer est un « président » non élu »

                Mignon. Il était colistier, il à donc été élu vice-président, après on peux raconter des mensonges en boucle mais ça ne changera pas la réalité du système électoral brésilien.

              • microf 9 avril 2018 13:43

                Depuis le 07-4-2018 juste avant minuit, l´ex Président LULA s´est rendu á la prison de Curitiba oú il va désormais résider.

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