Haïti, la guerre des mondes
Après la victoire aux derniéres élections présidentielles du 7 février 2004, René Préval a officiellement entré en fonction dimanche 14 mai 2006 devant un parterre de personnalités du monde entier. La tâche qui lui incombe sera plus qu’importante, et il devra faire face à un certain nombre d’enjeux, dont, en priorité, la paix.
“Si nous ne parlons pas, alors nous ne ferons que nous battre et il n’y aura pas de paix.” Tel pourrait être en résumé le message du nouveau président René Préval, adressé dimanche 14 Mai à ses concitoyens, lors de la cérémonie d’assermentation. Élu depuis le mois de février, cet ancien président (1996-2001) retourne au moulin avec cette fois un challenge beaucoup plus important. Depuis le départ forcé de Jean-Bertrand Aristide en février 2004 (en Afrique du Sud), le pays est tombé dans la pire des situations chaotiques. Guerres de tranchées entre pro- et anti-Aristide, rebelles, crimes organisés, petits voyous de toutes sortes, violences urbaines, insécurité chronique et famine presque généralisée sont aujourd’hui les caractéristiques du pays de Toussaint Louverture.
René Préval aura donc fort à faire dans un pays miné par une situation intérieure explosive sur tous les plans. Avec une dette extérieure de plus de 1000 milliards de dollars, Préval compte énormément sur la paix comme tremplin pour une nouvelle ère prospère. Même avec la meilleure volonté, il sait qu’il ne le pourra faire cela tout seul. C’est pourquoi il a exhorté le peuple à faire fi de petites querelles claniques, et compte mettre, grâce à un gouvernement d’union nationale, tous les moyens pour y arriver. Son premier vrai test sera de convaincre les nombreux partisans d’Aristide, qui ont voté pour lui en masse, qu’il est capable de gérer les affaires sans son ancien mentor, mais aussi de convaincre Washington qu’Aristide ne remettra pas les pieds de si tôt à Port-au-Prince.
Il aura besoin de la force multinationale de l’ONU, mal vue en Haïti, pour maintenir l’équilibre fragile de ces deux derniers mois, même s’il souhaite que les intervenants troquent leurs chars d’assaut usuels pour des tracteurs et des bulldozers. Finalement, il aura besoin d’une grosse aide extérieure, et c’est la raison pour laquelle il vient de faire le tour de plusieurs capitales du monde : Washington, Ottawa, Caracas, La Havane, Buenos Aires, Santiago et finalement, Saint-Domingue. Dans la dernière, il fallait renouer le dialogue, car la République dominicaine, qui est le seul voisin sur l’île d’Haïti, est confrontée à un important flux migratoire. Quand on pense qu’il s’agit d’une même entité et d’un même peuple, qui a été divisé à un moment donné de l’histoire, et qu’aujourd’hui bon nombre d’Haïtiens immigrent, on se dit que ça va vraiment très mal.
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