HAÏTI : Probable remaniement ministériel
Une fois n’est pas coutume le séisme qui a meurtri Haïti n’a pas seulement touché les populations mais a également englouti l’ensemble de son gouvernement.
C’est à chaque fois une curiosité. Les précédents historiques où un appareil d’Etat se retrouve soudainement anéanti sans crier gare sont relativement rares. Dans le cas de Haïti la catastrophe globale relève pourtant de la singularité.
C’était mieux avant
En 2001 et 2003 les invasions de l’Irak et de l’Afghanistan par l’US Army ont été organisées dans le cadre feutré de plans concertés et savamment agencés. Ces "blitzkrieg" anticipaient non seulement le renversement des pouvoirs locaux, mais prévoyaient, également, leur remplacement méthodique par une administration d’occupation. Tout était ficelé à l’avance, sauf peut-être "les immenses succès" que nous connaissons aujourd’hui.
De façon plus pacifique, mais non moins ordonnée, l’administration stalinienne de RDA a finalement accepté en 1989 d’être docilement phagocytée par celle de la République Fédérale Allemande. Quelques décennies avant cette date mémorable les Alliés s’empressèrent, avec moins de manières, à dénazifier le régime du chancelier Adolf Hitler tout en assurant une fois de plus l’intendance et les affaires courantes.
Pour remonter plus loin encore, juste après la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, c’est l’Eglise, via ses évêchés, qui prit le relais de Rome pour assurer - sommairement - un minimum d’organisation dans une Europe de l’ouest légèrement envahie par les barbares Francs et Wisigoths. Jusqu’au baptême d’un certain Clovis.
Ils n’ont même pas prévenu la CIA !
Le cas de Haïti est, lui, singulier. A la suite du séisme qui a soudainement frappé l’île, l’Etat et son appareil administratif y ont été proprement décapités, engloutis, écrabouillés avec ses malheureuses populations. Et le tout sans même prévenir le quartier général de la CIA à Langley, en Virginie. Un comble.
C’est donc sans crier gare que le Palais présidentiel et la totalité des ministères sont partis en fumée en compagnie des services publics et de leurs infrastructures matérielles et humaines. Pour un pays hyper-centralisé, héritier du modèle Napoléonien et de son organisation préfectorale verticale, cette catastrophe était pour le moins malvenue. Et même si le fantasque président haïtien René Préval en est sorti vivant, le voilà aujourd’hui bien seul. Régnant littéralement sur un tas de ruines. Son intervention tragicomique hier soir sur CNN, pendu à un téléphone satellitaire fourni par un rescapé de l’ambassade de France, valait tous les aveux d’impuissance du monde : "Je n’étais pas à l’intérieur du bâtiment au moment du séisme mais maintenant je ne sais pas où passer la nuit". Une question que ne se poseront plus plusieurs centaines d’élus du corps législatif, dont le président du Sénat, qui seraient toujours emprisonnés sous les décombres dudit palais présidentiel.
Un remaniement ministériel s’impose à Haïti
Plus bas dans la hiérarchie, et parmi les plus illustres victimes, se trouveraient également une grande partie des membres du gouvernement haïtien. Selon le Wall Street Journal, le ministre de la Justice Paul Denis est considéré comme mort, enseveli sous son ministère avec les membres de son cabinet. Même sort funeste pour le ministre du tourisme Patrick Delatour, selon Libération, et Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, ministre de la culture, d’après des témoignages diffusés jeudi sur France Inter. Le ministre de l’Economie et des Finances, Ronald Baudin, et son collègue de l’Intérieur n’ont pas donné signe de vie depuis le 12 janvier, date du séisme. Même les alertes google-news portés sur leurs noms dans les zones Caraïbes et Amérique du nord ne donnent rien depuis trois jours.
Pire, au bas de l’échelle étatique le chef des pompiers de Port-au-Prince a été retrouvé en bouillie par les proches de victimes venus... lui demander son aide. Le nouveau responsable de la police est un jeune lieutenant qui a pris le commandement de sa propre initiative... parce qu’il était le plus haut gradé encore vivant.
L’effondrement de la mission de l’ONU à Port-au-Prince, présente pour pallier aux insuffisances des autorités locales, n’arrange rien à l’affaire. "Le bâtiment des Nations Unies est rasé. Il y a sans aucun doute beaucoup de victimes. L’état major et notre représentant sont décédés", a déclaré la porte-parole de la mission.
Plus de gouvernement, plus d’Etat, plus d’administration, plus de police, pas d’alternative crédible sur place et les "humanistes" chinois qui envoient une flotille de secouristes pour "assister le peuple de Haïti". On comprend l’empressement de Barack Obama à envoyer plusieurs milliers de Marines à quelques centaines de kilomètres des côtes de Floride. Un remaniement s’impose et on imagine qui donnera les instructions. Sacré Barack.
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