Hausse des taxes, interdiction des fêtes du Nouvel An : le Hamas mécontente les Gazaouis
Alors que le Hamas, qui dirige Gaza depuis 2007, vient de procéder à une hausse des taxes, le mécontentement se fait sentir parmi les habitants, qui ont également mal réagi à l'interdiction des fêtes du Nouvel An pour des raisons religieuses.
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Le 14 décembre dernier, Mahmoud Abbas a procédé à un petit remaniement ministériel ; Ziad al-Zaza, haut dirigeant du Hamas à Gaza, ancien ministre des Finances avait alors dénoncé un « pas qui s'éloigne très loin du consensus national et de la réconciliation palestinienne » et affirmé que le Hamas ne reconnaîtrait pas les nouveaux ministres. Or al-Zaza, principal orchestrateur de la politique d’augmentation des taxes, a adopté dans l’urgence des levées de nouvelles taxes destinées à faciliter le financement de services publics. Pourtant, il se défend d’avoir accru la pression fiscale : « Le problème, c'est que le gouvernement mis en place par Ramallah ne fait pas son travail au service des habitants de Gaza et qu'il refuse de payer les fonctionnaires en charge du maintien de l'ordre et la sécurité. À leur demande, nous avons donc dû nous résoudre à améliorer la collecte des taxes, en particulier sur les marchandises qui arrivent d'Israël. Il ne s'agit pas vraiment de nouveaux impôts mais plutôt d'un effort pour mieux estimer la valeur des produits importés ainsi que pour lutter contre la fraude. » Les commerçants ne voient pas d’un bon œil cette « amélioration » de la collecte des taxes et déplorent l’écrasement fiscal, dans une économie anémiée par le blocus israélien qui court depuis 2007. « Ces taxes, qui seraient sans doute indolores si l'économie de Gaza fonctionnait normalement, constituent désormais un fardeau insoutenable par la majorité des citoyens. » estime un commerçant qui témoigne dans Le Figaro.
Après le renversement de Mohamed Morsi par l’armée égyptienne le 3 juillet 2013, un certain nombre de mesures furent prises par le régime du général al-Sissi, témoignant d’une volonté accrue d’affaiblir, voire renverser le pouvoir en place à Gaza. Presque tous les tunnels de contrebande qui reliaient le territoire palestinien à l’Égypte furent détruits à l’été 2013, le point de passage de Rafah fut été fermé les dirigeants du Hamas, interdits de déplacement. De cette façon, le régime d’al-Sissi entendait favoriser les concurrents du Hamas en asphyxiant économiquement la population gazaouie qui se retournerait contre leurs dirigeants.
Le Hamas apparaît plus que jamais divisé entre ceux qui accordent une importance fondamentale à la lutte armée conçue comme une valeur absolue, et ceux qui estiment que la résistance s'apparente à « une utopie consciente d'en être une » (Abdallah Laraoui).
Interdiction des fêtes du Nouvel An à Gaza
A Gaza, le Hamas avait invoqué le 30 décembre 2015 l’offense faite aux « valeurs et traditions religieuses » pour interdire les fêtes du Nouvel An dans les lieux publics. La police a reçu l’autorisation de mettre fin à toute fête qui ne serait pas autorisée. Les années passées, les lieux publics comme les hôtels, les cafés ou les restaurants pouvaient organiser des événements festifs à l’occasion du Nouvel An, ce qui indique un raidissement des positions du mouvement islamiste à l’issue des violences (attaques au couteau, tirs de Tsahal contre les assaillants) qui se sont produites ces derniers mois à Jérusalem et en Cisjordanie.
Sur le Web, les réactions ne se sont pas fait attendre : « Le Hamas, c’est Daech », « Super, maintenant la Palestine va être libérée » peut-on lire ici et là sur Facebook ou Twitter. « Pourquoi le gouvernement de Gaza désapprouve-t-il les célébrations du Nouvel An cette année ? Pourquoi désapprouve-t-il les fêtes mais approuve-t-il la guerre ? » écrit un utilisateur de Facebook qui se présente lui-même comme un Palestinien de Gaza. Le militant pour les droits de l’Homme Mustafa Ibrahim dénonce l’hypocrisie du Hamas et le mépris pour les souhaits des résidents gazaouis : « Le Hamas nous réserve une nouvelle surprise par jour, et à la fin de l’année, il ajoute encore à son mauvais bilan en matière de droits de l’Homme. Il cherche tout ce qu’il peut pour nous nuire, s’accroche à ses traditions et son héritage qu’il essaie de nous imposer ; au nom de la religion, il attaque les libertés publiques. »
Samedi 2 janvier en début de matinée, l’aviation israélienne a mené plusieurs raids contre le Hamas sur la bande de Gaza, peu après que deux roquettes ont été tirées en direction du sud d’Israël, vendredi 1er janvier, dans la soirée. Les roquettes n’ont fait ni victimes, ni dégâts, selon des sources militaires. Les bombardements israéliens n’ont fait aucune victime, mais provoqué des dégâts sur quatre sites. Un communiqué de l’armée israélienne qui rend le Hamas « responsable de toutes les attaques venant de la bande de Gaza » a précisé que l’ « aviation a visé deux sites d'entraînement militaire du Hamas et deux sites militaires dans la bande de Gaza ».
- Ziad al-Zaza
A lire également :
http://www.huffingtonpost.fr/leila-seurat/analyse-hamas-palestine_b_6652508.html
Ainsi que l’excellente étude de Leïla Seurat publiée aux éditions du CNRS : Le Hamas et le monde http://www.cnrseditions.fr/histoire-contemporaine/7169-le-hamas-et-le-monde.html
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