Le débat programmé hier soir n'a sans doute pas permis de bouleverser la hiérarchie, déjà très clairement établie en faveur de l'ex sénatrice de New York, qui bénéficie désormais de près de 60% des intentions de votes démocrates, contre seulement 34% pour Bernie Sanders et moins de 5% pour Martin O'Malley, le maire de Baltimore, troisième et dernier candidat encore en lice. Oratrice hors pair, Hillary parvient à déjouer tous les pièges présentées à elle, notamment après l'affaire Benghazi, qui ne lui a au final quasiment coûté qu'une légère baisse dans les sondages, vite récupérés par l'agacement des électeurs envers les manières radicales de Bernie Saunders, qui aborde trop souvent des idéaux que l'on pourrait juger de néo marxistes, incompatibles avec la politique néo libérale américaine.
Impliqué en plus dans une affaire d'espionnage depuis quelques jours, où un membre de son parti est accusé d'avoir pénétré des documents confidentiels appartenant à Hillary Clinton, Sanders à tenu à présenter ses excuses à l'ex First Lady, ouvrant ainsi le débat dans un climat beaucoup plus propice à la discussion que celui du Grand Old Party Mercredi soir, où l'affrontement entre Trump et ses adversaires fut beaucoup plus engagé.
Le ton pris par Sanders et O'Malley envers l'ex First Lady hier soir aura été assez dénué d'enthousiasme, même si il faut reconnaître au sénateur du Vermont ses attaques ciblés mais répétitives envers Clinton.
"Je crains que la secrétaire Clinton soit trop favorable aux politiques de changement de régime et trop agressive, sans penser aux conséquences souvent imprévisibles. "
Ici, Saunders fait référence - pour la énième fois dans cette course à l'investiture - au vote favorable accordé par Hillary à une intervention militaire en Irak en 2002, qui lui a depuis été très reproché et utilisé contre elle, afin de décrédibiliser sa politique étrangère. Saunders tente ainsi de montrer son désaccord d'un changement de régime en Syrie, souhaité depuis longtemps par l'ancienne secrétaire d'état, qui affirme se concentrer autant sur l'état Islamique que sur le sort d'Assad. Le sénateur du Vermont ne crit pas beaucoup aux transitions politiques au moyen Orient, prenant exemple du cas Saddam Hussein où Muhhamar Kadhafi, dont les deux pays sont aujourd'hui dans une claire impasse politique.
"Ce n'est pas Assad qui attaque notre pays, c'est l'état Islamique."
De manière très habile et comme depuis le début de la présidentielle, Clinton a tenu à démontrer sa volonté d'une politique étrangère américaine plus agressive, qui proposerait ainsi selon elle une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Syrie et un changement rapide de gouvernement. L'accord signé hier par l'Onu devrait ainsi aider à justifier et à crédibiliser les propositions de l'ex First Lady, qui a tout de même montré par le passé sa capacité à faire face et à régler des conflits étrangers lorsqu’elle était secrétaire d'état, notamment en Israël ou en Libye. Hillary a également énoncé lors de ce débat les bienfaits qu'apporterait une transition en Syrie sur les migrations internationales, qui se verraient diminués de manière radicale si la guerre venait effectivement à se restreindre en Syrie. Saunders préfère lui prôner le repli sur soi en affirmant que les États Unis ne pourront pas être éternellement les « policiers du monde » et laisser les pays arabes s'occuper de combattre Daech, qui n'est pas pour lui la priorité il faut le rappeler.
L'ancien sénateur du Vermont a également peiné à exprimer clairement les grandes lignes de sa politique économique, qui se cantonne depuis le début de son entrée en course par une ligne « radicale » qui vise uniquement à attaquer Wall Street, accompagné également d'une hausse du salaire minimum- ce qui sans aucun doute est la principale raison de sa position élevé jusqu'ici dans les sondages-. Hillary Clinton a tenu elle à tenir une ligne neutre, informant qu'elle ne favoriserait en aucun cas les entrepreneurs de Wall Street -notamment pour mettre fin aux allégations qui pèsent sur le financement de sa campagne- mais ne contribuerait pas non plus les « détruire », comme compte le faire Sanders. Quand le sénateur de Vermont affirme que « les Patrons des multinationales aimeront Hillary mais ne m'aimeront pas », celle ci répond d'un cinglant « Ils seront obligés de m'aimer", continuant ainsi sa prospection de soutiens, qui semblent désormais émaner de presque toutes les classes sociales.
La classe moyenne également, à laquelle Hillary a récemment promis une non augmentation des impôts pronés devrait plus adhérer en sa faveur, plutôt qu'à un Sanders aux idées radicales révolutionnaires qui semblent très proches parfois du communisme, mais très éloignés des attentes de l'électorat américain, que Sanders parvient uniquement à séduire du côté des minorités et des classes populaires.
Annoncé longtemps gagnant dans l'Iowa, qui sera le premier état à se prononcer en Février prochain, Sauders a semble t-il perdu de nombreux soutiens dans cet état clé, qui devrait largement revenir à Clinton selon les derniers sondages. L'ex secrétaire d'état a compris la leçon de la campagne présidentielle de 2008, lorsque elle avait ,sure de sa victoire , délaissée l'Iowa à Barack Obama, qui l'avait finalement devancé en accumulant les soutiens. Prospectant sur tous les domaines, Hillary tente de se frayer un chemin sûr dans cette campagne afin de pouvoir au plus vite s'assurer le droit de concourir pour la maison blanche, ce qui pour le moment semble fonctionner à merveille.
En plus de présenter un discours politique concret et en adéquation avec les attentes de tous les Américains, Hillary a donc la chance de se retrouver dans un contexte ultra favorable cette année, où lui font face seulement deux adversaires, dont un (O'Malley) qui ne semble pas s'investir totalement dans la lutte pour l'élection finale. L'agressivité de Bernie Saunders envers le capitalisme et le milieu boursier apparentés à sa politique jugée « Gauchiste » joue également en faveur de Clinton, qui est clairement souhaité pour concourir au sein de son parti et ainsi succéder à Barack Obama. Le léger flux de débats organisés par le parti démocrate joue également en sa faveur, tandis que l'affaire d'espionnage dont a été victime Saunders a largement été reprise par la direction du parti Démocrate, qui a interdit l'équipe du candidat d'accéder à certaines données d'électeurs.
Hillary en est bien conscient et prépare déjà aujourd'hui le sprint final de son marathon qui doit l'amener sur le parvis du Capitole en Janvier 2017.
Ses prises de position « anti Trump » hier soir lors du débat ont ainsi été parfaitement orchestré à des fins de lutte anti terroriste.
« Je suis inquiète que le discours des républicains, surtout de Donald Trump , envoie le message aux musulmans aux Etats-Unis et dans le monde entier d' un choc des civilisations, et l'idée d'un complot occidental ou de guerre contre l’islam, qui je pense, attisent les flammes de la radicalisation »
On peut assez facilement être en accord avec cette supposition, qui pourrait également contribuer l'électorat Républicain à se tourner envers Hillary Clinton en cas de désignation de Mr Trump, toujours largement en tête des sondages.
Lors de sa récente visite dans le Minnesota, elle a tenu à exposer concrètement son plan de lutte contre Daech, qui sembled'une part beaucoup plus concret que celui proposé par les Trump, Cruz et consorts, mais également que celui jugé trop défensif du gouvernement Obama.
Tour en restant dans la ligne de son prédécesseur, dont elle essaye seulement d'améliorer la politique étrangère, Mme Clinton a ainsi appelée en premier lieu à combattre la libre circulation des armes plutôt que l'immigration (même si celle ci doit être contrôlé selon elle) comme le suggère Donald Trump, tout en appelant les grandes entreprises de technologies (Facebook, Twitter…) à aider pleinement le gouvernement américain dans sa lutte contre le terrorisme. La limitation de recrutement par l'état Islamique est également une priorité pou Hillary, qui estime ainsi « stupide » d'imaginer une intervention au sol américaine ce qui ne contribuerait qu'a provoquer un afflux de partisans pour l'EI. L'ancienne secrétaire d'état a appelé néanmoins à la nécessité de vaincre l'état Islamique
« Nous vaincrons ces nouveaux ennemis comme nous avons vaincu ceux qui nous avaient menacés par le passé, car ce que nous faisons actuellement n’est pas suffisant . Nous devons non seulement contenir mais également vaincre l'EI en briser son élan et ses arrières »
Un combat qui devrait s'appuyer selon toute vraisemblance avec les pays du golfe, où Hillary Clinton et les États Unis ont tenté et parfois réussi à nouer de véritables politique d'apaisement comme en Iran où en Afghanistan, ce qui pourrait leur permettre aujourd'hui d'envisager une coalition Arabe, qui semble prendre peu à peur forme, comme l’énonce l'appel récent de l'Iran et le récent accord entre les pays du Golfe pour créer une coalition anti-EI, ce qui devrait tout de même prendre un peu de temps.
Sans être parfaite, Hillary Clinton semble prête à prendre le contrôle de la maison blanche, notamment grâce l’expérience de ses erreurs passées, qu'elle ne répète quasiment plus comme l'atteste sa magistrale gestion des « fausses affaires » des mails privés et de « Benghazi », qui n'ont que contribué à confirmer sa formidable expérience politique, laquelle pourrait bien faire d'elle la première femme présidente des États Unis en Novembre prochain….