Hispaniola survit un an après
Dans l’attente des résultats définitifs du 1er tour des élections présidentielles et à l’approche du Carnaval haïtien en février 2011, qu’en est-il véritablement des projets de reconstruction énoncés en janvier 2010 ? Le choléra rode toujours, mais l’envie règne en Haïti. Un pays à la richesse dissimulée sous une pauvreté plus confortable pour le Monde.
Fini le temps du spectaculaire des corps brisés sous les amas de pierre, de l’odeur étouffante et putride dans les rues de Port-au-Prince. L’heure est à la reconstruction. Non de l’âme, il faudra bien des années encore, mais de la capitale. Le 11 janvier 2011, le célèbre marché Hyppolite de Port-au-Prince a connu sa résurrection, soit un an après le passage du séisme.
D’où vient l’initiative ? D’un homme, un irlandais, Denis O’Brien, directeur de Digicel (société de téléphonie cellulaire). Avec ses collaborateurs et l’aide de George Howard, le directeur du chantier, Georges Corvington, un historien local et Daniel Elie, directeur de l’ISPAN (Institut de sauvegarde du patrimoine national), le milliardaire a voulu redonner à la capitale d’Haïti sa richesse économique, autrefois pillée par les colons et affaiblie par les catastrophes naturelles successives de ces dernières années.
Construit en 1889 et racheté par le président haïtien de l’époque Florvil Hippolyte (1889- 1896), le « marché de fer » était avant l’incendie qui a ravagé la partie nord du bâtiment en 2008 et le séisme de 2010, le cœur de l’économie haïtienne. Le point de rencontre des habitants, des commerçants locaux et étrangers. Aujourd’hui cette inauguration est une lueur d’espoir pour le peuple haïtien de Port-au-Prince, le début d’un renouveau dans le pays.
Vidéo de l’inauguration du marché Hyppolite :
Comment a-t-il été reconstruit ?
Soucieux de respecter la construction initiale du marché Hyppolite, Denis O’Brien et son équipe ont d’abord étudié les anciens plans de la capitale haïtienne avant d’entreprendre toute action. Au début des travaux le 22 février 2010, la première étape a consisté à reconstruire la halle nord avec des pièces métalliques et la halle sud en copie conforme de l’originale, avec les mêmes matériaux qui ont servis à restaurer la partie nord par souci d’homogénéité. Cette rigueur s’inscrit dans le cadre de l’article 12 de la Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites de 1964, stipulant que « les éléments destinés à remplacer les parties manquantes doivent s'intégrer harmonieusement à l'ensemble, tout en se distinguant des parties originales, afin que la restauration ne falsifie pas le document d'art et d'histoire ». Le 11 mai 2010 le marché Hyppolite a d’ailleurs été classé monument historique. D’après Daniel Elie, ce dernier sera à l’avenir géré par la mairie de Port-au-Prince, en charge de répertorier les marchands et leurs places réservées, tout en respectant les normes d’hygiène.
Il faudra bien des années pour que Port-au-Prince retrouve son attractivité et sa célèbre place du Champs de mars, sa fraîcheur. Une fois qu’un nouveau chef d’Etat digne de ce nom reprendra la tête d’Haïti, après la fin du mandat de l’actuel président René Préval le 7 février 2011 et que des mesures pour améliorer les conditions du pays feront enfin partie des priorités de celui-ci. Pour le reste, Haïti se passerait bien des illusions des têtes déchues du pouvoir. Ce n’est pas de la pitié que le peuple haïtien a besoin mais de la compassion, pas de la charité mais de l’entraide, pas des préjugés mais de la compréhension. Encore faudrait-il que les minorités puissent éveiller la conscience de la majorité.
Ici et ailleurs, il y a tant à faire quand on veut bien s’y donner la peine. Tant de gouttes à ajouter à ce vaste océan…
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