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Accueil du site > Actualités > International > Il n’y aura pas de guerre civile en Égypte

Il n’y aura pas de guerre civile en Égypte

C'est par ces mots que Georges Corm concluait un entretien avec Farid Allouache à Beyrouth, le 24 juillet. (*)

Non sans avoir précisé qu'il pourrait y avoir de la violence en Égypte, mais point de guerre civile ouverte.

Dans la révolution en marche, qui n'a plus rien à voir avec le Printemps arabe qui faisait les délices des médias occidentaux, le peuple égyptien a besoin d’une solidarité active 
et non de sombres spéculations favorisant, in fine, l’obscurantisme.

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Portrait de Gamal Abdel Nasser
http://www.google.fr/imgres?q=gamal+abdel+nasser&um=1&sa=N&hl=fr&rlz=1T4ACEW_frFR371FR372&biw=1024&bih=372&tbm=isch&tbnid=QcQoxBlBrjjfeM :&imgrefurl=http://www.stars-portraits.com/en/portrait-16951.html&docid=B6fe_La0N-5ZAM&imgurl=http://www.stars-portraits.com/img/portraits/stars/g/gamal-abdel-nasser/gamal-abdel-nasser-by-Kozman%255B16951%255D.jpg&w=368&h=550&ei=ePAQUunjA8Kw0AXwwYHADA&zoom=1&iact=hc&vpx=701&vpy=-39&dur=2234&hovh=275&hovw=184&tx=78&ty=134&page=3&tbnh=155&tbnw=105&start=26&ndsp=21&ved=1t:429,r:45,s:0,i:228

Il y en a un qui se laisse oublier dans les évènements sanglants actuels : le peuple. Et c'est très bien pour lui. Et s'il y a une leçon à tirer des péripéties qui retournent l' Égypte c'est bien celle, très ancienne, que les mouvements de fond se laissent difficilement prévoir

Avant la chute de Moubarak, les Frères musulmans et l'armée marchaient de concert.
Les premiers laissaient l’armée disposer des principaux leviers économiques en partenariat avec les investisseurs  étrangers, occidentaux en tête. 
Pendant que les intégristes avaient largement le champ libre pour faire main basse sur l’aide sociale, étendant un réseau de proximité qui avait le double avantage pour les militaires d’éviter l’émergence 
d’une opposition politique et laïque au pouvoir en place.

L'équilibre a été rompu par l'intervention massive du peuple en janvier 2011, ce qui a provoqué la mise hors jeu de Moubarak, temporairement la mise sur la touche de l'armée, et corrélativement l'élection d'un Morsi peu représentatif, 20% du corps électoral.

Au pouvoir, les Frères musulmans jetaient bas le masque et engageaient le pays dans la voie d’un glissement autoritaire vers l’instauration d’un État islamique. Cependant qu'aucune des raisons, sociales et économiques, qui avaient poussé le peuple à agir en 2011 ne trouvaient de solution.

Dans ces conditions, le mouvement Rébellion (Tamarroud) se voyait soutenu dans son ultimatum lancé à Morsi fin juin par les 22 millions de signataires de sa pétition, par les énormes manifestations du 30 juin et au bout du compte relayé, mais pour d'autres motifs, par les militaires qui destituaient Morsi le 3 juillet.

L’irruption 
de l’armée pour mettre un terme à l'établissement d'un régime islamique et anti-populaire a été vécue par la population comme un soulagement et une réponse provisoire à cet appel populaire et massif. D'autre part le soutien des principaux chefs religieux musulmans et coptes du Caire a participé à sa légitimation, tout comme la mise en place d’un gouvernement civil et la promesse d’élections d’ici à 2014.


En résumé.

Pendant très longtemps l'armée aux commandes et les Frères en arrière-plan ont vécu dans une coexistence pacifique pour dévoyer et étouffer les aspirations des masses.

Puis renversement des rôles, avec des Frères qui ne parviennent pas en un si bref délai (2 ans) à noyauter la troupe pour paralyser l'action de dirigeants militaires qui sentaient le vent venir.

Enfin, mais ce n'est pas fini, nouveau retournement et répression sanglante du mouvement islamiste qui n'a pas su, ayant accédé au pouvoir et s'étant révélé pour ce qu'il était : extrémiste, temporiser pour reprendre son travail de sape.

Cependant que se formait une coalition qui représente massivement la classe moyenne, les syndicats ouvriers et toutes les forces de la société civile à tendance laïque.

S'il ne s'agit pas ici d'idéaliser l'homogénéité de cette coalition sur le plan politique : il y a dans Tamarroud des sensibilités très différentes, des libéraux et néo-libéraux, des nationalistes nassériens, et des tendances socialisantes en économie représentées par des groupes révolutionnaires minoritaires, il n'en demeure pas moins que l'avenir de la révolution dépend pour une large part du maintien de sa cohésion.

Sans oublier le rôle qu'a joué dans cette histoire le FMI dont les dogmes ont alimenté les révoltes de la faim, sans oublier non plus l'hostilité profonde des Égyptiens à l'égard de la politique israélo-américaine, ce que l'on observe c'est que des deux anciens complices dans le maintien de l'ordre oppressif, l'un est en train d'étriper l'autre, sous le regard des Occidentaux qui ne savent plus très bien comment garder un semblant de main sur l’Égypte.

Toutes les révolutions ne sont pas victorieuses, mais s'il y en a une qui mérite d'aller heureusement à son terme et de reprendre la ligne inaugurée pour l'ensemble des pays arabes par Gamal Abdel Nasser, c'est bien celle de l'Égypte d'aujourd'hui.

(*) http://www.legrandsoir.info/georges-corm-ancien-ministre-libanais-des-finances-et-specialiste-du-proche-orient-il-pourrait-y-avoir-de-la-violence-en-egypte.html

 


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5 réactions à cet article    


  • Christian Labrune Christian Labrune 19 août 2013 15:27

    Dwaabala
    Je lis des articles où on nous explique comment les puissances occidentales, tout en dénonçant les violences en Egypte, celles de l’armée surtout, les autres étant pudiquement passées sous silence, auraient organisé la troisième phase de la révolution égyptienne. Bref, le conspiranionnisme se porte bien.
    Vous vous en tenez à la suite des événements, vous avez raison, et je pense comme vous qu’il faut faire confiance au peuple Egyptien, infiniment plus libre que manipulé. Cette thèse si récurrente de la manipulation est pour moi le dernier avatar de la pensée colonialiste, posant qu’en dépit de tout l’occident reste le moteur de l’histoire.
    Je ne partage pas trop votre admiration pour Nasser, qui fut tout de même un abominable tyran, et assez mal inspiré dans ses dernières années, mais quand je vois nos démocraties prendre objectivement fait et cause pour un fanatisme islamiste qui constitue pour elles aussi une très préoccupante menace, je suis écoeuré.


    • ottomatic 19 août 2013 16:16

      L’armée égyptienne formée et armé par les USA... c’est un fait... et c’est sans doute par pure bonté de la part des USA... LOL.


    • Dwaabala Dwaabala 19 août 2013 22:34

      Christian Labrune,
      merci de votre attention.
      Elle a d’autant plus de mérite que traiter le même sujet sur un autre mode suscite visiblement un intérêt et des commentaires soutenus.


    • Croa Croa 20 août 2013 08:17

      Justement c’est ça l’erreur : croire que la guerre civile n’est pas possible !  La situation échappe partiellement à l’oligarchie occidentale (en partie grâce au peuple égyptien !) donc ce sera le chaos car semer la merde reste un truc facile smiley


      • Dwaabala Dwaabala 20 août 2013 10:02

        Personne ne dit qu’une guerre civile en Égypte n’est pas possible.
        Comme le consensus médiatique présente les faits au populaire comme si c’était déjà la guerre civile, il faut remettre les pendules à l’heure.
        Il y aurait guerre civile si une fraction de la majorité silencieuse actuelle affrontait l’autre par la violence des armes, ce qui est loin d’être acquis pour les boutefeux occidentaux.

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