Il y a bien une offensive générale dans le Donbass : une offensive de désinformation massive ou le mythe de la « Gross » Offensive !
Ré-information, désinformation, propagande, contre-propagande, voilà quatre concepts qui régissent la plupart des publications se référant à la guerre civile ukrainienne. Cette promiscuité avec le mensonge, est d'autant plus irritante que l'on est aux faits des réalités géopolitiques locales. Quelle est la situation actuelle ? Comment peut-elle évoluer ? Pourquoi les faits réels ont-ils autant de mal à transparaître ? Voilà trois questions auxquelles cet article se propose de répondre.
Malgré l'argument d'autorité :"je suis sur place donc la mieux placée" ; pour tenter d'analyser, de comprendre la situation, il faut savoir prendre de la hauteur et s'affranchir de la propagande propre à tout État en guerre.
Pour appréhender la réalité du spectacle de marionnettes macabres qui se joue à l'est de l'Ukraine, il faut remonter les fils jusqu'aux marionnettistes. Ainsi, le regard se porte en premier lieu sur Kiev. Pour n'importe quel observateur qui veut bien s'en donner la peine, une des clefs de compréhension est celle que citait déjà Cicéron deux siècles avant notre ère : « Pecunia est nervus belli ». L'argent est le nerf de la guerre et le principal moteur de la junte de Kiev.
Cette simple observation permet de tirer des prédictions aussi simples que solides. Ainsi, il y a plus d'un an j'écrivais que Kiev n'avait pas les moyens, ni d'intérêts économiques à la réintégration du Donbass ce qui excluait toutes offensives majeures. Ceci s'est vérifié malgré les annonces propagandistes d'offensives jamais réalisées pour l'hiver 2016-2017, le printemps 2017 et l'hiver 2017-2018.
Quelle est la situation économique actuelle en Ukraine ?
Elle ne s'est pas améliorée bien au contraire. Ce qui a eu pour effet de bloquer les prêts du FMI, obligeant Kiev à se tourner vers l'Europe pour obtenir les milliards lui permettant de surnager. Mis en place en mars 2015, le plan d'aide du Fond Monétaire International devait atteindre en 2019, 17 milliards de dollars or, à ce jour seulement 8,38 milliards ont été alloués à l'Ukraine. Il y a donc un retard de versement de plus de 4 milliards et au train ou vont les choses, l'Ukraine a peu de chance de toucher l'intégralité des tranches prévues pour 2018. A ce jour, Kiev attend depuis plus d'un an le versement de 1,9 milliards.
Mais l'Europe est moins permissive sur les violations des accords de Minsk que le trop américain FMI. Ceci pour la bonne raison que dans l'EU la culotte est portée par l’Allemagne et que cette dernière a beaucoup d'intérêts économiques en Ukraine (1850 entreprises allemandes contre 160 françaises). Ce point avait déjà joué lors de l'adoption des sanctions contre la Russie en 2014. La situation en Ukraine se dégrade tellement vite, la junte de Kiev apparaissant de plus en plus comme un partenaire peu fiable que cela met en péril les intérêts économiques allemands au même titre que les sanctions contre la Russie. La présence du SPD au sein du cinquième gouvernement Merkel, dont Heiko Maas occupe la place de Ministre Fédéral des Affaires Étrangères ne fait que renforcer ce point. C'est pour cela que dés sa réélection début mars, Angela Merkel tenta de prendre contact avec le Kremlin pour relancer les accords de Minsk. Cette tentative fut reportée pour cause d'élection russe.
Les déboires économiques de Kiev, se sont faits ressentir sur le terrain dès cet hiver. Durant les 12 derniers mois les violations du cessez-le-feu ont été divisées par 10. Le premier trimestre 2018, pour lequel on nous avait promis tant d'offensives et de morts fut le plus calme depuis 4 ans. Il y a un an, la troisième semaine de mars avait connu 529 violations du cessez-le-feu et vu tirer 5829 munitions interdites. Pour la même période en 2018, il y a eu 12 violations et le tir de 76 munitions interdites soit 77 fois moins. Malgré cela, les publications qui nous sont quotidiennement offertes à la lecture n'ont jamais autant crié à la Blitz Krieg, creusant de plus en plus chaque jour le fossé entre la réalité et cette soit-disant ré-information.
Pourquoi alors tant jouer les Cassandre en annonçant depuis deux ans des événements dramatiques qui n'arrivent jamais ? Car ce qui pour certains est de la ré-information n'est que de la contre propagande voir de la propagande. La DNR est un "état" en guerre et dans tous les états en guerre la propagande remplace la vérité. Ces annonces perpétuelles d'offensives fictives qui font ressembler de plus en plus Donetsk au Fort Bastiani du "désert des Tatares" de Dino Buzzati, ne sont pas le fruit des délires de journalistes, mais les propos des instances officielles de Donetsk. Cet état né de la guerre civile ne perdure que grâce à cette dernière et est voué à disparaître avec l'application des accords de Minsk. Alors, le mirage d'une guerre perpétuelle est entretenue par le biais de ces annonces d'offensives. Être sur place n'apporte donc rien à la compréhension de la guerre civile ukrainienne bien au contraire. Être sur place fait de vous une victime de la propagande acteur du drame, sacrifiant chaque jour votre objectivité à la causse de la sécession.
Contrairement à ce que des auteurs mal-intentionnés laissent penser, les accords de Minsk ne sont pas morts et sont bel est bien applicables.
Malgré les on-dit, la population locale n'est pas opposée à ces derniers, car le nombre de victimes, tout comme le nombre de violations du cessez-le-feu ont connu une baisse très importante ces 12 derniers mois.
La zone de dangerosité, réellement impactée par la guerre représente moins de 5 % du territoire de la DNR et n'implique directement que 1 à 2% de la population.
- Carte de la zone de dangerosité en DNR représentée en orange (zone réellement impliquée par la guerre). État des lieux en fin 2016. A ce jour la zone a encore diminué.
Actuellement, l'application de plus en plus respectée des cessez-le-feu, fait que la guerre n'est plus un facteur assez clivant pour faire naître chez les ukrainiens de l'est, un processus irrémédiable de sécession.
Ceci est en partie montré par le très faible nombre de passeports de la DNR distribués. Depuis sa création, le 16 mars 2016 seulement 170.000 passeports ont été délivrés au 2.300.760 habitants de la DNR (population au 1er février 2018) soit 0,78% de la population. En réalité, ce chiffre aussi faible qu'il soit est trompeur, car jusqu'à la reconnaissance " à but humanitaire" des dits passeports par la Russie en février 2017, la demande était encore plus faible. Durant les huit premiers mois seulement 26500 passeports avaient été distribués et environ 40.000 la première année. Nous sommes loin de l'objectif des 100 % en deux ans annoncé. Ces 170.000 ressortissants de la DNR, sont en très grande majorité composés de personnes nées après 1999, donc n'ayant jamais eu de passeport et ou de personnes l'ayant perdu ou de non citoyens ukrainiens. Cela revient à dire que la quasi totalité des habitants de la DNR ont conservé leur passeport ukrainien. Néanmoins pour modérer ce constat, nous laisserons la conclusion de ce paragraphe au Président de la DNR, selon lui près de 50% des habitants du Donbass auraient demandé à obtenir à ce jour le dit passeport...
Le Comité d'intégration Russie-Donbass qui est sans cesse mis en avant par la propagande ; en appuyant particulièrement sur le fait que son vice-président est député à la Douma ; est marginal en Russie. Il n'implique qu'un à trois députés russes sur 450 (un criméen membre de RU , un député KPRF et un député de Rodinia). La faiblesse de ce comité est dû au fait que la position de la Russie est pour une application pure et dure dans les plus brefs délais des accords de Minsk.
Comme dit précédemment, Kiev est pris à la gorge financièrement et va dépendre de plus en plus des aumônes européennes, donc principalement de l'Allemagne. La coalition qui a porté Angela Merkel à la Chancellerie repose sur la promesse faite au SPD, de faire appliquer les accords de Minsk. Il apparaît donc téméraire ou partisan d'enterrer ces derniers, même s'il l'est tout autant d'annoncer leur application. Néanmoins, jamais la situation ne leur fut autant favorable qu'actuellement. Croisons les doigts pour que le cauchemar entamé sur la place Maïdan prenne fin et que l'Ukraine se réveille le 20 novembre 2013.
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