Ils ont des chemises rouges, vive les thaïlandais ! (2)
Le 27 mars dernier, j’écrivais mon premier article sur les manifestations des chemises rouges, dans les rues de Bangkok. Alors que l’humeur générale des manifestations était propice au calme et au pacifisme, la donne a changé dans le courant du mois d’avril. Le premier ministre, Vejjajiva, a accepté de négocier avec les leaders des chemises rouges, mais a finalement retourné sa veste au dernier moment, plongeant le peuple dans l’incompréhension.
Le terrible retournement de situation, en défaveur des rouges, a profondément changé la donne. Les manifestations, jusqu’à lors surveillées par les forces de l’ordre sont depuis peu plus corsées. Les forces armées jaunes ont frappé là où ça fait mal : entre les deux yeux d’un leader de l’opposition. Ou comment désorganiser les manifestants. Le must, c’est de décliner toute responsabilité sur cet incident.
Le défunt général, Seh Daeng, était une figure incontournable du pays. Militaire dévoué et déterminé, il fut longtemps sous les ordres du gouvernement. Son intelligence militaire était d’autant plus effrayante qu’efficace : lors d’une manifestation anti-gouvernementale (oui, encore, comme quoi il y a une nette césure entre les 2 classes sociales du pays) en 2008, il a ordonné à des hélicoptères de lancer depuis les airs des serpents en plein dans les tranchées des manifestants. Un sang-froid digne des pires pourritures hollywoodiennes, mais à partir de cette année là, le gouvernement commença à ne plus compter sur ce personnage haut en couleur, dont le caractère et les décisions laissaient à désirer. Fin 2009, il est évincé du corps militaire, et est affecté à un rôle de prof’ de fitness... Il rejoint finalement les rangs des chemises rouges et s’engage dans les manifestations.
Abattu lundi, il était accusé de jets de grenades, fait qu’il réfutait, mettant en avant son rôle de planificateur et de stratège au sein du groupe.
Désemparées, les masses populaires se regroupent
Sous le choc, les rebelles les plus courageux restent campés dans les rues de Bangkok. Le 7 avril, l’état d’urgence a été décrété. Aujourd’hui, les militaires sont autorisés à tirer à vue sur n’importe qui dans un périmètre de 35 mètres. Vajjajiva menace même de pointer les tanks sur ses citoyens. Les affrontements de la semaine dernière ont coûté la vie d’une vingtaine de Thaïlandais et blessé près d’un millier d’autres.
Les autorités ont posé un ultimatum : aujourd’hui, 15H, heure locale. Toutes personnes se rendant et refusant de continuer à manifester seraient libres ; passé ce délai, les rebelles seraient en état d’arrestation... s’il y a des survivants. L’armée est bien déterminée à déloger les 5000 résistants de leur camp retranché : haut-parleurs, télévisions, radios, tracts distribués par avions... tout est utilisé pour dissuader les rouges de continuer le bras de fer. La zone "rouge" est depuis peu privée d’électricité, d’eau courante et de rations.
Bangkok est paralysée. Ses rues sont saccagées, son gouvernement malmené, ses citoyens fauchés. Les autorités ont imposé deux jours fériés durant les affrontements et ont également fermé le trafic aérien et terrestre.
Mais en dehors des jaunes et des rouges, quelle opinion porte le reste de la population ? D’après les envoyés spéciaux de France 24, la vox populi est mitigée. Une partie comprend et soutient le mouvement des opposants, une autre soutient les forces de l’ordre. La crise est loin d’être terminée... et de nouveaux foyers de manifestation se développent dans différentes autres villes, avec des rebelles n’ayant pas peur de perdre la vie sur ses nouveaux champs de bataille improvisés.
Juste une question pour conclure : que fait la communauté internationale ?
Vu sur : www.rubikon.fr
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