Ingrid Betancourt, vue de Colombie
La France se passionne pour Ingrid Betancourt. Il y a quelques bonnes raisons à cela : francophone, francophile, jouissant de la double nationalité franco-colombienne, ex-épouse d’un diplomate français, formée à Sciences-po, issue d’une famille notoirement proche de l’Ambassade de France en Colombie, ravissante... La France, à commencer par sa diplomatie, est donc fondée à oeuvrer à sa libération.
Un Français peut donc être surpris de constater qu’en Colombie, Ingrid Betancourt ne bénéficie pas du même élan de sympathie. Le quotidien El Tiempo s’étonnait de la déification dont elle fait l’objet en France, alors que son parti politique, Oxygeno verde, peine à recueillir les suffrages des Colombiens. Dans un entretien publié samedi par El Tiempo, deux anciens membres de la protection rapprochée de la sénatrice ne mâchent pas leurs mots, et reviennent sur les circonstances de son enlèvement : "Elle a été kidnappée parce qu’elle l’a bien voulu (...) Je l’ai suppliée de ne pas se rendre [dans la zone où elle a été enlevée, San Vincente] car elle mettait sa vie en danger et nous condamnait à une mort certaine (...) Le gouvernement avait demandé à tous les candidats aux élections de ne pas se rendre à San Vincente. Tous ont accepté, sauf elle."
A la question de savoir pourquoi la France, qui fait de cet enlèvement "un enlèvement d’Etat", ne lui a pas accordé une solide protection rapprochée, les deux policiers répondent qu’Ingrid Betancourt est responsable de ce qui lui est arrivé : "Elle a pris la décision d’y aller en sachant très bien ce qui se passerait là-bas. Il n’y a pas lieu de désigner des coupables."
Les témoignages de ces deux policiers sont très sévères pour l’otage franco-colombienne mais doivent être pris avec précaution. Les deux hommes sont en effet membres du DAS (Departamento Administrativo de Seguridad) et avaient été affectés à la sécurité d’Ingrid Betancourt depuis quelques années. Or, l’on sait que la médiatisation de cet enlèvement irrite profondément le gouvernement colombien, en particulier le Président Alvaro Uribe Velez, dont les relations avec la famille Betancourt sont exécrables. De même, l’activité déployée par le ministère français des Affaires étrangères est-elle très mal perçue à Bogota. Il n’est pas improbable que les deux policiers aient reçu l’ordre de salir la réputation de la sénatrice et, indirectement, de dénoncer la France...
Dans un livre récent (Ingrid Betancourt, histoire de coeur ou raison d’Etat ?), l’ancien directeur du bureau de l’Agence France Presse en Colombie, Jacques Thomet, dresse un constat sans concession à la fois d’Ingrid Betancourt et de la diplomatie française. Le journaliste évoque les liens personnels entre Dominique de Villepin et la famille Betancourt, et affirme que l’ancien ambassadeur de France en Colombie, Daniel Parfait, s’est amouraché de la soeur d’Ingrid, Astrid...
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