Interdiction à Rangoon d’aller prier pour la libération de Daw Aung San Suu Kyi
Paris 28 mai 2007 - (BCB) - Réagissant à la décision prise par la junte militaire birmane de prolonger indéfiniment la détention de Mme Aung San Suu Kyi, leader du parti démocrate du Myanmar (Birmanie), le secrétaire général de l’organisation des Nations unies, le Sud-Coréen Ban Ky-Mon, a souhaité une fois encore que Mme Aung San Suu Kyi soit libérée le plus rapidement possible.
Commentant cette déclaration, le porte-parole de M. Ban Ky-Mon a souligné que ce dernier a la conviction que « plus vite seront levées les restrictions qui pèsent sur Daw Aung San Suu Kyi et sur les personnalités politiques emprisonnées, plus vite elles seront libérées, plus rapidement il sera possible pour la Birmanie d’évoluer vers une réconciliation générale et vers la restauration de la démocratie respectant les droits de l’homme. »
« M. Ban Ky-Mon, a déclaré son porte-parole, est déterminé à poursuivre son action en vue d’obtenir des progrès manifestes en Birmanie dans le cadre de la mission de « bons offices » qui lui a été confiée par l’Assemblée des Nations unies.
Il a donné des instructions spécifiques à M. Ibrahim Gambari, qu’il vient de nommer conseiller spécial "pour qu’il engage au plus tôt un dialogue entre le gouvernement birman et les citoyens de ce pays dans ce but."
À l’heure actuelle, il y a plus d’un millier de prisonniers politiques dans diverses prisons situées à travers la Birmanie.
De nombreux pays, notamment les Etats-Unis et les pays membres de l’Europe unie, ont condamné sans équivoque la prolongation de la « détention pour une année encore » de Mme Aung San Suu Kyi et mis en demeure la junte militaire de la libérer au plus vite. En France une campagne a été organisée au sein du pays pour exiger sa « libération dans un délai de trente jours ». À ce jour, le délai fixé est largement dépassé.
La seule réponse de la Junte militaire a été l’annonce de sa décision de construire, avec l’aide de la fédération de Russie, un réacteur nucléaire et un laboratoire de recherche isotopique à Rangoon.
La découverte d’énormes gisements de gaz naturel dans le nord-ouest de la Birmanie, ajouté au potentiel déjà exploité de ce pays en hydrocarbure, l’appui de la Russie désireuse d’étendre son influence en Asie, de la Chine dont le taux de croissance est de 9 %, et de plusieurs pays voisins comme l’Inde et la Thaïlande dont les besoins en ressources énergétiques non renouvelables ne cessent de croître, sont autant d’atouts qui rendent la junte militaire d’autant plus arrogante, voire agressive, qu’ayant pris le pouvoir, par la force, il y a quarante-cinq ans, dans un Etat sous-développé et ruiné par la Seconde Guerre mondiale, elle se trouve désormais à la tête d’un pays richissime, doté d’une armée dont elle a fait passer les effectifs de 220 000 à 400 000 hommes, armés et assistés techniquement par Moscou et Pékin.
C’est dire combien peu pouvaient lui importer une manifestation d’un millier de militants démocrates conduite par Ko Min Ko Naing, le leader du « mouvement démocratique étudiant de 1988 » et composé de membres de la « Ligue nationale d’opposition » créée par Saw Suu KYi. Ils se dirigeaient en cortège, le dimanche 27 mai, à travers Rangoon pour aller à la Shwedagon, la pagode la plus vénérée du pays, et prier pour la prompte libération de Daw Aung San Suu Kyi.
Le but de cette manifestation était de marquer la volonté de la « Ligue nationale démocrate » de commémorer le succès électoral qu’elle avait remporté, conduite par Daw Suu Kyi, lors des élections du 27 mais 1990, organisée par la Junte elle-même, mais que cette dernière avait annulée aussitôt, après avoir constaté la défaite que les résultats obtenus représentaient pour l’autorité militaire.
Le correspondant à Rangoon de l’« agence birmane d’informations en exil » rapporte que la junte militaire « a mobilisé des « casseurs » et des policiers en civil pour interdire le passage du cortège, et le disperser, au moment où il s’approchait du « temple d’or » où déjà avaient lieu des assemblées de prière pour l’élargissement de captive des généraux. »
En fait, les généraux, calfeutrés dans des blockhaus et dans les bâtiments administratifs récemment construits de leur nouvelle capitale créée « par mesure de sécurité » dans la jungle de Pynmana, à 300 km au nord de Rangoon devenue « ville touristique », paraissent ne devoir plus rien craindre d’une population urbaine qu’ils croient avoir mâtée, ni des peuples minoritaires en rébellion, Karen Mon et autre Kachin ou Shan.
Désormais riches et puissants, les généraux du gouvernement militaire ont fait comprendre récemment, au moment d’annoncer leur entrée dans le domaine nucléaire, qu’ils résisteraient à toute ingérence étrangère, y compris par la force.
© Bertrand C. Bellaigue 28 mai 2007
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