Iran : Aux (mauvais) souvenirs de l’été 88…
On l’apprenait il y a peu, le groupe pétrolier Français Total se désengage de ses investissements en Iran. D’aucuns y verront sûrement la patte néfaste de la volonté hégémonique et impérialiste des États-Unis. D’autres, sans doute plus connaisseurs sur le dossier Iranien, se réjouiront forcément de l’impact politique que peut avoir ce type d’annonce publique. Il ne peut y avoir de défense des droits humains à géométrie variable, selon le peuple, selon les ressources du pays, selon nos propres intérêts immédiats, que l’on soit d’un côté ou de l’autre du pouvoir.
L’événement n’est pas anodin. Le désengagement de Total s’inscrit dans une année charnière pour l’Iran. Depuis la fin de l’année 2017, le peuple Iranien fait bien plus que manifester son mécontentement. Désormais, on parle de soulèvement du peuple. Toutes ses composantes se rassemblent pour ne plus présenter qu’un seul front commun aux délires meurtriers des pasdarans. Un tyran ne tient son peuple que par la peur. Lorsque ce dernier s’en affranchit, le tyran est inexorablement condamné. Et il semble que le peuple en soit parvenu à un stade, après près de 40 ans de fascisme religieux, où il a déjà tant subi, sur tous les plans, qu’il ne plus craindre grand-chose de pire. La seule chose que grands nombre d’Iraniens ont perdu lors de ces 8 mois de manifestations, d’émeutes et de soulèvement, c’est justement la peur des tyrans.
Dans un contexte plus que difficile sur le plan interne, le régime cherche ses soutiens à l’étranger. Mais ceux-ci s’étiolent peu à peu, malgré les accords de façade et la folie de l’Union Européenne de préférer préserver le patrimoine financier de ses entreprises aux envies légitimes de liberté d’un peuple emprisonné dans une autorité tyrannique depuis 1954 et la destitution forcée de Mohamed Mossadegh. Le régime Iranien est incontestablement dans une très mauvaise passe. Les signaux de détresse sont tirés. La monnaie plonge. L’économie est en berne, le peuple est dans la rue tous les jours partout dans le pays, la guerre des factions fait rage en interne… Bref. S’il est un moment pour renverser les mollahs, c’est maintenant. La résistance est parfaitement organisée, très influente et très attendue. Le peuple est prêt à un combat de longue haleine. Et le Conseil National de la Résistance en profite pour rappeler au monde qui sont vraiment ces mollahs iraniens qui nous apparaissent parfois si dignes de confiance sous la plume de quelques éditorialistes.
Car 2018 n’est pas seulement l’année où le régime change pourrait avoir lieu, elle est aussi le 30ème anniversaire des massacres de l’été 1988. L’été de la terreur. Suite à une fatwa du guide suprême Khomeiny, la commission de la mort organise l’exécution de plus de 30 000 prisonniers politiques, tous soupçonnés d’être acquis à la cause des moudjahidines du peuple, dont mon frère cadet. L’ayatollah Ali Montazeri, alors n°2 du régime, qualifiera lui-même le massacre de « crime la plus grave de l'histoire de la République islamique. »
La liberté n’est plus très loin. Il ne reste plus aux représentants des peuples à l’ONU qu’à diligenter une enquête afin que les responsables directs et indirects de ce crime soient enfin sanctionnés à la hauteur de la haine qu’ils opposent à leurs congénères humains. En attendant que ce jour glorieux arrive, le CNRI propose de remémorer au monde ce qu’ont vécu les familles et les rares survivants des massacres de l’été 1988. Dans un appel des associations iraniennes à soutenir le soulèvement du peuple iranien et à une politique ferme concernant les violations des droits de l'homme en Iran, toutes les associations iraniennes de 30 grandes villes et capitales d'Europe et d'Amérique du Nord organiseront simultanément, en multiplex, le samedi 25 août, des événements commémoratifs en mémoire des 30 000 prisonniers politiques massacrés en 1988 en Iran.
Après le rassemblement réel, organisé le 30 juin dernier, la résistance mondiale au régime Iranien se retrouve donc en direct virtuellement. Tous les événements seront reliés les uns aux autres par des communications visuelles en multiplex et incluront des échanges en direct de différents endroits. Sur chaque site, les soutiens politiques, les personnalités et élus de différents pays seront aux côtés des témoins de cet été tragique.
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