IRAN : la pression montante ou l’intérêt peu probable des négociations
Où en sont les discussions autour de l’Iran ? Petit tour d’horizon mondial.
Le diplomate en chef de l’Union européenne Javier Solana et les négociateurs
iraniens sur le dossier nucléaire de l’Iran ont eu selon eux des discussions
"constructives" mardi soir à Rome au cours d’une conférence de presse
à la fin de leur rencontre. "Nos discussions ont été constructives, dans
la transparence et la clarté", a déclaré Ali Larijani, l’ex-négociateur
iranien approuvé à la fois par son successeur Saïd Jalili et M. Solana.
M. Solana a également fait état d’une rencontre "constructive" et
a indiqué que les trois négociateurs se retrouveraient "pour une autre
session de discussions" avant la fin novembre.
"J’espère continuer à travailler avec M. Larijani", a affirmé M.
Solana. M Larijani, qui a démissionné de ses fonctions de chef négociateur,
continuera à suivre la question du dossier nucléaire iranien en tant que
représentant de l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la République
islamique.
Le nouveau chef négociateur Saïd Jalili, un conservateur « parachuté »
à ce poste, a confirmé qu’il entendait continuer dans la voie suivie par M.
Larijani. M. Jalili est diplômé de la faculté des Sciences politiques de Mashad
(2e plus grande ville d’Iran).
"Notre principe de base reste la négociation, la coopération et le
dialogue", a-t-il déclaré "et nous pensons qu’il y a de véritables
opportunités pour développer des coopérations" avec l’UE sur ces
questions.
"L’Iran a une position de principe (sur le dossier nucléaire), mais tout
en maintenant nos principes on peut toujours négocier et parvenir à des
conclusions acceptables pour les deux parties", a déclaré M. Jalili.
Mardi soir aux Etats-Unis, GW Bush
affirmait « l’urgence » d’un bouclier antimissile pour l’Europe, malgré
l’opposition de la Russie, en invoquant la menace d’un Iran doté d’ici 2015
d’un missile lui permettant de frapper toute l’Europe et les États-Unis.
« La nécessité d’une défense antimissile en Europe est réelle et je crois
qu’elle est urgente », a déclaré M. Bush dans un discours à Washington. Il a
répété que le projet des États-Unis d’installer dix missiles intercepteurs en
Pologne et un radar en République tchèque n’était pas dirigé contre la Russie,
mais contre des États « voyous » comme l’Iran.
« Nous ne considérons pas la Russie comme l’un de ces pays, la guerre froide est
terminée, la Russie n’est pas notre ennemi », a dit M. Bush face à la rhétorique
russe qui a pu prendre des accents menaçants de guerre froide.
Il a renouvelé son offre à la Russie de se joindre à la défense antimissile de
l’Europe et s’est dit de nouveau prêt à incorporer certaines installations de
l’ex-Union soviétique dans un système de détection plus large.
Devant la même université de défense nationale où il avait annoncé en 2001 le
retrait américain du traité ABM limitant les systèmes de missiles
antibalistiques, M. Bush a insisté sur la menace iranienne pour défendre le
bouclier.
« La communauté du renseignement américain estime qu’avec une assistance
étrangère continue, l’Iran pourrait développer avant 2015 un missile balistique
intercontinental capable d’atteindre les États-Unis et toute l’Europe », a-t-il
dit. « S’il choisit de le faire et si la communauté internationale ne prend pas
des mesures pour l’en empêcher, il est possible que l’Iran ait cette capacité
et nous devons prendre cela au sérieux dès à présent », a-t-il ajouté.
Selon lui, avec les progrès et les projets annoncés par les dirigeants iraniens
eux-mêmes, Israël et la Turquie sont déjà sous la menace iranienne, et
plusieurs pays d’Europe de l’Est risquent de l’être bientôt.
Le gouvernement russe est beaucoup plus circonspect. Le président Vladimir
Poutine avait lui-même semblé tourner en dérision la menace invoquée par M.
Bush en déclarant lors d’une visite en octobre à Moscou des deux principaux
ministres du président américain qu’un système antimissile serait peut-être un
jour installé « sur la Lune ».
M. Poutine sort d’une visite historique à Téhéran où il a clairement affiché
sa position pro-iranienne en signant un pacte de non-agression entre les cinq pays
riverains de la Caspienne et incluant une clause spéciale qui interdit à chacun
des Etats de servir de base pour des agressions envers un autre membre.
La Chine, gros partenaire de l’Iran, suit la même position que la Russie et est en complet désaccord avec une attaque de ce pays. A cet effet, Condolezza Rice, secrétaire américain à la Défense, est à Pékin, pour « discuter de la question iranienne ».
En Grande-Bretagne, le Premier ministre Gordon Brown a fait savoir mardi que son gouvernement allait militer pour de nouvelles sanctions contre l’Iran via les Nations unies et l’Union européenne pour décourager les ambitions nucléaires de Téhéran.
"Nous sommes prêts et ferons pression pour de nouvelles sanctions contre l’Iran", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue israélien Ehoud Olmert, en visite à Londres, dans le cadre d’une tournée européenne.
"Nous travaillerons par l’intermédiaire des Nations unies pour atteindre cet objectif. Nous sommes également prêts à approuver des sanctions européennes plus fermes. Nous voulons être clairs : nous ne soutenons pas les ambitions nucléaires de ce pays", a-t-il dit.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré que le président français Nicolas Sarkozy est un "ami sincère et véritable de l’Etat d’Israël et du peuple juif", lundi soir à Paris, devant 300 à 400 représentants de la communauté juive, réunis à l’initiative du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
"J’ai rencontré aujourd’hui une personne qui est un ami sincère et véritable de l’Etat d’Israël et du peuple juif", a dit M. Olmert.
"Nous avons été tellement souvent déçus que lorsque tout à coup nous rencontrons ce qui devrait aller de soi, une parole claire et unique, cela renforce notre sentiment de sécurité", a poursuivi M. Olmert.
Selon lui, "quelque chose dans l’atmosphère a changé entre la France et Israël". "Elle est peut-être plus amicale aujourd’hui, plus aimante même, avec une fermeté qui est bien nette et claire sur ce qui est de l’amitié envers Israël et sur les besoins imprescriptibles de sécurité de l’Etat d’Israël", a-t-il expliqué, ajoutant que "c’est quelque chose de fort agréable à voir".
Nicolas Sarkozy a reçu lundi à l’Elysée Ehud Olmert pour "faire un point de la situation au Proche-Orient". Ils ont spécifiquement évoqué la question du nucléaire iranien.
En visite à Rabat, Nicolas Sarkozy a invité Téhéran à s’inspirer de l’exemple du Maroc
qui a conclu un accord de coopération nucléaire avec la France.
"L’énergie du futur n’a pas vocation à être la possession exclusive des
pays les plus développés, dès lors que les conventions internationales sont
partout respectées", a déclaré le président français devant le Parlement
marocain.
"Dire ceci sur le nucléaire civil, ici au Maroc, c’est aussi pour moi une façon de dire à l’Iran qu’une coopération est possible et que nous ne sommes pas condamnés à la confrontation", a-t-il poursuivi.
Une façon de dire les choses qui met sur le même plan le Maroc, ancienne colonie française de 30 millions d’âmes (dont 33 % sous le seuil de pauvreté), encore largement dépendante de la France (IDH=0,64) et l’Iran, 3e exportateur de pétrole mondial, ses 73 millions d’habitants, ancien empire jamais colonisé, et la croissance de son PIB d’environ 5,65 % sur 2007 (IDH=0,784).
De quoi énerver les Iraniens déjà très agacés par les discours tendencieux et répétitifs du couple Sarkozy-Kouchner sur la position pro-israélienne de la France et le dédain affiché du président français à l’encontre de l’Iran.
Enfin, il faudrait, pour être complet, parler de la conférence qui se tient en ce moment au Maryland sur la situation israélo-palestienne et les tensions entre l’Irak et la Turquie, suite à l’entrée de l’armée turque au nord de l’Irak, prétextant un énième épidosde du conflit avec les Kurdes du PKK qui dure depuis toujours.
Le lecteur malin n’aura pas manqué de remarquer la disposition du peuple Kurde, à cheval entre la Turquie, l’Irak et l’Iran. Un conflit qui « tombe à pic » le long de la frontière Ouest de l’Iran... !
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