Italie/Côte d’Ivoire : 1-0
Le déni de démocratie est un art injuste : les meilleurs ne sont pas toujours récompensés à la hauteur de leurs efforts.
En effet depuis quelques jours, la coexistence entre les deux “présidents” Ivoiriens risque de conduire à la guerre civile, ce qui émeut à juste titre toute la communauté internationale parmi laquelle, en premier lieu bien sûr, le président Français, lui qu'on sait si soucieux du respect dû à la voix des peuples… sauf bien sûr lorsqu'il s'agit de leur vendre quelque chose.
Laurent Gbagbo doit partir, car les urnes en ont décidé ainsi. C'est si simple la démocratie, il n'y a pas à tergiverser. Pourtant, la communauté internationale, si prompte à dénoncer le “coup d'Etat” de Gbagbo, n'a semble-t-il rien fait pour évincer ce personnage au pouvoir depuis dix ans, pas plus qu'il n'a véritablement agi pour faire cesser successivement le génocide palestinien, le tchétchène ou celui des Tibétains.
On l'a vue par contre envahir l'Afghanistan, L'Irak et menacer l'Iran, pour les mêmes raisons qui la fait refuser d'intervenir dans les pays précédemment cités. Certains fâcheux y verront une duplicité, voire une complicité motivée par des intérêts financiers, mais la version officielle jongle entre “ingérence humanitaire” et “souveraineté démocratique” à l'envie… et ne bougera donc pas le petit doigt pour faire respecter la démocratie en Côte d'Ivoire. En tout cas pour le moment. Mais est-ce vraiment si étonnant ? Comme le disait un commentateur averti sur le problème ivoirien, les cris d'orfraie poussés par la communauté internationale sont susceptibles de confirmer la position du pouvoir en place qui, ainsi, peut justifier du nationalisme patriotique ivoirien pour lutter contre son rival : puisque la communauté internationale soutient Ouattara, c'est bien qu'il est au service du “grand capital”, non ?
Vue d'ici, la situation pourrait bien effectivement servir à cette dernière, car une guerre civile de grande ampleur serait idéale pour engager l'intervention de la communauté internationale, et j'imagine que les ressources du pays aiguisent bien des appétits en dehors des Africains eux-mêmes….
Maintenant en face, en Europe, là où la “démocratie” est un exemple pour tous, il y a l'Italie. Monsieur Berlusconi s'est vu conforté dans sa place au terme d'une motion de censure rejetée de peu, et à ce qu'il paraît par l'intermédiaire de l'achat de voix de parlementaires de l'opposition. Bien sûr ceux qui ont accepté la corruption resteront muets là-dessus mais, aux dires de quelques uns “approchés” par l'équipe du “chef”, il leur a été proposé de coquettes sommes pour acheter leur vote. On peut entendre ce genre de témoignages presque tranquillement jusque sur les ondes de France-inter, sans que personne n'en soit inquiété : le déni de démocratie se trouve ainsi accepté, presque officiellement, sans que les voix qui se lèvent pour le dénoncer ne portent plus loin qu'une sorte de lassitude résignée. La démocratie est morte en Italie, et personne ne semble s'en inquiéter.
En même temps, les chefs d'Etats dits “démocratiques” auraient tord de s'y impliquer, car à vrai dire leur situation démocratique, si on la regardait de plus près, serait elle-même sans doute sujette à critiques… quand on voit qu'en France la campagne présidentielle aurait pu être financée illégalement, qu'aux Etats-Unis l'élection de Georges Bush aurait été truquée, qu'en Russie Vladimir Poutine serait le véritable maître du pays, alors il ne faut pas s'étonner que personne n'ait rien à gagner à dénoncer ce qui se passe en Italie. D'autant qu'en Europe, m'est avis que peu de scrutins sont totalement transparents… mais qui pour le prouver, ou même pour en rechercher les preuves ?
La démocratie n'est pas malade mais mourante un peu partout dans le monde, et le plus triste dans tout ça, c'est que tout le monde s'en fiche. C'est une belle victoire pour certains, et les autres n'ont qu'à en prendre de la graine pour en arriver là : un pays n'est considéré comme développé que lorsque la démocratie est niée, mais que personne n'y trouve plus rien à redire.
Caleb Irri
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