Italie-France : 2-0
C’est une entrée remarquée qu’a effectuée Romano Prodi sur la scène internationale, depuis qu’il a pris la présidence du Conseil italien, succédant à Silvio Berlusconi.
Fort d’un carnet d’ adresses constitué à la tête de la Commission européenne, et débarrassé des frustrations dont il avait probablement souffert du fait de l’impuissance de la commission en matière de politique extérieure, le voici qui propulse l’Italie au rang des grands arbitres du moment. Ardent défenseur du multilatéralisme, sa politique étrangère rompt nettement avec l’alignement de son prédécesseur sur la doctrine Bush. Elle s’ inscrit en revanche, et aussi nettement, comme une alternative au leadership français, lui-même affaibli par le relâchement du lien franco-allemand en matière de politique internationale.
Première offensive éclair au Liban. A l’ heure où les Français qui étaient aux commandes s’interrogeaient sur l’étendue de leur engagement sur le terrain et négociaient les fameuses règles d’engagement, lui a froidement proposé une contribution de 2000 hommes, conditionnée par le commandement de la FINUL dès février, à la fin du premier mandat français. Nos chars Leclerc seront donc sous commandement italien, ce qui n’a pas dû réjouir tout le monde à l’ état-major. Premier round gagné.
L’ Iran, ensuite. Appuyant fortement l’action de Javier Solana en la faveur d’une solution négociée, Prodi n’en joue pas moins sa carte personnelle en rencontrant Mahmoud Ahmadinejad, qui lui confie son intention d’accepter une négociation, sans en fixer très clairement les conditions. Prodi déclare cette rencontre "positive". Pas sûr non plus qu’ elle ait vraiment plu à l’Elysée, dont il est encore moins sûr qu’il ait été consulté sur l’intérêt de cette initiative...
Ce n’est pas le moindre des paradoxes de voir ainsi un ancien président de la Commission européenne, revenu aux affaires, bénéficier de ses réseaux et de son image pour propulser au premier plan sa diplomatie nationale. Soulignant, s’il fallait encore le faire, l’impasse dans laquelle l’Europe a été placée par le non français au référendum constitutionnel. Car bien entendu, ce n’est pas un siège permanent européen qui est activement demandé par Prodi au Conseil de sécurité, mais bien un siège italien.
Il ne serait donc pas surprenant que quelques signes d’agacement apparaissent du côté français au cours des prochaines semaines. La suite de l’effet Zidane ?
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