Jack Lang, épinglé sur la Toile, met le génocide arménien « entre guillemets »
Internet fait le bonheur des uns, le malheur des autres mais permet l’extension de l’information avec une certaine liberté. A tort ou à raison, c’est un autre débat que celui qui m’amène à la tribune aujourd’hui avec colère et indignation.
L’ancien ministre socialiste, Jack Lang, se trouve aujourd’hui au coeur d’une polémique suite à la diffusion, justement, sur le site de Dailymotion puis ceux du Monde et du Nouvel Observateur, d’une vidéo durant laquelle il met "entre guillemets" le génocide arménien. Entre paradoxe et cynisme, l’ancien ministre de la culture virevolte, retourne sa veste et change de costume.
En effet, à l’occasion d’un débat entre historiens, concernant la compétence des parlements à légiférer des lois mémorielles, organisé dans son fief de Blois, monsieur Lang s’est déclaré "doublement coupable" d’avoir voté, en 2001, la proclamation solennelle officialisant la reconnaissance par la France du génocide arménien de 1915. Il s’est, par ailleurs, empressé de signifier son refus du texte de loi prévoyant la poursuite pénale du négationnisme à l’égard du génocide arménien, comme la loi Gayssot l’avait instituée, en 1990, pour le génocide juif pendant la seconde guerre mondiale. Ce texte, qualifié de "monstrueux" par le socialiste, a été voté, en octobre 2006, par l’ensemble des députés animés par "des préoccupations électorales" selon Lang. Ce discours ne semble pourtant pas être l’apanage d’un seul homme puisque selon Alain Marleix, secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux Collectivités locales, interpellé à l’assemblée en décembre 2008, le gouvernement "n’est pas favorable à l’inscription de ce texte à l’ordre du jour du Sénat". Ces prises de positions en demi-teinte ont de quoi décevoir, autant que les avis tranchés peuvent nous horrifier.
Pris au piège dans une polémique qui l’incrimine, Mister Jack change, à nouveau, de costume et se plaint d’une "campagne injuste" menée contre lui, précisant qu’il n’a, je cite, "pas de leçons à recevoir de qui que ce soit". Mais c’est peut être un cours d’histoire tout de même qu’il faudrait à monsieur Lang, ou le témoignage des enfants et petits-enfants de ces arméniens massacrés qui luttent aujourd’hui pour la reconnaissance de la souffrance de leur peuple.
C’est toute la communauté arménienne qui s’indigne, aujourd’hui, face à de tels propos, et à ses côtés, se joignent les partisans d’un humanisme bien plus sincère, que politique. Alors que des miliers de turcs viennent de signer une pétition demandant pardon au peuple arménien pour "La Grande Catastrophe de 1915" et son déni, l’incursion des violents propos de Jack Lang est à la fois intolérable et vide de sens. On ne peut avancer si certains, on ne sait pourquoi d’ailleurs, s’amusent à reculer, à revenir sur l’acquis de la connaissance et de la sensibilité.
Et sans démagogie, j’aimerais rappeler que le poids des mots n’est plus à prouver, que la reconnaissance d’un traumatisme est, elle, un poids qu’à l’autre, on peut retirer. Dans la perspective d’une avancée, pour un peuple et pour tous les autres, écoutons, apprenons et faisons acte de la réalité.
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON