Japon : des jours sombres à venir pour l’industrie touristique
Au Japon, le directeur de l’Agence du Tourisme, Hiroshi Mizohata, a annoncé le 12 avril que les annulations dans les hôtels et auberges du pays, en raison du séisme et du tsunami survenus le 11 mars dernier s’élevaient à environ 560 000 personnes, dont 390 000 dans les régions du Tōhoku et du Kantō, pour la période du 12 mars au 8 avril. Ces annulations surviennent alors que le gouvernement et les médias mettent en garde les consommateurs contre les effets négatifs d’une trop grande retenue, motivée par la compassion pour les sinistrés. En ce sens, l’Agence du Tourisme invite les régions épargnées par le cataclysme naturel à ne pas ménager leurs efforts de promotion touristique, « car cela aussi constitue une forme d’aide aux régions sinistrées ».
Même à Kyoto, ville pourtant située à quelque 500 km au sud-ouest de Tokyo et non affectée directement par le séisme, l’industrie touristique encaisse durement le choc. Le 13 avril, le quotidien Kyoto Shimbun expliquait la situation difficile où se trouve l’industrie touristique de la « capitale culturelle » du Japon, désertée par les touristes étrangers. En font foi les chiffres de l’aéroport international du Kansaï, où sont débarqués en moyenne 3400 étrangers par jour du 11 au 31 mars, soit à peine le quart de l’an dernier pour la même période.
Près des grands temples de Kyoto, des boutiques de souvenirs ont vu leurs chiffres d’affaires chuter à 30% du niveau habituel. Au Centre des textiles Nishijin, qui exhibe des kimonos à Kyoto, en temps normal la foule des visiteurs se compose à 70% de touristes chinois. Or, aujourd’hui il n’y a presque plus d’étrangers parmi les visiteurs du Centre et les sept employés chinois qui y travaillaient sont retournés dans leur pays d’origine. Le choc encaissé par l’industrie touristique dans le sud-ouest du Japon y affecte forcément les guides et interprètes, dont les associations (JFG, WaRaiDo, etc.) enregistrent de 70% à 80% d’annulations.
Comme on sait, pour éviter les effets néfastes d’une surcharge du réseau électrique dans l’Est du Japon, la population et les industries y ont réduit leur consommation d’électricité. Par exemple, l’intensité de l’éclairage est réduite dans les lieux publics, les escaliers roulants sont arrêtés dans les gares, et les foyers diminuent leur consommation d’énergie... ne serait-ce qu’en débranchant les toilettes à siège chauffant et à petit jet d’eau chaude hygiénique, mécanismes dont sont dotées environ 70% des toilettes au Japon.
Dans une entrevue accordée en décembre dernier au magazine TimeOut Tokyo, le directeur de l’Agence du Tourisme regrettait que le Japon n’occupe que la trente-troisième position au monde pour le nombre de touristes étrangers. Or, alors que la situation à la centrale nucléaire Daiichi vient tout juste d’être haussée au niveau de gravité 7 (soit le même que celui de Tchernobyl), l’industrie touristique risque fort bien de s’enliser davantage au cours des prochains mois, sur tout l’archipel nippon. Dans les gares de la région de Tokyo, un mois après le séisme les escaliers roulants sont toujours fermés pour économiser l’électricité.
(Photo prise par l’auteur, le 7 avril 2011, à la gare Nagareyama Ootakanomori, préfecture de Chiba)
Autres sources non citées
Article du quotidien Sankei Shimbun (29 mars 2011)
Article du New-York Times (27 mars 2011)
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