Mc Cain élu aurait indubitablement entraîné en France des réticences qui auraient eu des répercussions sur la réintégration dans le commandement intégré de l’Otan. Certes Sarkozy n’aurait pas changé d’avis, mais la pilule aurait été beaucoup plus difficile à avaler pour l’opinion publique française et ce n’est pas quelques exactions qui aurait eu lieu à Strasbourg lors du fameux sommet, mais une véritable émeute avec des dizaines de milliers de protestataires. Le concert de la contestation aurait été tonitruant, comme une clameur unifiant la gauche à une partie de la droite française.
Avec Mc Cain, Sarkozy aurait certes été moins jaloux, moins touché dans son ego. Il aurait moins montré sa frustration de ne pas être à l’avant scène lors des sommets internationaux, moins écrasé par Mc Cain que par la prestance d’Obama. Mais il aurait eu du mal à faire passer aussi facilement son alignement inconditionnel sur les positions américaines en matière de défense. Mc Cain est tout de même Républicain et son élection aurait été ressenti comme une continuité du plan Bush dans sa lutte contre les forces du mal et son désir de suprématie américaine sur le monde. Obama est plus subtil , il la joue moins collectif, mais en fin de compte, il reste, et c’est normal, au service de son pays et n’a toujours pas renoncé au bouclier anti missile en Europe de l’Est, bien entendu dirigé contre la Russie même si l’Iran sert d’alibi.
Or, à l’aune de Patrick Devedjian, Pierre Lellouche et des atlantistes les plus virulents, les plus enragés des socialistes et alter mondialistes ont applaudi des deux mains l’élection d’Obama, comme une ère nouvelle permettant tous les espoirs. Les petits slogans « yes, we can ! » ont fleuri en autocollants, en tee-shirts, en insert dans les mails, en référence dans tous les magazines. La sirène du Poitou a gloussé à l’élection historique, ce qui prouve une fois encore qu’elle n’a rien compris au jeu politique.
En effet, si Obama est peut-être une chance pour les Etats-Unis, John Mc Cain était une chance pour la France et pour tous ceux qui n’en peuvent plus de Sarkozy.
Il était avec Sarah Palin, le meilleur allié de ceux qui en France veulent sortir pour de bon de l’OTAN, réaffirmer l’indépendance du pays et le voir à nouveau jouer un rôle international. Car désormais, dire du mal des Etats-Unis, c’est dire du mal de l’icône. Ne pas accepter la main mise sur les grandes décisions internationales, c’est être soupçonné de racisme primaire. Cela dit, il ne faut pas oublier que le rôle joué par Obama est fait sur mesure pour faire passer les répercussions de la crise née aux Etats-Unis sur l’ensemble de la planète.
L’élection américaine est de la poudre jetée aux yeux des naïfs pour leur faire avaler la récession, pour faire payer au non américains les effets des subprimes, qui, si elles n’avaient touché que des propriétaires bernés par les organismes de crédits et aux yeux plus grands que le ventre, auraient été un moindre mal. Mais hélas, du fait de la mondialisation de la finance, ces erreurs monumentales de gestion sont à payer par tous. Donc, quitte à payer, autant le faire en se débarrassant de l’hégémonie américaine et de la toute puissance du dollar. Jadis, on aurait employé le terme d’impérialisme, mais il est passé de mode depuis la fin du conflit vietnamien, de la chute du Mur et du communisme.
Avec Mc Cain, il était possible de s’opposer frontalement aux Etats-Unis, et même envisager un changement d’alliance militaire (pourquoi pas avec la Russie ?), de participer à l’élaboration d’une monnaie de référence avec la Chine, l’Inde et la Russie et arriver à plus ou moins long terme à mettre à mal la suprématie américaine tant stratégique, qu’économique ou financière. Quant à la lutte contre le terrorisme islamiste, pas besoin de nucléaire et d’alliance avec les américains, du renseignement et des forces spéciales suffisent (pourquoi pas européennes ?).
Mais depuis l’élection du « nouveau couple Kennedy », la presse se pâme, fait l’éloge des costumes de Monsieur, des robes, soit dit en passant très banales, de la aussi très quelconque Michelle, prognathe aux hanches larges. Les appréciations « people » ont fait place à l’analyse politique sur bien des supports de presse. Les médias « grimaldisent » désormais les Obama comme ils l’ont fait des Sarkozy et de Ségolène Royal. Cette dernière n’existe encore que par son évanescence télévisuelle et comme dans un dialogue d’Audiard, elle ose tout !
Marianne est de loin le seul hebdomadaire qui n’encense pas Obama et on ne peut pourtant taxer cette revue de raciste. Pourtant Marianne reprend dans son dernier numéro : Obama n’est pas le Messie.
Avec Obama à la Maison Blanche, les Villepin, Bayrou, Dupont Aignan, Tron et autres politiques attachés à l’indépendance et à l’image de la France, sont beaucoup moins audibles. Mc Cain aurait été leur aubaine, hélas pour eux, il n’a pas été élu. Goulard reste célèbre dans le Morbihan mais il a du mal à percer, avec Mc Cain, il serait devenu un nouveau Déroulède.
Pour le gaulliste le plus tiède, pour le socialiste le plus plan-plan, il était facile de s’opposer à Mc Cain. Même pas besoin de démonter un MacDonald’s pour se faire une réputation. Quant à Sarkozy, pour exister face au doublement grand homme, il n’a pu que protester nerveusement quand le président américain a osé émettre un avis sur un problème ne concernant que les Européens, c’est-à-dire l’entrée de la Turquie dans la communauté.
Mais, on ne refait pas l’histoire et encore moins l’élection. Il va falloir se contenter d’une timide protestation à chaque nouvelle initiative américaine allant à l’encontre de nos intérêts.
Nous sommes en pleine hagiographie, sans aucun recul et discernement. Obama est le président des Américains, il gouverne dans l’intérêt de ceux-ci, beaucoup de Français semblent l’avoir oublié. Mais il fait vendre, comme une lessive.
Le miracle Obama a peut-être eu lieu outre-atlantique, en France par contre, il assoit la position des sarkozystes et des atlantistes de tout poil. Joli miracle !