Jose Mujica avec le Pape François
Le croyant tout comme l'incroyant ont en commun l'humanité en marche vers ce qui est de nature à la rendre toujours plus humaine. Tous les deux sont interpellés par la justice, la vérité, la compassion, la bonté et la solidarité. Unis, ils peuvent transformer le monde et donner à la vie ce qu'il y a de meilleur. Jose Mujica, président d'Uruguay et Francisco, pape des catholiques sont de ceux-là.
UNE RENCONTRE HISTORIQUE
L’incroyant, l’athée, l’agnostique devenu Président d’Uruguay et le croyant, le pasteur, le catholique, devenu Pape de l’Église universelle se sont accueillis mutuellement avec affection et ont partagé pendant plus de 45 minutes leur vécu et leur vision du monde. La plus longue audience, à ce jour, consentie par le pape François à un président.
Il s’agit incontestablement d’une rencontre historique et transcendante tant par son contenu et que par l’authenticité des deux personnages. Déjà, nous avons une idée du pape François qui avait troqué son palais épiscopal pour un petit appartement et sa limousine pour le transport en commun, mais peu connaissent, dans nos milieux, Jose Mujica. Qui est-il donc ce personnage ?
Je résumerai ce que vous pouvez lire sur le lien plus haut indiqué, ainsi que sur certains autres sites que j’indiquerai dans cette brève présentation.
Jose Mujica est un ex-guérillo du Mouvement de libération nationale — Tupamaros [une guérilla urbaine d’extrême gauche des années 1960, menée contre un régime autoritaire puis écrasée par l’armée en 1973]. Arrêté, il passera les 15 années suivantes en prison dans les pires conditions de détention. Amnistié au retour de la démocratie en 1985, il s’incorporera à la vie politique. Il sera élu député et deviendra par la suite sénateur, puis ministre de l’Agriculture, avant de devenir président de son pays.
Il se caractérise par une vie simple, sans prétention et sans luxe. Il continue de vivre sur sa petite ferme avec sa conjointe dont la trajectoire de vie rejoint la sienne. Voici quelques anecdotes relevées ici et là.
Suite à son élection comme président, il fait don de 90 % de son salaire, fixé en dollars des États-Unis à environ 12.500 $, à des fonds de bien-être. Chaque mois, Pepe Mujica reçoit 250.000 pesos pour son travail en tant que président de l'Uruguay et commandant en chef de l’armée, ne gardant pour lui-même et ses besoins de subsistance que 20.000 pesos par mois. Le reste est distribué à partir du Fonds de Raul Sendic, qui gère sa plate forme politique, le Mouvement de participation populaire. Cet argent sert au développement de petites entreprises de productions, à des collaborateurs dans le besoin, à des ONG qui travaillent au développement de logements. Il dit, à qui veut l’entendre, qu’« avec cet argent il a tout ce qu’il faut et que cela doit lui suffire parce qu’il y a beaucoup d’autres concitoyens et concitoyennes qui vivent avec beaucoup moins. ». Il est considéré et reconnu comme le Président le plus pauvre de l’Amérique latine.
Suite à son élection comme président, il offre le Palais présidentiel comme refuge pour les mendiants et les sans-abri. Il propose de donner les jubilations présidentielles, pensions astronomiques versées par obligation constitutionnelle, aux anciens présidents du pays, à des organismes d’aide aux plus nécessiteux.
Il utilise, dans le cadre de ses fonctions présidentielles, une simple Chevrolet Corsa. Depuis le jour où il s’était présenté avec sa moto Vespa au Parlement, à la fin de la dictature, pour y être assermenté comme député, Mujica n’a rien changé à ses habitudes. Fini le toilettage de l’époque du prosélytisme politique. Il en va de même pour le protocole qui est bien loin de ses préoccupations habituelles.
Le dernier exemple en date est celui de sa visite à la quincaillerie du quartier Paso de la Arena, pour y acheter un couvercle de toilette. Ayant acheté ce qu’il fallait, il accepta sur le champ une invitation informelle de la jeunesse de la région, regroupée dans un petit Club de football, Huracan. Sans sécurité, sans euphémismes, Mujica a fait un petit discours d'encouragement aux joueurs qui participent au tournoi de Seconde Division professionnelle ..., tenant bien en main le couvercle de toilette qu’il venait d'acquérir.
Peu de temps après, une Volkswagen Fusca, bien conservée, arrive et se stationne juste en face du gymnase du Club. Avec des sandales et en tenue sportive, le Président passe plusieurs minutes avec les jeunes athlètes, et leur promet une plus grande attention à l'institution en plus de leur promettre de venir « manger un barbecue avec eux si le club passe au premier rang. Ils ont pris des photos, il a accepté des photos, leur donna l’accolade et est reparti sous les applaudissements de tous, portant dans ses bras, Manuela, sa chienne, qui comprend tous les sujets à ce stade du mandat.
De retour à sa ferme, protégée discrètement par quelques policiers à distance qu’il souhaiterait ne pas avoir, le président uruguayen Mujica poursuit sa journée.
Conformément à sa dernière déclaration soumise au Conseil de la transparence et l'éthique publique, Mujica n’a, comme bien personnel, que sa voiture, alors que la ferme où il vit est au nom de la première dame et sénatrice Topolansky, qui a également fait un don d’une partie de son salaire. Sans compte bancaire, sans dettes, il dort tranquille, et déclare espérer terminer son mandat pour se reposer avec encore plus de tranquillité sur sa petite ferme de Rincon del Cerro.
Le président Mujica qui se dit non croyant a pensé que son vice-président, profondément croyant, saurait apprécier mieux que lui d’être présent à l’assermentation du nouveau pape François. Aujourd’hui, c’est à sa demande que le pape François le reçoit comme un grand sage.
DEUX AMOUREUX DE LA SIMPLICITÉ ET DEUX PASSIONNÉS POUR SERVIR LES PAUVRES ET LES PLUS DÉLAISSÉS. EN EUX SE RENCONTRENT, CROYANTS ET NON-CROYANTS, POUR UNE HUMANITÉ TOUJOURS PLUS JUSTE ET PLUS HUMAINE. CEUX ET CELLES QUI S’OPPOSENT À CETTE VISION DU MONDE SONT LES VÉRITABLES ENNEMIS DE L’HUMANITÉ. LEURS NOMS SONT MENSONGE, CUPIDITÉ, HYPOCRISIE, VIOLENCE, POUVOIR ET DOMINATION.
Le bien vivre doit s’imposer aux ambitions du mieux vivre. Dans ce dernier cas c’est la porte ouverte à la cupidité et aux ambitions de conquêtes lesquelles sont sans limites.
Nous n’en sommes plus à une confrontation entre croyants et non-croyants, mais entre humanistes et sapeurs d’humanité.
Oscar Fortin
Québec, le 1er juin 2013
http://www.courrierinternational.com/article/2009/10/22/une-sorte-de-lula-bis
http://www.ambito.com/noticia.asp?id=691069
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