Accepter la misère d’êtres humains, c’est se déshumaniser soi-même. Le monde entier s’est levé, le 17 octobre 2008, pour célébrer la Journée mondiale du refus de la misère. Cette Journée a été initiée en 1987 par des activistes des droits de l’homme, regroupés autour du père Joseph Wresinski (1917-1988), qui est le fondateur de l’organisation internationale non-gouvernementale de lutte contre la grande pauvreté et l’exclusion-ATD Quart Monde. Elle a été officiellement reconnue par les Nations unies à partir de 1992 comme la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Depuis lors, chaque année, la Journée mondiale du refus de la misère est célébrée le 17 octobre à travers le monde.
Les objectifs majeurs de la célébration de cette journée portent sur la mobilisation à l’échelle planétaire, des citoyens, des responsables publics et des décideurs privés sur le phénomène de la misère comme étant une violation des droits humains fondamentaux. C’est aussi une opportunité de communication pour faire comprendre à tous que la misère n’est pas un destin fatal, elle peut être combattue et vaincue comme l’ont été d’autres fléaux comme l’esclavage et l’apartheid. Enfin, c’est une occasion pour rendre hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence, plaider pour s’unir et proclamer la solidarité universelle avec tous ceux qui, partout dans le monde, luttent quotidiennement pour combattre la misère et la pauvreté.
Mais, puisque plus rien n´est sérieux, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, les idéaux, les principes, les dires, c’est théoriquement parfait, sauf que le grand problème reste au niveau des faits et des décisions qui ne suivent pas toujours. Pire encore, la célébration de la Journée mondiale de l’élimination de la pauvreté coïncide cette année avec les graves répercussions des crises alimentaire et énergétique qui continuent malgré tout et, surtout, avec l’avènement de la nouvelle crise financière qui bouleverse actuellement les plus grands marchés financiers du monde et balaye les économies colossales des pays les plus développés, au risque de saper les engagements mondiaux du millénaire visant à consacrer davantage de ressources aux pays pauvres, leur permettant de financer des programmes de développement durable et de lutte contre les changements climatiques notamment.
Déjà les prévisions de la croissance mondiale d’avant la crise financière montrent un fort ralentissement, notamment pour les États-Unis, la Grande-Bretagne, la zone euro et pour l’Afrique, dont le taux de croissance attendu cette année serait autour de 6,3 %.
Si, déjà, le changement climatique, les prix élevés des produits alimentaires et du pétrole ont assombri les perspectives de développement mondial en 2007, bien avant l’implosion de l’actuelle crise financière, peut-on se demander quelles seraient ces perspectives une fois conjuguées aux effets épouvantables de la crise financière ?!
L’alarme vient d’être donné au 12e sommet de la francophonie qui se tient du 17 au 19 octobre 2008 au Québec (Canada), où le secrétaire général des Nations unies a martelé l’importance de l’aide au développement et supplié les pays donateurs à ne pas réduire leur aide sous l’effet de la crise financière. "Nous devrons faire en sorte que la crise financière ne sape pas nos engagements visant à consacrer davantage de ressources au développement et à la lutte contre les changements climatiques… le mois prochain, la conférence internationale de suivi sur le financement du développement nous donnera une excellente occasion de tenir nos promesses", a déclaré M. Ban Ki-moon, devant plus de 2 000 participants au sommet de la francophonie. (Ndlr : la première conférence mondiale de suivi sur le financement du développement sera tenue du 29 novembre au 2 décembre 2008 à Doha au Qatar).
Le même message d’alerte a été relayé également par M. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne qui a mis en garde les nations riches contre la tentation de détournement de leur responsabilité sous le prétexte du terrible choc financier. "Ne nous soustrayons pas à notre responsabilité politique et à notre devoir moral parce qu’une autre crise moins spectaculaire peut-être, mais infiniment plus grave, frappe le monde en développement", a-t-il lancé aux conférenciers de Québec ville.
Si, aujourd’hui, 1 milliard de personnes souffrent de la faim, 1 milliard de personnes manquent d’un accès raisonnable à l’eau potable et 2,6 milliards de personnes, soit 75 % de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à l’eau, à la nourriture et aux services d’assainissement de base, l’universalité des droits de l’homme pourra-t-elle se réaliser véritablement sans l’éradication universelle de la pauvreté ?!
Les Nations unies, qui prévoyaient que, d’ici 2030, les pays en développement auront besoin de 30 milliards de dollars pour réaliser les OMD en matière d’eau et d’assainissement, 15 milliards de dollars pour enrayer la faim dans le monde sur une année, 100 milliards de dollars par an pour financer les activités d’atténuation du changement climatique et 28 à 67 milliards de dollars pour s’adapter à ce changement, ressentent, aujourd’hui, qu’il y a des raisons pour s’inquiéter sur la disponibilité de ressources financières minimales, nécessaires pour le financement du développement durable et la réalisation des OMD notamment.
Autant le dire clairement, dans de telles circonstances, il y a bien lieu pour que les pays pauvres se préoccupent pour leur sort. M. Barroso avait parfaitement raison : "Comment pourrions-nous justifier un jour d’avoir mobilisé tant de moyens et de volonté politique pour imaginer des solutions à la crise financière et de n’avoir rien tenté face à l’injustice de la faim ?" C’est bien le fond du problème. Accepter la misère d’êtres humains n’est-il pas se déshumaniser soi-même ?
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Très bon article ! qui pose clairement la question de l’éthique.
Un homme qui a faim est intolérable ! C’est l’image de la souffrance, de la violence conjugués au quotidien de ce monde que des lois mercantiles veulent régir selon leur règle...
Outre cet "humanisme" dont jj’avoue que je ne puis me débarasser facilement, il existe d’autres notions. Un monde meilleur pour ceux qui survivront. Et là je dois bien avouer que je rejoins l’analyse de quelques personnes qui semblent bien peu soucieuses du bien être d’autrui... sans pouvoir adhérer aux moyens qui seront fort probablement utilisés et que l’on peut prévoir.
Tout le paradoxe entre un amour universel et l’analyse globale qui est de préserver un poucentage pour sauver l’espèce...
Présentée de la sorte, l’équation est intsouenable, et fort comparable à notre "économie" de marché, fuyant toujours plus avant dans sa course folle vers... le cahos intégral !
A soixantes berges, je ne suis pas sûr d’échapper à la vision cauchemardesque d’un monde déliquescent qui vient seulement d’entamer la pente descendante de la courbe de Gauss... que rien ne peut semble t-il arrèter !
J’eus préféré, peut être, vivre à une autre époque, bien que toutes celles que nous ont rapporté l’histoire sont parsemées d’embuches à la paix qui reste ainsi à l’état de voeu pieu... Je n’ai pas choisi !
Je souhaite que chacun puise à ses ressources les plus vitales, cette tendance vers Agappé. même si celle-ci est "dépassée" par une bien triste réalité.
Dites-moi mon cher Monsieur, quel est le but de votre article ?
La multiplication d’innocents qui seront destinés à mourir de faim, ou au combat (pour survivre) ? ? ?
Vous utilisez un raisonnement de séminariste jésuite, curieux pour une personne dont la religion est probablement Musulmane.
Vous comptez nourrir l’explosion démographique que nous pouvons présager, si nous suivons vos conseils éclairés, avec quoi ? Le plancton, les insectes ? À moins qu’ils ne retournent au cannibalisme, je ne vois pas d’issue… ?
Mais peut-être oserez-vous, proposer votre plan à l’Arabie Saoudite, Aux Émirats Arabes Unies ou au Koweït, ils disposent de centaines de millions de pétrodollars ! Un placement charitable, fructueux, à ne pas manquer cher Monsieur !
Je subodore, qu’affaiblir l’Occident avec votre sermon, vous permettrez de le conquérir plus facilement… ! ? !
Soit vous ne savez pas lire, soit vous êtes ignoble....
"1 milliard de personnes souffrent de la faim, 1 milliard de personnes manquent d’un accès raisonnable à l’eau potable et 2,6 milliards de personnes, soit 75 % de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à l’eau, à la nourriture et aux services d’assainissement de base"
C’est ce dont il est question. La faim, la misère ! Tout simplement cela. Des êtres humains qui ne mangent pas à leur faim.
Franchement vos allusions à la religion m’échappent. Un peu d’humanité s’il vous plaît. Allez vomir ailleurs !
Je viens de regarder aujourd’hui un documentaire qui reprend exactement et de manière bien mieux détaillée les notions que j’ai abordées ici plus haut j’espère vous en faire profiter... ! Je le tiens pour un des meilleurs sur le sujet actuellement.
Bonsoir à tous, Un grand merci à Bobby. Je vous remercie infiniment pour la bonne appreciation de mon article et pour votre enrichissant commentaire. J’ai vu le film "Zeitgeist Addendum". C’est fantastique ! vous avez raison de le compter parmi les meilleurs au sujet de la crise contemporaine de l’humanité, dont l’intégrisme, la violence, le terrorisme, la crise financière, la guerre, la famine, etc... ne sont que de simples ingrédiens ! La vrai crise, elle, est avant tout un état d’esprit. Voulez-vous continuer nos échanges sur Facebook ? c’est bien un plasir pour moi. Bien cordialement
Si les hommes des l ’Europe voulent conduire une lutte contre la pauvreté, apres moi, Ils doivent aussi de sentir qu’est ce que est la pauvreté. http://uk.youtube.com/watch?v=79lvuZQCZJI