Julian Assange gagne une bataille
La décision est tombée : l’Equateur a décidé d’accorder l’asile politique au fondateur de wikileaks. Réfugié à l’ambassade à Londres celui-ci devrait théoriquement ne plus être extradé. Mais le gouvernement britannique persiste dans sa volonté. On s’achemine d’une manière ou d’une autre vers une épreuve de force.

On se souvient des raisons troubles qui ont conduit à son arrestation. D’un côté une accusation de viol - selon une disposition très particulière de la loi suédoise - qui survient dans des conditions qui posent question, de l’autre la publication par wikileaks de documents classés secrets aux Etats-Unis. La Suède et l’étrange accusation pourraient servir de relais pour l’extrader ensuite aux USA où il risque jusqu’à la peine de mort.
L’accusation de deux femmes, survenue après qu’elles se soient vantées sur Facebook de la relation sexuelle avec lui, est bien opportune dans ces conditions. On sait aussi qu’une des deux femmes, la féministe radicale Anna Ardin, a écrit un mode d’emploi pour se venger d’un homme qui vous aurait trahit. La juge suédoise n’aurait d’ailleurs pas jugé utile d’interpeller Assange au moment de l’accusation, alors qu’il était en Suède, mais bien plus tard alors que celui-ci était en Angleterre.
Il est légitime que la justice enquête quand un crime réel ou inventé est dénoncé. Mais pourquoi ce retard alors que tout aurait pu être fait rapidement sans donner autant de publicité à cette accusation, la plus salissante pour un homme rappelons-le, et qui atteignait forcément l’image d’intégrité morale de Julian Assange ? Comme s’il n’y avait eu aucun intérêt à faire une enquête sans cette publicité - qui de plus est une violation du secret de l’instruction. Mais cela, on en a l’habitude. C’est monnaie courante aujourd’hui. Surtout dans ce genre d’accusation.
Fallait-il tuer publiquement Julian Assange pour affaiblir wikileaks ?
Aujourd’hui donc l’Equateur offre l’asile à Julian Assange. Mais l’Angleterre a déjà affirmé qu’elle ne le laisserait pas quitter son territoire. La dimension que prend cette affaire laisse de plus en plus penser que l’enjeu est plus grave qu’une accusation opportune produite dans des conditions troubles, par un pays aux mains des féministes radicales.
Je ne suis pas fan d’Assange et je ne suis pas convaincu que la diffusion de documents secrets soit de nature à améliorer la paix dans le monde. De plus les précédentes publications n’ont guère eu d’effet sur la marche du monde. Je peux également comprendre qu’un Etat ait une part discrète dans sa politique internationale. L’établissement d’une paix mondiale ne passera probablement pas par la dénonciation du cynisme politique, cynisme dont tous les Etats font preuve avec application et que les politiciens en général usent sans trop d’état d’âme.
Mais, même si je ne dispose que des éléments fournis par la presse, quelque chose m’empêche d’accorder du crédit à la manière dont on nous a déroulé l’affaire. Il semble difficile de faire abstraction de sa dimension politique.
L'affaire n'est de toutes façons pas finie. Aujourd’hui l’ambassade ressemble à un camp retranché : policiers, journalistes, télévisions, manifestants occupent le trottoir. La presse parle même d’un possible assaut contre la représentation équatorienne, sans pouvoir fonder cette menace. Jusqu’où ira Londres dans le bras de fer avec l’Equateur ?
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