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Kagamé - Judi Rever [1] : (3/n)[2] : « Les mondes du silence : les armées ». Première partie : Lcol Rose Kabuyé.

Quand on parle de stratégies on pense de suite aux tactiques militaires ..... et c’est bien entendu ce dont il devrait être question maintenant, même si on n’aborde ici qu’un seul des aspects de ces « mondes du silence ». En effet, ne dit-on pas que les armées sont (ou devraient être) les grandes muettes dans nos démocraties ? Il doit donc y avoir beaucoup de non - dits stratégiques qui mériteraient d’être explorés, impérativement !

Mais alors, qu’a donc à voir, dans tout cela Judi Rever et son livre « In Praise of blood » dont on parle depuis quelques temps ? On pourrait de suite évoquer le Général Roméo Dallaire ou le Capitaine Guillaume Ancel, mais ce serait une approche inappropriée, parce que « prématurée » tant ce sujet reste d’une actualité « brûlante ».

Il serait intéressant, par contre, de commencer par les protagonistes Rwandais, les premiers intéressés ! Bien entendu, les récits du livre de Judi Rever ne commencent que bien après le Génocide des Tutsis du Rwanda (1994) puisque c’est au cours de la première et de la deuxième guerre du Congo qu’elle a fait son chemin de Damas (1996-1997 et 1998-2002), l’invasion du Rwanda par l’Ouganda datant du 01/10/1990 !!! .... Alors que dit-elle des principaux protagonistes militaires rwandais de ces guerres ? Ils devraient être considérés et jugés comme acteurs, complices par instigation et/ou co-auteurs de ce qui pourrait se révéler comme un « autre » génocide. Le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 étant labellisé « dernier génocide du XX IIème » siècle, l’autre, celui des Hutus et des Congolais dans les guerres du Congo, devrait l’être comme le premier du XXI ième siècle[3]. Mais Judi Rever ne va, malheureusement pas, tout à fait, jusque-là !!!

Et donc, à tout Seigneur tout Honneur : Paul Kagamé le Général-Président à vie du Rwanda. Judi Rever le cite au moins 60 fois. Ce serait étonnant qu’il en soit autrement. Mais si tout ne sera probablement jamais dit (ou plutôt longtemps tu) à propos de Kagamé (compte tenu des intérêts financiers de ses amis-requins bien connus : Tempelsman, Boule, Gertler, Blair, Michel, Davignon, Eyskens, Clinton, Rice, Albright, Halliburton, Monsanto, etc. etc.) ce n’est pas dans le texte de Judi Rever qu’on trouvera quoi que ce soit de neuf pour combler les espoirs de vérité et de justice que des millions d’Africains nourrissent depuis tant de temps ..... Les faits qui pourraient nous sembler nouveaux, à nous, elle les avait déjà dénoncés depuis belles lurettes dans la presse anglophone canadienne. Mais les frontières linguistiques, les barrières des langues et leurs gardes (barrières), les chapes de plomb, les murs de caoutchouc, les spirales du silence de nos médias ont fait qu’on n’en a quasiment pas entendu parler (du moins sur le ton que Judi Rever adopte « maintenant ») de ce côté-ci de l’Atlantique Nord.

Une parenthèse : mes billets reçoivent environ 2.000 « visites » mais les commentaires varient d’une curieuse manière de 50 à 2...comme si il y avait une « obstruction »....Etrange ! ?

Passons alors, de suite, aux rangs inférieurs des autres seigneurs de ces guerres. Leurs parcours sont certainement caractéristiques. Parmi toutes les stars de Karake à Karageya (†), de Kabarebe à Rwigyéma (†), de Sam Kaka à Lizinde (†), de Nkundabatware à Kanyarengwe (†), de Nziza à Mutabazi (†), de Nyamwasa à Sendashonga (†), de Bosco Ntaganda à Rubiliza (†), de Kabuyé (David) à Bayingana (†), de Rudasingwa à Bunyenyezi (†), de Nyamwassa à Ntirugiribambe († ?), etc., etc. ; un choix cornélien s’impose car s’ils ne sont pas tous encore morts, ils sont tous probablement « en sursis ». Et s’il fallait n’en retenir que trois de ces stars, on pourrait se limiter à celles – ci : la Lieutenant-Colonel Rose (Kanyange) Kabuyé, le Major Théogène Rudasingwa et le Général Kayumba Nyamwasa.

Rose Kabuyé : sa biographie (anthume, jusqu’à nouvel ordre) nous la montre comme un des « bras » droits de Kagamé lorsqu’elle assistait aux briefings de l’Etat Major du FPR à Mulindi, en 1991, tout en allaitant « son » bébé de deux mois. Elle aurait participé aux pourparlers de Paix d’Arusha, jusqu’en 1993, et donc connaîtrait pas mal (trop ?) de choses sur la tactique du « talk and fight », chère à Paul Kagamé. Après la victoire du FPR, elle devient Mairesse de Kigali, première femme (lieutenant-colonel, en plus) à occuper ce poste. Elle est décrite comme particulièrement violente puisqu’elle serait allée jusqu’à gifler publiquement (de sa « propre » main) un fonctionnaire hutu de ses services .... Ensuite elle a été vue dans une vidéo ou elle aurait, en kinyarwanda, menacé de mort des Hutus terrorisés[4]. La traduction anglaise qu’elle aurait faite de ses propos et le kinyarwanda de ce qu’elle aurait dit « différeraient » dans la signification des mots employés (tout l’art de l’ubwenge[5]). Selon un informant de Judi Rever, Rose Kabuyé, alors qu’elle visitait un camp de Hutus « déplacés » à Ndéra, dans les environs de Kigali, début juin 1994 (donc, avant la fin du génocide), se serait plaint que le nombre de Hutus qui avaient été assassinés n’était pas satisfaisant[6] (« complained that the number of Hutus who had been killed was unsatisfactory »). Rose Kabuyé est alors devenue l’héroïne d’un film « Kinyarwanda »[7] d’Alrick Brown. Dans le rôle de Rose Kabuyé, Cassandra Freeman dit du personnage qu’elle incarne : « She’s like the Martin Luther King Jr. of Rwanda. She is known for ending the genocide... »[8] (Sic !). Le film[9] n’a pas connu de carrière fracassante escomptée, compte tenu des déboires que Rose Kabuyé a connus suite à son escapade parisienne avec les deux Bernard (Kouchner[10] et Maingain[11]). Elle a été arrêtée le 9 novembre 2008 à l'aéroport de Francfort alors qu'elle « préparait le protocole d’une visite privée de Paul Kagamé à la Bourse de cette ville (sic !) ». Selon le ministère allemand des Affaires étrangères, elle avait été prévenue qu'elle risquait d'être interpellée si elle posait le pied en Allemagne. En effet elle était sous le coup d’un mandat d’arrêt international que le juge Bruguière avait émis contre neuf proches de Kagamé dont évidemment (et peut-être la plus « proche ») Rose Kabuyé. Suivant la presse allemande, elle n’a pas protesté, pas plus qu’elle n’a émis la moindre réserve quand on lui fait savoir qu’elle était placée sous écrou extraditionnel à destination de la France. Rose Kabuyé contredit cependant ces affirmations, disant avoir été "très surprise d'être arrêtée". Notons que François Soudan rapporte le contraire dans Jeune Afrique du 16 décembre 2008[12] . Or tant Bernard Kouchner que Paul Kagamé, lui-même, ont finalement reconnu qu’il s’agissait d’une stratégie, d’un stratagème monté d’un commun accord entre Paris et Kigali pour obtenir l’accès, pour les avocats Maingain et Forster de Kagamé, au dossier d’instruction du juge Bruguière relatif à ces fameux mandats d’arrêts du 23/11/206[13], émis dans le cadre de l’enquête française sur l’attentat du 6 avril 1994, déclencheur du Génocide des Tutsi du Rwanda. Seul scénario crédible ? La question est légitimement posée ! En effet, Rose Kabuyé n’aurait-elle pas plutôt, profité de l’occasion pour tenter de faire d’une pierre deux coups : lâcher Kagamé et trouver un refuge temporaire à l’étranger ? Par « malheur », son plan aurait échoué car sa mère, son mari et ses enfants n’ont pu coordonner leur évasion du Rwanda et sont restés « otages » de Kagamé. Ce qui expliquerait que Kagamé se soit rendu, en personne, à la prison de Francfort, le 10 novembre pour rappeler à Rose Kabuyé quel était le sort réservé, à l’époque (et maintenant), aux Intorés attachés à la Cour Royale quand leurs parents, féaux du Mwami, avaient des velléités de trahison .... Rose Kabuyé est extradée d’Allemagne vers la France le 12 novembre 2008 .... elle est mise en examen...mais restait « libre » et rentre au Rwanda, fin décembre, tout en restant à la disposition du tribunal. De retour à Paris le 19 mars 2009 elle est « libérée » en avril et retourne au Rwanda. Serait-elle toujours à la disposition du tribunal de Paris ? Toujours est-il qu’elle tombe, surprise !!!!, en disgrâce aux yeux de Kagamé en septembre 2010, pour « incompétence » et « fautes professionnelles » commises dans l’ « exercice de ses fonctions » (rien de moins !). Ce qui est le plus étonnant c’est que son cher ami Kouchner et ses avocats, Maingain et Foster, se taisent en chœur et leur silence est assourdissant devant cette disparition inquiétante des écrans radars de la Martin Luther King du Rwanda. Surtout que Kouchner, son cher et tendre ami, recommence à orbiter dans l’entourage présidentiel de Macron, tel un Benalla humanitaire, mais ne semble pas devoir s’enquérir auprès de son vieil ami Kagamé (justement en visite chez Macron, en mai 2018), du sort réservé à « sa » Rose Kabuyé. Et comme une suite logique, les avocats Maingain et Forster « peuvent désormais accéder » à la partie de l’enquête (en cours et donc couverte par le secret de l’instruction !) pour connaître les noms de témoins que les juges Marc Trévidic, Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux désiraient entendre. Ce qui sera rendu impossible car ces témoins[14] disparaîtront mystérieusement. Les avocats, cités ci-dessus, ayant jugé bon de prévenir Kigali de l’identité et de la localisation de ceux-ci. Maingain et Forster ne se sont pas cachés d’avoir posé ces actes pour le moins étonnants ; se retranchant derrière le devoir de la « défense » de « signaler des présumés témoins à charge » à la « partie présumée innocente » (afin de faire disparaître ces témoins, jusqu’à preuve du contraire)............

Mais pendant ce temps-là que devient Rose Kabuyé ?....Nul ne le sait et ce sera matière à enquête complémentaire pour Judi Rever, ce qui ne lui rendra pas la vie en rose ....

A suivre ( ?) : deuxième partie : Le Major Thé

 

[1] “In Praise of Blood”. The crimes of the Rwanda Patriotic Front – Random House Canada

[2] n=(a+ib) soit « n » nombre complexe, encore indéterminé », dont « a » est la partie réelle et « ib » la partie imaginaire

[5] CàD “casuistique jésuite”

[6] “In Pr aise of Blood” - pp 110-113

[8] « Elle est comme le Marti Luther King Junior du Rwanda. Elle est connue pour avoir arrêté le Génocide »

[9] Le scénario, tel un conte de fée, truffé d’inexactitude et d’enfumage, est repris par François Soudan et est à lire sur http://www.jeuneafrique.com/187765/societe/moi-rose-kabuye-prisonni-re-de-l-tat-fran-ais/........... risible et enfantin !

[10] The French Doctor, Fondateur de MSF, célèbre pour les Sacs De Riz de Somalie et pour la Maison Jaune du Kosovo

[11] Un des avocat de Paul Kagamé avec Léon Lef Forster et Pierre Richard Prosper

[14] Émile Gafirita et Jean Chrysostome Ntirugiribambe


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