Ken Loach et le Brexit
Metteur en scène légendaire jouissant d’une renommée internationale incontestée, Ken Loach a réalisé plus d’une soixantaine de films et de documentaires pour le grand et le petit écran. Lauréat de la Palme d’Or 2016 pour son film à caractère social : Moi, Daniel Blake, c’est un habitué de la croisette. En 2006, il reçoit sa première « Golden Palm » pour le film -bizarrement traduit en français- « Le vent se lève », une tragédie moderne qui retrace la vie de deux frères emportés dans le tourbillon de l’indépendance irlandaise ; un chef-d’œuvre. Au Royaume-Uni, le British Film Institute a nommé son long métrage Kes (1969) le septième meilleur films anglais du 20e siècle. La Berlinale le récompense en 2014 avec l’Ours d’or d’honneur.
Ken Loach, un artiste et intellectuel engagé
Docteur honoris causa d’une demi-douzaine d’universités prestigieuses, c’est un intellectuel de premier ordre qui depuis un quart de siècle est à l’avant-garde des luttes sociales au Royaume-Uni.
Ken Loach, âgé de 80 ans, est paradoxalement beaucoup moins connu dans son pays d’origine, le Royaume-Uni, que dans le reste de l’Europe, et en France notamment, où on le classe parmi les cinéastes les plus influents du cinéma contemporain.
En Grande-Bretagne, on lui reproche sa critique cinglante et désagréable de la fracture sociale qui défigure la société britannique. Il partage le sort du dramaturge et prix Nobel Harold Pinter et de tous les artistes engagés qui honnissent l’establishment anglais. Pinter décrivait cet ostracisme comme un mélange de moquerie et de mépris. Il suffit de lire le critique cinéma de The Guardian, Peter Bradshaw, pour s’en convaincre.
Ken Loach universellement ignoré par les grands médias de la sociale démocratie britannique est cependant très écouté dans les rangs de la gauche radicale. Il a rompu avec le parti travailliste blairiste à la fin des années 90. Il a milité avec la gauche de la gauche depuis le début du troisième millénaire. Membre du parti politique Respect en 2004, puis du très radical Trade Unioniste and Socialist Coalition (TUSC) en 2012 et du non moins radical de Left Unity en 2013. Il est redevenu un supporter du Labour depuis la nomination de Jeremy Corbyn à la tête du parti en 2015.
Il s’est aussi attiré les foudres de la presses anglaise et internationale de droite pour ses prises de positions anti israéliennes et a fréquemment appelé au boycott des festivals sponsorisés par les deniers israéliens, notamment au festival international du film de Melbourne avant lequel il a retiré de la compétition sa comédie « Looking for Eric ». En 2010, il a aussi publiquement pris position pour la libération de Julian Assange avec les journalistes John Pilger et Jemmina Khan.
Ken Loach et le parti travailliste de Jeremy Corbyn
L’interview que nous vous présentons et que vous trouverez en version intégrale et originale à la fin de ce papier, analyse l’actualité brûlante de la Grande Bretagne post Brexit à travers les yeux du réalisateur. Mais avant de vous la livrer, il nous appartient de très brièvement commenter les évènements qui y sont traités.
La démission de M. David Cameron (26 juin 2016) laissait présager la nomination d’un successeur idéologiquement plus à droite que son prédécesseur. Ce fut en effet, l’ancienne ministre de l’Intérieur (2010-2016), Mme Teresa May. Ken Loach la considère tout aussi coupable -entendez : extrémiste- que son ancien patron : « Teresa May a été au centre de ce gouvernement. Elle a souscrit à tout ce que celui-ci a mis en œuvre. Le démantèlement de l'État providence, la privatisation du Service National de Santé (N.H.S), et ainsi de suite... Donc, je ne vois pas en quoi, il y aurait le moindre changement. C’était une des plus ferventes. Ce qui est intéressant est qu'elle enveloppe son idéologie dans la rhétorique de la compassion ; c’est bizarre venant de quelqu'un qui a imposé les mesures les plus draconiennes jamais décidées contre les personnes les plus vulnérables de notre société. »
La compassion est une expression du populisme déboutonné de la droite britannique. Elle s’est déjà montrée très douée sur le sujet. Dixit le projet de « Big Society » de M. Cameron ; mesure phare de sa première campagne électorale. Une fois élu, celui-ci a vite remballé son BIG Frankenstein. En effet, imaginez le monstre néolibéral se métamorphosant en chantre de la solidarité et renonçant du même coup à son essence : « capitalisme pour les pauvres et communisme pour les riches. » Le projet est passé aux oubliettes de l’histoire de la démagogie et rappelle par son inanité tous les excès de la campagne des Brexiteurs de droite. A la différence près que le premier projet (Big society) donna le pouvoir à M. Cameron et que le second (Referendum du Brexit) le lui reprit.
Jeremy Corbyn, secrétaire général du parti travailliste britannique, un socialiste dans l’esprit du gouvernement social-démocrate anglais de 1945, est un anti blairiste, eurosceptique de gauche et défenseur à outrance de l’état providence. C’est un pur qui, loin de se situer très à gauche sur le spectre politique britannique, incarne le socialisme de grand-papa rebaptisé radical et anti patriote par l’Establishment, l’éditocratie et le New Labour.
M. Corbyn (Old Labour) entend nettoyer le parti travailliste anglais de la crasse blairiste et droitisante voire réactionnaire qui s’y est installée au point de le gripper ; il a engagé une lutte à mort contre les éléments de « l’extrême centre » qui prospèrent au sein de l’appareil.
Cette aile droite du parti travailliste a profité du Brexit pour paralyser le Labour (Entendons, le Old Labour) et remettre en question le résultat des élections qui virent Jeremy prendre le pouvoir en 2015. Une campagne de dénigrement sans précédent, orchestrée et financée par ces éléments droitiers bat les unes de la presse et des JT depuis la fin juin 2016. Les travaillistes sont maintenant extrêmement divisés ; d’un côté, les blairistes (New Labour) et autres éléments de droites dont la garde prétorienne se trouve au parlement ; 171 députés élus avant l’avènement de M. Corbyn et restés fidèles aux politiques d’austérité, aux guerres impérialistes, à une Grande Bretagne super nucléarisée et à une collaboration décomplexée avec le patronat. Cette faction défendue et consacrée par le tandem Blair/Brown, a désavoué le nouveau leader du parti après un vote de confiance historique (28 juin 2016). Seuls 40 députés sont restés fidèles à M. Corbyn. Le groupe des renégats, appelons-le « l’appareil », s’oppose de toutes ses forces à « la base » qui, elle, a voté massivement pour le changement et le nouveau leader.
Le coup de boutoir des 171 renégats eut pour conséquence de resserrer les rangs des corbynistes à l’intérieur du parti et d’augmenter de plus de 183.000 les nombres des adhérents favorables au Old Labour de Corbyn. Le candidat des 171 députés sécessionnistes, un certain Owen Smith, inconnu au bataillon il y a encore quelques semaines, n’a évidemment aucune chance d’être élu par cette base plus décidée que jamais à éjecter les apparatchiks blairistes. Elle parle aujourd’hui ouvertement de faire « des-élire » les députés renégats lors des prochaines élections générales de 2019.
Cette inscription en masse a tellement troublé la droite du parti qu’elle a passé le montant de la cotisation au Labour de 3 à 25 livres pour décourager les plus pauvres. Voyant que cela ne diminuait pas le rythme des inscriptions, elle a poussé des cris d’orfraie contre l’entrisme des trotskystes et de la gauche extrême dans les rangs de nouveaux adhérents ; et, victimes de sa propre propagande, elle a même été jusqu’à rejeter tous ces nouveaux venus sous prétexte que nombres de Tories avaient pris leur carte du Labour pour voter Corbyn qui, selon eux, n’aurait aucune chance de remporter les prochaines élections générales. Du grand guignol parano ! La droite du parti, plus grotesque que jamais, s’est alors attaquée à ces dizaines de milliers de nouveaux encartés, en demandant au National Executive Comity du Labour (NEC) de les priver du droit de vote lors des prochaines élections générales du parti qui se dérouleront en septembre 2016. L’hystérie fut à son comble lorsque, à court de stratégies, les blairistes demandèrent aux membres du NEC d’empêcher M. Corbyn de se présenter, vu qu’il lui était impossible de trouver le support d’au moins 51 députés comme le prévoit le règlement intérieur du parti. L’affaire a été portée devant les tribunaux et ceux-ci ont tranché le 28 juillet 2016. Le juge Foskett a déclaré licite la candidature de M. Corbyn. Celui-ci n’a pas manqué de faire entendre que dans un parti démocratique, le leader sortant peut se présenter à des élections anticipées provoquées par ses ennemis politiques. Les blairistes sont aujourd’hui au abois. Ils ont perdu toutes les batailles et se retrouvent au pied du mur : la scission ou rentrer dans le rang. Le 31 juillet, M. Corbyn a déclaré que les rebelles ne pourraient en aucun cas prendre le nom Labour au cas où leur candidat, M. Owen Smith, serait battu en septembre et que, dans la foulée, ils se décidaient en faveur de la séparation pure et simple.
L’interview
Afshin Rattansi : Que ressentez-vous pour ceux qui tentent d’empêcher Jeremy Corbin de se présenter aux nouvelles élections du parti travailliste ?
Ken Loach : Si vous suivez avec minutie les manœuvres au sein du parti travailliste pour le renverser, je dois dire que c’est à la fois profondément fascinant et déprimant. L’aile droite du NEC s’est clairement fourvoyée car l'exclure du vote est ouvertement anti démocratique quand on sait que les adhérents ont voté pour lui à une écrasante majorité. S’il elle l'inclut, il va être réélu. Elle s’est complètement fourvoyés. Ils n’ont pas bien préparé leur coup et ils finiront pas l’inclure. Je fais confiance aux membres du Labour qui auront le bon sens de se rendre compte que les attaques contre lui avaient pour but de lui porter atteinte et ce, dès le début et que nous devons le soutenir.
A.R : Quant à cet Owen Smith, qui est-il dans cette campagne ; lui qui affirme qu’il aurait voté contre la guerre en Iraq s’il avait été député, bien qu’il ait voté pour la guerre en Libye et le projet de sous-marins nucléaires Tridents. Que pensez-vous de lui comme candidat de gauche ?
K.L. : Eh bien, tout dépend ce que vous entendez par « de gauche ». Je ne sais pas ; est-il prêt à renationaliser les chemins de fer anglais comme le demandent les membres du Parti travailliste ? Veut-il supprimer l’ensemble des entrepreneurs privés qui travaillent pour le Service National de Santé, et ainsi de suite ? Veut-il investir dans la construction de nouveaux logements ? Je ne sais pas. Cela dépend de comment vous définissez « de gauche ». C’est très clairement est un homme de peu d'expérience. Jeremy Corbyn est tout le contraire ; il comprend le Parlement et le Parti Travailliste. C’est la personnalité qui doit diriger ce parti maintenant.
A.R. : Et pourtant, certains de ceux qui soutiennent Angela Eagle, n’hésitent pas à dire comme c’est arrivé sur ce plateau : « Oh, vous ne comprenez pas vraiment que le problème c’est le chômage devenu culture et c’est pourquoi, par exemple, des suppressions de prestations sociales seraient utiles pour aider la classe ouvrière et les communautés qu'elle représente. »
K.L. : Ce qui importe vraiment c’est de quel côté vous êtes. Vous pouvez être né ouvrier mais si vous êtes du côté des employeurs et de ceux qui les représentent politiquement alors voilà ce qui détermine votre politique. Ramsey Mc Donald a été le pire leader travailliste qui ait jamais dirigé le parti. Il est né dans la misère et a fini par rejoindre les Conservateurs. Alors ... La question des sanctions touchant des prestations sociales est vraiment liée à ce que vous pensez des pauvres et si vous croyez qu’ils sont pauvres par leur faute, de sorte que la pauvreté est quelque chose que l’on doit leur reprocher. Si vous êtes un sans-abri, c’est de votre faute. Cette attitude punitive sous-tend vraiment les politiques Duncan Smith... Allez faire un tour à Pôle Emploi, ou aux restos du cœur et vous verrez ; histoire après histoire, des personnes sanctionnées pour des raisons absurdes. Nous avons rencontré des gens avec des histoires... quelqu'un par exemple, qui avait été sanctionné parce qu'il avait emmené sa femme enceinte à l'hôpital car elle était sur le point d’accoucher : sanctionné ; plus d’allocations. Des gens se sont rendus à des funérailles et ont pourtant notifié pôle Emploi ; sanctionnés eux aussi...
A.R. : Bien sûr, c’est la classe ouvrière Anglaise qui a été accusée de soutenir la sortie du projet néolibéral de l'Union européenne. Vous, cependant, vous avez appelé à voter pour rester dans l'Union Européenne.
K.L : Eh bien, il y a 2 choses à ce sujet. Tout d'abord. Ce sont les conservateurs qui ont voté OUT. Teresa May déclare qu’elle a voté pour le REMAIN (rester), mais dit-elle, dans le plus grand silence. Et elle est maintenant premier ministre. Jeremy Corbyn a fait campagne pour le REMAIN, mais ceux qui veulent le chasser lui reprochent de ne pas en avoir fait assez. Alan Johnson, qui était censé être à la tête de cette campagne a été tout bonnement invisible. Mais selon Barbara Eagle et les autres opposants, tout est de la faute à Jeremy. C’est absurde. Mais je pense que pour la gauche, c’est une question tactique parce que comme vous l’avez dit, l'Union européenne est un projet néolibéral. Il existe des directives et des mécanismes qui forcent à la privatisation. Ce qu'ils ont fait à la Grèce... où ils forçaient les Grecs à brader leur patrimoine, leur terre... C’est tout à fait méprisable. D'autre part, si nous laissons l’Union Européenne ; en fait, nous l'avons laissée, ma crainte est que nous nous précipitions vers l’abime et nous voyons déjà qu’ils veulent réduire l'impôt sur les sociétés ; cela signifie moins d'argent pour le Trésor Public ; cela signifie de nouvelles coupes sombres...
A.R. : Oui, d’accord, mais de quel côté êtes-vous ?
K.L. : Oui. Je suis pour le REMAIN parce dans le cas contraire ce serait se précipiter vers l’abime. Voilà le problème. Mais rester au sein de l’Union Européenne, c’est également établir des liens avec les partis européens comme la gauche de SYRIZA, comme Podemos...
A.R : SYRISA est devenu un parti pro austérité.
K.L. Oui, mais j’ai dit, la gauche de SYRISA.
A.R : Est-ce que vous craignez qu'en quittant l'Union européenne, nous créions une situation type Weimar. Avez-vous franchement peur d'un fascisme ouvrier en Angleterre ?
K.L. : Je pense que la droite extrême profite de la situation actuelle. On le voit à travers toute l'Europe, en France et en Europe de l'Est. Oui, l'extrême droite gagne du terrain. Et c’est très dangereux parce qu'elle utilise une propagande simple : vous êtes en difficulté, ce type-là va prendre votre travail. Vous êtes en difficulté, cette personne va prendre votre maison. Et si en plus, il a couleur de peau différente, ce sera plus facile de les identifier. Ce que la gauche dit est plus complexe. Elle dit que nous devons changer de modèle économique pour donner à chacun une vie digne. Donc, oui, il y a un danger incontestable.
A.R : Avant David Cameron, 60.000 personnes qui avaient recours aux banques alimentaires au Royaume-Uni ; aujourd’hui, on en compte plus d’un million. Il y a bien sûr l'argent pour la guerre. L’ingérence humanitaire est défendue par Owen Smith, Teresa Aigle, et évidemment par Teresa May. N’est-il pas étrange que -vous en avez précédemment parlé dans votre film Terre et liberté sur l'intervention humanitaire en Espagne-, ce soient ces mêmes personnes qui préconisent aujourd’hui l'ingérence humanitaire en Libye, en Afghanistan, en Irak ou en Syrie ?
K.L. : En Espagne, ce fut une guerre contre le fascisme et contre le renversement d'un gouvernement élu qui voulait mettre en œuvre un programme de réforme sociale. Aujourd’hui, nous avons affaire à des guerres d'intervention pour établir la domination occidentale et un accès direct aux matières premières, notamment au pétrole, mais l’Occident veut surtout conserver son emprise sur ce que nous appelons le Moyen-Orient. Vous devez donc regarder la politique. Je ne suis pas un pacifiste absolu. Comme toute personne décente, je répugne à l'idée de la guerre. Vous pouvez défendre un pacifisme total, mais il faut aussi regarder les raisons politiques de l'intervention. Les interventions en Irak et ailleurs n’ont jamais eu pour objectif de sauver des vies. Nous avons tué des centaines de milliers de personnes en Irak. Des centaines de milliers de personnes, et des soldats britanniques. Les responsables ne sont autres que Blair et son cabinet. Et il y a aussi une responsabilité collective. Donc, à mon avis, tous les membres de ce cabinet qui paient encore leur adhésion au Labour, devraient être exclus du parti. Jeremy Corbyn, Dieu merci, a présenté ses excuses au nom du parti pour cette guerre et a dit que si Blair devait... je l'espère, si Blair devait être convoqué par le Parlement, le parti travailliste soutiendrait les mesures punitives qui seraient décidées contre lui.
A.R. : Vous avez réalisé des films dans le monde entier, certains sur les coups d’états en Amérique centrale organisés par les États-Unis. Quelle est l'importance de l'Amérique latine et de l'Amérique centrale, de Cuba, ici en Grande-Bretagne ?
K.L. : Bien. L'Amérique latine est l’endroit où les Etats-Unis ont impitoyablement renversé des régimes démocratiques ; impitoyablement soutenu des dictateurs et opprimé les mouvements sociaux qui luttaient pour le changement ; ils l'ont fait au Chili, au Nicaragua ; ils ont tenté de le faire à Cuba. Je pense que la politique suivie en Amérique centrale nous dit clairement tout ce qu'il faut savoir sur les intentions de l'Occident et celles des USA en la matière ; donc le fait que Jeremy soutienne le mouvement à Cuba est très important et je pense que tous ceux qui suivent les affaires internationales devraient l'applaudir pour cela.
A.R. : En tant que cinéaste, comment pensez-vous que les médias, Hollywood, la culture en général, empêchent les gens d’y voir plus clair ?
K.L. : Eh bien, si vous basez votre regard politique sur Hollywood, l'Amérique est le défenseur de la paix, de la justice et de la démocratie, un revolver au poing. Et bien sûr, nous savons que c’est absurde. L'Amérique est un état impérialiste va-t’en guerre, très agressif. La vieille tradition de l'Amérique ; le blitz, le mouvement qui permit la naissance des premiers syndicats, les luttes contre le racisme ; tout cela tend à être oublié ou sentimentalisé. Les super productions d'Hollywood donnent une image erronée de l’Amérique. Mais je pense qu’ici au Royaume-Uni, la véritable histoire des médias est, jour après jour, celle des diffuseurs nationaux et de la presse de Murdock. Ils présentent Corbyn comme un extrémiste de gauche, alors qu'en fait il tape plutôt dans le centre du meilleur instinct de personnes qui vivent dans ce pays. Il se réclame de l'instinct de 1945, du gouvernement instituant l'État-providence, par lequel nous devenons les gardiens, les protecteurs de nos frères et de nos sœurs ; grâce auquel nous nous aidons les uns des autres. Nous devons arrêtés les excès du marché. Il puise dans tout cela. Mais il est bien sûr présenté comme un être hostile.
Pour comprendre cet establishment, nous vous proposons la lecture d’un ouvrage du journaliste Owen Jones, une étude essentielle sur le sujet : The establishment.
Version originale de l’entretien que vous pouvez voir dans sa version originale ici en anglais
Q. Let’s just quickly talk about the new prime minister. Any real change in the British politics since Cameron ?
K.L. Well. Teresa May has been central to that government. She’s signed up to all what that government has done. The dismantling of the welfare state, the privatisation of the National Health Service, and so on… So I don’t see it can be any change. She’s bought into it. What’s interesting is that she dresses it in the rhetoric of compassion ; bizarre from someone who’s imposed what has been the most draconian measures against the more vulnerable people in society.
Q. Meanwhile, the party that you left, and have been supporting recently, is in a kind of turmoil/ What did you feel about those who try to stop Jeremy Corbyn standing in the election for U.K. Labour party ?
K.L. Well. If you follow the minutia of this manoeuvring within the Labour party to unseat him ; it’s endlessly fascinating and depressing in equal measure. The right wing on the NEC was clearly caught because if they were to exclude him from the vote for leader, that’s plainly undemocratic because the membership voted him by massive majority. If they were to include him, then he will get back. So they were caught. They hadn’t though it through and obviously they decided to include him. I trust the Labour members will have the good sense to realize that the attacks on him had been to undermine him from the very beginning and that we need to support him.
Q. And this Owen Smith person who is now in the race ; who said he would have voted against the Iraq war if he’d been in parliament although he voted for the Libya war and the Trident. What do you think of him as a left wing candidate ?
K.L. Well, it depends how you define left wing, isn’t it. I don’t know ; would he renationalise the railway as the Labour Party members want (Je ne sais pas s’il serait en faveur de renationaliser les chemins de fer anglais, comme le souhaitent les membres du Parti Travailliste ?) Would he remove all the private contractors from National Health Service and so on. Would he invest in council housing ? I don’t know. It depends how you define left wing. I mean, clearly, is a man of little experience. Jeremy Corbyn has been there for many years, understands parliament, understands the Labour Party. He’s the national person to lead that party now.
Q. And yet some of those who support Angela Eagle, were there working class credentials on these issues and often as someone said on this program ; “Oh, you don’t understand because this problem is cultural worklessness and that’s what for example benefit sanctions would be usefull in helping the working class and the communities they represent.
K.L. Yeah. I mean really. It doesn’t depend which side ??? ; it really matters which side you are. And if you may be born into working class background, but if you are politic side with the employers and those who represent them politically then that determines your politic. Ramsey Mc Donald was the worst leader Labour ever had. He was born into dire poverty and ended up joining the Tories. So… The issue of benefits and sanctions on benefit really is about sharing if you are poor it’s your fault so the poverty is something to be blamed for. If you are homeless, it’s your fault. And that punitive attitude really underpins Duncan Smith policies… and you only have to go to any job centre, to any food bank and story after story, you of people sanctioned for absurd reasons. I mean we came across stories… somebody was sanction because he took his pregnant wife to hospital because she was in premature labour : sanctioned ; no money. People went to a funeral and notified the job centre ; still sanctioned…
Q. We will definitely have you on the game with your Palme D’or winning film comes out here in Britain. Of course, it was the working class of England who was credited to supporting the exit from the neoliberal project form the European Union. You, however, wanted people to vote for remain in the EU.
K.L. Well, there are 2 things about that. First of all. It was the Tories who voted out. Teresa May voted to remain, she said, but with silent. And she’s now prime minister. Jeremy Corbyn said to remain, but he is yet blame from these who want to kick him out for not doing enough. Alan Johnson who was supposed to be leading remained on this parade invisible. Only Jeremy according to the Eagle and the others who try to kick Jeremy out blame him. I mean : nonsense. But I think for the left it was a tactical issue because as you said, the European Union is a neoliberal project. There are directives that force privatisation. What they’ve done to Greece… where they were forcing the Greeks to sell their National treasure, land… I mean, it’s quite despicable. On the other hand, if we leave, as we have left, the fear is it will be a race to the bottom and already we see the plan to cut corporation tax ; that means less money to the exchequer ; that means more cuts…
Q. Okay but which side are you on ?
K.L. Yes. I was on to remain because if we’d left it would be a race to the bottom. That’s the problem. But the reason to remain in is also to link up with the European parties like the left of SYRIZA, like Podemos…
Q. Is your fear that by leaving the European Union we create a Weimar situation and you are frankly frightened of a working class fascism in England ?
K.L. I think the far right has got a purchase. And you can see it across Europe, in France and in Eastern Europe. Yes, the far right has got a purchase. And it’s very dangerous because it’s a simple propaganda : you are in trouble, that person is taking your job. You are in trouble, that person is taking your house. And if they got a different colour skin, it will be easier to identify them. What the left is saying is more complex. It says we have to change the economic model to give everyone a life of dignity. So, yes there is a danger.
Q. Imagine food banks as people have been saying there are 60.000 people depending on food banks before David Cameron, now a million plus. There is of course money for war. Humanitarian interventionism is still supported by Owen Smith, Teresa Eagle, and obviously by Teresa May. Do you think is odd that -you previously made Land and freedom about humanitarian intervention in Spain, is often use by those that are now advocating humanitarian intervention in Libya, Afghanistan, Iraq or Syria ?
K.L. But you have to look at the politics in Spain. It was a war against fascism and against the overthrown of an elected government that had a program for social reform. Now, it is the wars of intervention to establish western dominance in that region to get access to their raw material like oil but by far and large to put the West imprint in what we call the middle east. So you have to look at the politics. I am not a total pacifist. I would loath the idea of war like any decent person would. Then you can have a position of total pacifism but equally, you have to look at the politic for the reasons of the intervention. The intervention in Iraq and elsewhere are not about saving life. We killed hundreds of thousands of people in Iraq. hundreds of thousands of people and the British soldiers who went as well. The people who bear responsibility for that ; Blair and his cabinet. And there is collective responsibility. So, to my mind, all the members of that cabinet who still pay their Labour subs, should be expelled from the party. Jeremy Corbyn, thanks God, apologized for the war and said if Blair was to go… I hope if Blair were to be arraigned in parliament, the Labour party would support whatever punitive measures would seem necessary.
Q. Jeremy Corbyn, one of the leader of the anti-war movement, was lambasted in the press for attending a Cuban solidarity comity meeting when he should have apparently, said the media, been talking on television about things, talking maybe about Teresa May… You made films all over the world, also about central America and US back coups. What is the importance of Latin America and Central America, Cuba, here in Britain that Corbyn should have gone there, especially now given the pink tide seems to be receding ?
K.L. Well. Latin America is where the US have ruthlessly overthrown democratic regimes ; ruthlessly supported dictator and oppressed social movements for change ; they did it in Chile, they did this in Nicaragua, they tried to do it in Cuba. I think, th rpolitics in Central America tells us everything we need to know about the West intentions, about US intentions, so for Jeremy to support the movement in Cuba is very important and I think that anyone who understand international affairs, would applaud him for recognizing that.
Q. Given you are a film maker, how do you think the media, Hollywood, culture generally, helps to stop people connecting the dots ?
K.L. Well, if you get your politic from Hollywood, then America is the defender of peace and justice and democracy at the point of a gun. And of course we know that’s nonsense. America is an imperialist aggressive war mongering state under its recent leadership. The old tradition of America, the war blitz, the movement for early unions, against racism, that tends to be forgotten or sentimentalised. The hard-core Hollywood films dress up America in false clothes. But I think the real story of the media is, day by day here is what the national broadcasters do and the Murdoc Mail express press and that is to present Corbyn as some extreme left when in fact he taps into the centre of the best instinct of people in this country. Taps in the instinct of 1945 government establishing the welfare state. Where we are our brother’s keeper, sister’s keeper ; where we look out for each other’s. We stopped the gross excesses of the market. He taps into that. And he is presented of course in hostile clothes.
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON