Kim Jong-il troque son pays contre la survie de son régime
Wen Jiabao est venu récolter ce qu’il était venu chercher : un signe d’allégeance de la part du régime Nord-Coréen et surtout les clefs du pays... ou plutôt de la future province, plus encore solidement ancrée à la "mère patrie" par un nouveau pont frontalier, symbole parfait du succès du très controversé Projet du Nord-Est. Le tout accordé gracieusement et avec le sourire par les victimes de l’hanschluss, dans le cadre des spectaculaires célébrations de 60 ans d’amitié avec le grand frère communiste.
Kim Jong-il a sauvé la face : il vient certes d’échanger son pays contre la survie de sa dynastie, mais réussirait presque à faire passer cette honteuse trahison pour une victoire politique, l’abdication d’un leader absolu devant un simple Premier Ministre pour une spectaculaire réunion d’égaux à égaux, la mise au bûcher de l’indépendance nationale pour un triomphe du juche...
Dans l’histoire, ce sont les Etats-Unis d’Obama qui perdent totalement la face, servant essentiellement de lièvre pour faire mousser le Cher Leader : KIM est allé négocier au mieux les termes de sa reddition sitôt obtenu le précieux sésame, l’invitation à des discussions bilatérales avec les USA (soit pour le coup la validation d’un traitement d’égal à égal).
Nous voici donc revenus au statu-quo, également appelé "Six-Party Talks" : une mascarade mettant au coeur du processus de négociations les pays les plus opposés à la réunification. Pour rappel :
- le Japon ne veut pas se retrouver en périphérie d’un futur pôle de prospérité, et la récente publication d’une étude confirmant le potentiel d’une Corée réunifiée face à un Japon en déclin ne va pas aider Yukio Hatoyama dans sa stratégie de rupture avec les ultra-conservateurs nostalgiques de l’époque coloniale (voir "Le pays du soleil lavant ?").
- la Chine ne veut entendre parler que d’une seule forme de réunification : celle de tous les Coréens au sein de l’empire Chinois (voir "L’ultime Hanschluss")
Quant aux trois autres interlocuteurs de la Corée du Nord, ils ne se battront pas pour empêcher l’imposture :
- Obama a d’autres chats à fouetter que l’indépendance politique et culturelle des Coréens. Si la crise se résout sans qu’il ait à monter au créneau, ça lui fera des vacances. Et puis comme le prouvent sa décision de ne pas rencontrer le Dalaï Lama avant d’aller voir les Chinois, ou les profils très bas tenus par Hillary Clinton et Tim Geithner lors de leurs passage à Beijing, son Administration ne privilégie pas vraiment le conflit avec l’Empire du Milieu sur les sujets sensibles
- la Russie semble finalement vouloir laisser le terrain libre aux Chinois. A défaut de devenir le principal point d’entrée dans la péninsule, elle récoltera sans doute quelques retombées positives sans avoir à assurer elle-même la police
- la Corée du Sud ne donne tout simplement pas l’impression de comprendre ce qui se passe
A suivre...
blogules 2009 - voir l’original - également en Anglais sur blogules en V.O.
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