L’action passive de Occupy Wall Street
Les occupants de Wall Street dérangent les certitudes des institutions américaines par la simple voie passive de la désobéissance civile.
Le mouvement "Occupy Wall Street" ou OWS est une démocratie directe dans la sphère publique. Il se compose de participants spontanés venus de toutes les parties de la société. En effet, ce ne sont plus les seuls marginaux, hippies et anarchistes qui font ce mouvement. Mais, des personnes de tous âges, revenus et ethnies qui occupent Wall Street. Enfin, ces gens débattent de problématiques réelles de l'économie et de la politique.
Les protestataires manifestent devant les architectures symbolisant les principes de liberté et d'intégrité supposés régir les échanges économiques, politiques et culturels dans la société démocratique américaine. Ce sont ces valeurs qui auraient été perverties depuis 30 ans, et qui rendent légitime le mouvement des 99 %.
La dernière morale, ayant prévalu au cours du XXème siècle, est l'avidité dans notre monde et notre culture ultra-matérialiste. La population doit s'incliner devant le dollar tout-puissant, puisque toutes les politiques imposent cette coutume. Celui qui parvient à détourner un profit à son avantage est héroïque et vertueux, selon cette conscience collective ou archétypale du profit. Par exemple, les actionnaires de BP ont continué à accumuler des profits des puits, pendant que BP déversait des hectolitres de pétrole polluant dans le Golfe du Mexique.
L'Amérique ne peut résoudre le paradoxe, qui consiste à faire la promotion du profit privé, tout en garantissant le bien public, lequel exige la vertu. Les gouvernements successifs se protègent derrière le mythe des politiciens impuissants à produire le changement. Car les faits seraient quasimeent des nécessités structurelles, qu'aucun gouvernement ne pourrait changer à cause des lois inexorables du Marché.
La protection sociale est souvent ridiculisée et stigmatisée comme un cheval de Troie social, voire socialisant. L'Amérique ne parvient pas à concevoir un système de protection sociale, qui ne serait pas basé sur le profit. Finalement, une entreprise, qui ferait du profit sur la mort d'autrui, serait plus vertueuse, puisqu'elle fait du profit selon les règles souveraines de l'entreprise libérale garantissant les libertés.
Le mouvement OWS provoque des questionnements qui dérangent, d'ores et déjà, les institutions américaines et occidentales. Si la réflexion est engagée jusqu'à son terme, elle entraînerait des conséquences et des changements, qui forceraient les gouvernements à renier leurs politiques depuis ces 30 dernières années. Le contexte de OWS, dépourvu de leader, est une inconnue, qui déstabilise les gouvernements et les politiciens, dont le fonctionnement et les actions sont basés sur une structure hiérarchique.
Le mouvement OWS ne peut s'intégrer dans les processus et les protocoles habituels de la politique. En revanche, les politiciens traditionnels ne trouvent aucune prise, pour contrer ce mouvement. Car il est sans tête ou sans figure emblématique, qui pourrait cristalliser les réactions critiques.
OWS pose de vraies questions. En 2007, 10 % de la population américaine contrôlaient 73 % des richesses crées pendant l'année dans le pays. Dans les couches basses, 90 % de la population contrôlaient 26, 9 % des richesses. Les promesses de croissance et de partage des richesses, annoncées pendant la présidence Reagan, ont fondu dès la crise de 2008, avant que ces profits ne parviennent dans la classe moyenne.
Désormais, la démocratie semble une oligarchie masquée derrière des leurres de démocratie. Pour OWS, la désobéissance civile est la seule politique et action capables de provoquer un changement et un retour vers l'intégrité perdue. La démonstration pertinente désigne 1 citoyen sur 22 comme un millionaire. Cependant, 1 représentant du peuple sur 2 est un millionaire. Une question vient naturellement : " La classe politique représente-t-elle vraiment le peuple ?"
Les institutions qui ne représentent plus le peuple doivent être changées. La dérégulation du système bancaire, les hausses de taxes par Bush, puis deux guerres infondées ont rendues douteuses les manoeuvres en coulisses des gouvernements, pourtant élus par le peuple au cours d'élections présidentielles. Ces pratiques détournées ont été le ferment qui a poussé les gens vers la rue et la protestation.
OWS est considéré comme une menace pour le statu quo des institutions, qui a perverti l'intégrité fondamentale du contrat social américain et le sens commun représenté par les 99 %. Finalement, si vous faites partie des 99 %, vous n'avez rien à craindre du mouvement de désobéissance civile et passive.
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