L’administration Obama sera-t-elle sioniste ?
Si la politique proche-orientale de Washington n’a guère changé depuis l’après-Guerre c’est que des influences, des lobbies et des enjeux perdurent, quelle que soit l’administration. Pourtant, au sein de chaque gouvernement américain des rapports de force existent, pour conseiller ou influencer les décisions des présidents. Qu’en sera-t-il sous la présidence d’Obama ?
Passée l’euphorie de l’élection du premier président noir à la tête de la première puissance (ex-esclavagiste) mondiale, passées les hypothèses technocratiques sur les camps d’influence qui dirigeront la nouvelle politique américaine, l’actualité immédiate remets en lumière la questions déjà soulevée de la politique proche-orientale à venir à Washington.
Il est un fait admis de tous qu’Obama est et sera un président pragmatique, sans doctrines ancrées, quel que soit le sujet. Il a été de nombreuses fois supposé que la montée du "camp Clinton" dans son administration maintiendra le risque de le voir, si ce n’est mis en minorité, du moins soumis à des pressions. Passés les fous espoirs de voir menée une vraie politique africaine et les fausses idées sur sa prétendue proximité avec le mouvement arabe (arguments placés sur son second prénom, Hussein et largement repris par le camp Républicain pendant la campagne), il est un fait fondamental : Obama est un président américain, gouvernant un pays peuplé d’américaine, avec ses lobbies, ses intérêts et ses désintérêts. Sur ce plan il apparaît plus fondamental de se pencher sur les influences des membres de son gouvernement que sur les opinions réelles du Président. A ce niveau, deux éléments apparaissent comme une évidence.
D’une part, la nomination d’Hillary Clinton comme Secrétaire d’Etat permets très probablement de dire que (dans un premier temps du moins) l’attitude extrêmement permissive de Washington envers Tel-Aviv ne changera pas à partir du départ de Bush. D’abord par-ce que le dossier Israël-Palestine n’a jamais été une priorité pour Obama avant d’entrer en fonction. Ensuite par-ce que la menace symbolique planera toujours de voir Obama comme un président "africain" et donc, pour l’opinion américaine proche des musulmans (et donc dangereux). Ceci limitera de fait la défense de la partie la plus faible et rendra d’autant plus dangereuse et aléatoire une rupture avec la tradition états-unienne d’alignement sur Israël. Enfin, par-ce que quels qu’aient été les succès diplomatiques de son mari, Hillary Clinton a depuis longtemps, en tant que sénatrice de l’Etat de New-York défendu des positions radicalement proche de la partie Israélienne, voir ouvertement belliciste. En bonne politique, elle sait que son fief électoral dans la ville où le lobby sioniste est le plus fort du pays ne peut être mis a mal par un changement de doctrine qui rendrait très aléatoire son atterrissage lorsqu’elle quittera le secrétariat d’Etat. Voir pour briguer à nouveau la Maison Blanche dans quelques années.
Le second élément, peut-être plus important encore, est la nomination de Rahm Emmanuel comme Secrétaire Général de la Maison Blanche, le numéro deux de l’Executif et la personne la plus proche du Président. Fils d’un activiste de l’Irgoun, (organisation terroriste sioniste sous la Palestine Britannique), il est membre d’une congrégation orthodoxe de Chicago et a été engagé volontaire dans l’armée israélienne pendant la première guerre du Golf. Si son implication dans le processus d’Oslo peut nuancer ces faits, il demeure que la vision pro-israélienne dans le conflit primera probablement dans l’entourage de Barrack Obama.
Ces faits énoncés, le décideur reste le Président et M. Obama a démontré depuis avant même sa candidature officielle sa pugnacité et la permanence de ses idéaux. L’incertitude demeure sur sa vision de la question, sur le degré d’influence du camp Clinton sur sa politique, sur sa capacité de leadership (question pertinente quand on sait la mise sous tutelle qu’a été le premier mandat de Bush Jr. pas les "faucons", en premier lieu Cheney et Rumsfeld) et son rapport de force avec sa secrétaire d’Etat. S’il est raisonnable de penser que le réalisme primera, il demeure que ce sont dans les situations les plus complexes que se révèlent les grands dirigeants. Plus que jamais Obama a un devoir de réussite et une chance de montrer sa dimension historique.
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