L’aide étrangère américaine, une priorité ou un obstacle ?
Barack Obama n’était pas né quand John F. Kennedy est devenu président des États-Unis. Assassiné deux ans plus tard, Kennedy avait tout de même eu le temps de jeter les bases de l’aide étrangère américaine des décennies suivantes, notamment en créant l’Agence américaine d’aide étrangère (USAID), une organisation qui voulait réorienter l’aide pour la soustraire d’objectifs politico-militaires. Malheureusement, cet objectif n’a jamais été atteint. Y a-t-il de l’espoir de ce côté avec l’élection d’Obama ?
Un groupe formé des organisations américaines parmi les plus influentes en matière d’aide étrangère croit que son élection offre l’opportunité de revoir l’aide internationale de fond en comble. Le groupe (Modernizing Foreign Assistance Network) vient de faire parvenir une lettre au président Obama dans laquelle il plaide pour une réorganisation de l’aide publique étrangère basée sur le modèle britannique [UK Department for International Development].
Certes, le gouvernement américain doit faire un grand ménage dans sa propre cour. Nous l’avions souligné le 4 mai dernier sur ce blog, l’aide américaine à l’étranger est malade. Mais je doute que ce ménage interne soit suffisant, ni même l’injection de centaines de milliards de dollars promise par Barack Obama.
Jeune Afrique a fort bien résumé la situation dans un article publié en 2005 : À quoi bon l’aide étrangère ?
L’aide étrangère ne peut rien faire de bon parce que les pays donateurs, au premier rang desquels les États-Unis, le font par égoïsme plutôt que par altruisme. MFAN ne propose pas un renversement de perspective : c’est toujours à partir des États-Unis et pour les États-Unis que les choix se feraient.En quarante-trois ans, l’Afrique a reçu un « gros paquet » d’aide étrangère : 568 milliards de dollars (en dollars 2003). Pourtant, elle reste prisonnière de la stagnation économique. Et les donateurs qui ont sorti 568 milliards de dollars ne semblent pas avoir trouvé le moyen de distribuer aux petits enfants les médicaments à 12 cents qui permettraient d’éviter la moitié des victimes du paludisme.
Il y a pourtant une autre approche qui serait à la fois plus efficace et moins humiliante pour les pays qui reçoivent de l’aide : l’adoption de règles de commerce équitable assorties d’une fiscalité habilitante et d’une péréquation à l’échelle mondiale pour garantir à chaque citoyen de la planète la santé, l’éducation et les infrastructures nécessaires au développement économique.
Autrement, l’aide n’est qu’une façon moderne d’enchaîner les esclaves d’autrefois.
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