L’amazighité au Nord de l’Afrique se dirige-t-elle vers un « rendez-vous raté » avec l’histoire ?
Où va le nord de l'Afrique ? Quelle est la perspective des forces amazighes et progressistes laïques sur un espace de confrontation entre le laïcisme et l'islamisme et où plusieurs acteurs internationaux interviennent d'une manière ou d'autre ? Quel est l'avenir des peuples amazighs de cette région du monde qui sont porteurs d’une civilisation millénaire tolérante, ou toutes les religions ont coexisté du Judaïsme à l'Islam en passant par le Christianisme ? En bref, quel est l'avenir de l'humanité globalement dans cette partie de l'espace Euro-Méditerranéen menacé par l'arabisme et l'islamisme qui étendent leurs tentacules, chaque jour un peu plus loin dans, un tissu social déjà déchiré ?
Telles sont généralement les questions qui se présentent aux acteurs amazighes au nord de l’Afrique, ainsi qu’aux observateurs internationaux de cette région dont l'histoire plonge ses racines jusqu'à l'aube de l'humanité : Une région qui représente l'un des espaces de « choc des civilisations » dans le monde. Aujourd’hui, le choc qui se produit résulte d'un conflit entre les propriétaires de la terre, les amazighs autochtones et les « porteurs » d'une idéologie importée du Moyen-Orient ; ce sont généralement ceux qui sont manipulés par les acteurs extérieurs (L'Arabie Saoudie et le Qatar précisément) qui veulent éliminer l'existence légitime des nobles peuples amazighs sur leurs propres territoires.
Devant ce genre d'ennemis, le conflit prend une dimension ethnique pour défendre l'existence légitime d'un des plus anciens peuples du monde actuel. Selon M. Hamid (ancien membre de l'académie berbère), publié par Edisud, ces peuples sont les plus anciens du continent Africain et dont l'Homme amazighe tire ses origines de deux éléments essentiels : les "pré-Méditerranéens" et de "l'Homo sapiens", soit de 4000 à 8000 & de 8000 à 12000 av. JC. Le conflit prend donc une dimension ethnique devant ceux qui défendent le faux discours de l'origine arabe des peuples amazighs.
Dans ce contexte on note qu'IMAZIGHEN qui défendent leurs droits autochtones, s'appuient sur les principes internationaux des droits de l'homme reconnus par la communauté internationale. M. Chafik disait "Notre droit à l'existence en tant qu'ethnie et culture autochtone, de surcroît, s'inscrit dans le registre des droits naturels, celui des droits de l'homme. C'est donc à la conscience universelle que nous devrions en appeler et partant, aux instances internationales". C'est- à-dire qu'IMAZIGHEN combattent sur plusieurs niveaux, dont celui de l'ethnicité.
Ainsi les Imazighen combattent plus d'un ennemi. On trouve d'une part, les régimes arabo-musulmans orthodoxes qui jouent sur la dualité de l'authenticité et la modernité, et sur celle du discours et pratique. D'autre part, on trouve les mouvements panarabistes de l'Islam politique qui sont en fin de compte des auxiliaires des régimes assassines. Les derniers événements de Ghardaia en Algérie montrent clairement le rôle et les objectifs de ce genre des mouvements.
Cette double confrontation demande beaucoup d'énergie et de concentration pour les militants amazighs qui combattent pour une vraie démocratie et laïcité. Les activistes, qui portent les mêmes aspirations de l'occident, s’approprient les langues occidentales et les utilisent pour se faire entendre. Ils renversent les tyrans et instaurent la nouveauté dans cette importante partie du sud de la Méditerrané … C'est le soulèvement amazighe qui commence à détruire les murs de l'idéologie arriérée qui sépare le nord et le sud de le Méditerrané. M. Gille Kepel disait en résumé "les arabisants à la poubelle et les orientalistes à la retraite !".
Il est clair qu'IMAZIGHEN marchent dans le chemin de destruction de tous les mures idéologiques qui séparent un espace des civilisations communes avant l'arrive de l'Islam. De Yuba II à Sant Augustin, symboles amazighes de la Méditerrané qui réunirent le nord et le sud de cet espace qui se considère comme un berceau des civilisations depuis l'antiquité.
Ils (les amazighs) rapprochent chaque jour un peu plus les deux parties de cet espace qui sont considérés à la fois proche historiquement et géographiquement, et lointaine de par la culture et surtout la religion. La culture et l'identité amazighe (les coutumes, les traditions…), unifie la région et se rapproche du nord / l'Europe occidental. Par contre, l'Islam sunnite, et plus précisément l'école juridique malékite, qui a servi de socle aux nationalismes arabo-musulmans maghrébins, reste une source de légitimité « essentielle » pour les régimes. Celle-ci sépare alors les citoyens entre eux, la région de ses origines et son propre espace naturel, pour tenter de le relier avec un espace oriental qui n'est pas le sien et qui est incompatible avec la modernité à laquelle aspirent les peuples amazighs surtout qu’ils se reconnaissent dans les valeurs universelles de la liberté, de la tolérance et de l’égalité. Rappelons que la société amazighe est profondément égalitaire.
L'avenir de la région se détermine par ces deux parties de conflit, et plus précisément, par la force de chaque partie dans la scène de combat, soit au niveau national, régional ou international. On observe ici que les arabo-musulmans, soit les régimes ou les mouvements politiques, ont des grandes alliances avec les régimes à pétrodollars qui les manipulent contre les mouvements amazighs et laïcs dans les pays de Tamazgha. À titre de rappel, ces régimes à pétrodollars, surtout l'Arabie Saoudie et le Qatar, ont une large implication dans les événements en l'Egypte et en Syrie, ou ils font pénétrer leur model politique arriéré et carrément intégriste.
Par contre, IMAZIGHEN n'ont pas encore des alliances fortes avec les autres acteurs internationaux qui partagent avec eux les mêmes aspirations et perspectives, dont les pays européens, les anglo-saxons…etc. Ce sont des alliances nécessaires dans un combat qui prend plus d’une dimension. Des alliances qui pourront sauver la région des tentacules de terrorisme arabo-islamique, et pour la création de perspectives amazighes libre au sud de la Méditerrané, mais pour cela il faut que l’occident cesse toute complaisance avec l’Arabie saoudite et surtout le Qatar qui est en train d’investir ses pétrodollars en occident mais aussi son idéologie destructrice.
Si les Imazighen ne réussissent pas à construire des alliances solides avec l’occident dans cette époque historique qui détermine l'avenir de Tamazgha, l'Amazighité dans cette région risque de se retrouver dans une situation de « rendez-vous raté » avec l'Histoire ! Et les ennemis arabo-musulmans seront renforcés par leurs alliés et seront plus solidement basés plus sur notre région.
On est dans un ère de changement marqué par les soulèvements des peuples et l'installation de nouvelles bases militaires dans toute l'Afrique, surtout dans la partie nord, par les Etats-Unis et ses alliés, dont la France qui a annoncé qu'elle avait « le droit » d'intervenir militairement partout en Afrique, où des citoyens français et ses intérêts étaient en danger.
C'est une nouvelle ère qui s’ouvre dans cette région, et si nous ne savons pas comment gérer la situation de l'époque avec ceux avec qui nous partageons les mêmes valeurs de la démocratie, la laïcité, la liberté…etc., nous serons alors en situation de « rendez-vous raté » avec l'Histoire ! Aussi, à défaut de convaincre les Etats occidentaux qui semblent être beaucoup plus sensibles aux pétrodollars des régimes arabes, faisons en sorte de convaincre les peuples occidentaux qui eux par contre se rendent de plus en plus compte que ces politiques les mènent droit au mur et à la confrontation directe avec l’arabo-islamisme dans leur propre pays.
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