L’américain Lucent accueille bien volontiers la prise de contrôle d’Alcatel
Lucent Technologies et Alcatel ont finalisé au cours du week-end leur accord de fusion afin de créer un groupe d’équipements de télécommunications avec des revenus d’environ 21 milliards d’euros. Les Américains ne montrent aucun signe de protectionnisme, et la presse donne beaucoup plus de voix à Alcatel.
Les deux groupes avaient communiqué leur intention de se rapprocher dès le 22 mars dernier. Depuis cette date et jusqu’au 3 avril, plus de 280 articles, en sept langues, dédiés à ces deux sociétés, ont été publiés dans les médias sur Internet. Les articles consacrés à Lucent ne représentent que 4% de ceux focalisés sur Alcatel.
Le groupe français contrôlera 60% des parts de la société commune et, après des discussions ardues, il a donné son accord pour une entité séparée et indépendante qui serait établie pour superviser les contrats sensibles avec le gouvernement américain. Le nouvel ensemble Alcatel-Lucent disposera d’une couverture géographique étendue de l’Amérique du nord à l’Asie en passant bien sûr par l’Europe. Sa gamme de produits est présentée comme la "plus étendue du secteur" dans les technologies fixes et mobiles. Et la société commune pourra compter, pour son développement futur, sur une équipe de recherche et développement parmi les plus étoffées au monde avec ses 26 100 ingénieurs.
Pas de surprise en ce qui concerne la distribution des rôles et la répartition du pouvoir. Serge Tchuruk, le PDG d’Alcatel, deviendra le Président non-exécutif de la nouvelle entité, et Patricia Russo, PDG de Lucent, sera nommée directrice générale. La société commune, qui devrait être rebaptisée, aura son siège social basé à Paris, et sera de droit français.
Ce rapprochement ne sera pas sans impact sur les effectifs. Il devrait impliquer la réduction de 9000 postes, soit 10% de l’effectif actuel. En 2000, en effet, le groupe Alcatel comptait 120 000 personnes. Il en recense 55 000 aujourd’hui, dont 18 000 en France. « Notre crainte, explique Laurent du Mouza, secrétaire du comité CFDT du groupe en France, c’est que, le siège restant en France, les États-Unis paient en perte de personnel administratif et de gestion et que la France paie en perte d’emplois en recherche et développement. »
Avec la capitalisation boursière de €30 milliards, juste après Cisco dans l’équipement de communications, la société entre Alcatel-Lucent devrait se positionner à l’une des deux premières places sur presque tous ses marchés, avec une prépondérance dans la convergence de la technologie fixe et mobile. Le comité de direction sera présidé par Patricia Russo, directeur général et sera composé de Mike Quigley, directeur-général adjoint, Frank D’Amelio, senior executive vice-president, qui supervisera l’intégration et les opérations, Jean-Pascal Beaufret, directeur financier, Etienne Fouques, senior executive vice-president, qui supervisera les pays émergents et Claire Pedini, directrice des ressources humaines.
Le conseil financier d’Alcatel pour cet accord est Goldman Sachs avec Skadden, Arps, Slate, Meagher Flom LLP en tant que conseil juridique. Les conseils financiers pour Lucent sont JPMorgan et Morgan Stanley et Wachtell, Lipton, Rosen Katz en tant que conseil juridique.
C’est tout le secteur télécoms qui profite aujourd’hui de l’annonce du rachat de Lucent par l’équipementier Alcatel, opération conclue pour 13,4 M$ qui annonce une nouvelle vague de consolidation. Une transaction qui intervient après que SBC a racheté AT ; il y a un an, alors qu’en janvier dernier, Verizon finalisait l’acquisition de MCI, l’ex-WorldCom, pour 8,5 M$ environ. Le mois dernier sur le secteur des télécoms, l’opérateur AT proposait une offre à 67 M$ sur BellSouth, qui a débouché sur un accord de fusion.
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