L’amour rend-il aveugle ? (Corée du Sud - France)
De plus en plus de jeunes français partent en Corée du Sud après avoir rencontré une jeune coréenne et décide de se marier dans la foulée, le mariage étant nécessaire pour mener une vie à deux. Retour sur ce phénomène...
Article tiré de "Edito 3 : les vietnamiennes de Paris" sur http://encoreedusud.blogspot.com.
Pour ce troisième éditorial de l’année, il sera question d’un sujet d’actualité et sans doute déplaisant pour certains lecteurs du blog (car concernés…). Mais comme disait l’autre, on ne peut pas plaire à tout le monde. Ce sujet se retrouve souvent au cœur des discussions portant sur la société et la mixité de la population. S’il s’arrête parfois au statut de « brève de comptoir », ce sujet sur les couples mixtes mérite bien cet édito… et pour commencer, une petite explication sur le titre.
L’un des plus grands fléaux des campagnes sud-coréennes depuis plusieurs dizaines d’années maintenant n’est pas la grippe aviaire ou la fièvre aphteuse (même si les dix millions de bétails enterrés cet hiver ne réjouissent personne), mais l’urbanisation. Entre 1960 et aujourd’hui, le taux d’urbanisation a cru de 130%. Rien que ça. Avec 82% de sa population reclus dans les villes, la péninsule sud-coréenne voit ses campagnes se vider et ne peut rien y faire. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’avenir d’un pays ultra moderne et innovant comme la Corée du Sud passe par les villes où se retrouvent tous les grands groupes du pays, et dans le cas de la Corée du Sud, c’est la capitale ; Séoul et sa périphérie, c’est près de la moitié de la population coréenne (23 millions d’habitants). Busan, la deuxième ville, rassemble 3,5 millions de citoyens et Incheon boucle le tiercé avec 2,6 millions d’habitants. Vous me direz, quel rapport avec le Vietnam ? C’est simple. Les femmes coréennes ne croient (presque) plus en la ruralité. Elles préfèrent trouver un « riche urbain » plutôt que de se retrouver dans la maison des aïeux à entretenir les champs et éduquer des enfants dans une école de campagne. Il suffit de sortir de quelques kilomètres de Séoul pour comprendre le gouffre qui se creuse entre la campagne et la ville. Du coup, les hommes n’ont plus vraiment de choix. Où trouver des femmes prêtes à vivre à la campagne ? Il suffit d’aller frapper à la porte des pays en voie de développement ou des zones sous-développées, où certaines femmes n’attendent qu’une chose :
rejoindre l’eldorado coréen (voir Une ruralité coréenne à consonnance étrangère,les mariages transfrontaliers menacent les relations bilatérales, Des épouses étrangères bien jeunes). Un peu dans la même verve que nos jeunes célibataires ouest-européen qui s’efforcent de trouver le grand amour sur des sites tunisiens ou slovaques (pour ne citer que ces deux pays-là). Du coup, depuis quelques années, Vietnamiennes, Chinoises, Cambodgiennes, Philippines, Indonésiennes, Laotiennes et Thaïlandaises débarquent dans les campagnes, se marient, apprennent la langue coréenne en quelques semaines par des cours intensifs supportés par le gouvernement, et réjouissent les paysans. Autour de cela, de nombreuses histoires et faits-divers, mais cet édito ne s’attardera pas dessus.
Mais qui sont ces « vietnamiennes (ou plutôt vietnamiens ?) de Paris » ? C’est un peu une tendance inverse à celle décrite précédemment. Depuis cinq-six années, le nombre de jeunes français venant en Corée s’accroît à une vitesse impressionnante. Pourquoi ? « Pour étudier la langue et découvrir ce magnifique pays » vous répondront-ils. Derrière ce discours de façade se cache souvent une poursuite de l’amour. Cette coréenne qu’ils auront rencontrée en France ou lors d’un programme d’échange à l’étranger, aimée au bout de quelques semaines, qui les aura convaincus de tout lâcher pour les suivre en Corée, et qui, par la force des choses, aura su les enrôler dans le mariage après quelques mois seulement. Ils sont de plus en plus nombreux à débarquer dans la péninsule, avec le simple support financier de leur parent, faute de diplôme ou d’emploi précédent le grand saut.
L’avantage est qu’ils arrivent souvent dans une famille qui les accueillera à bras ouvert (les parents voyant d’un bon œil leur fille trouver l’homme idéal alors que « l’âge limite » du mariage approche).Face à un marché de l’emploi tendu, la réalité financière sera difficile à confronter, mais une fois encore, ils feront partie de la famille, du groupe. Il leur suffira de montrer leur volonté d’apprendre la langue de Sejong pour pouvoir compter sur un support de la belle-famille. Pour survivre, quelques cours de français par-ci par-là, quelques émissions télévisées pour montrer son visage « blanc » et sa vie d’homme étranger en Corée, et quelques représentations pour des photos de mode ou des rôles dans des publicités. Mais quel est leur avenir ? Nul ne sait le dire aujourd’hui. Il fut un temps où les mariages franco-coréens étaient rares, un temps que l’administration française à Séoul doit aujourd’hui presque regretter. Les demandes de mariage foisonnent et ceux de ce type (jeune français marié au bout de quelques mois) se multiplient, laissant craindre une hausse soudaine des divorces dans les années à venir, des cas souvent délicats à gérer. Comptez combien connaissent les procédures de divorce, les droits sur les enfants, la séparation des biens, etc.
Ces « vietnamiennes de Paris », qui arrivent souvent avec une maigre bourse et sans avenir dessiné (à moins que l’apprentissage du coréen en soit un ?) se lancent dans l’aventure sud-coréenne les yeux fermés. L’amour rend aveugle/irresponsable ? Les Coréennes ont quelque chose que les Françaises n’ont pas ? D’autres pays connaissent la même chose avec de jeunes ressortissants Français qui viennent épouser une locale sans plan de vie dessiné ? Grand point d’interrogation sur le sujet…
Arosmik
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