L’anéantissement par l’éthanol du peuple Guarani-Kaiowá
La plus importante communauté d’Amérindiens du Brésil, les Guaranis, se trouve encerclée par des usines d’éthanol en partie contrôlées par des multinationales dont la multinationale française Dreyfus avec pas moins de quatre usines et des projets pharaoniques.
Des 47 000 Guaranis vivant dans le Mato Grosso do Sul (sud-ouest du Brésil), environ 10 000 hommes travaillent dans la coupe de la canne afin de fournir les usines à sucre et à éthanol, notamment pour l’exportation. De plus, la population Guarani connaît une forte augmentation démographique avec plus de la moitié de la communauté de moins de 15 ans. La canne est vitale pour les Guaranis, mais également est leur enfer : un ouvrier de la canne coupe en moyenne entre 10 et 12 tonnes quotidiennement, contre 4 tonnes à l’époque de l’esclavage. En effet, le « boia fria » est payé au rendement sur la maxime devenue fameuse : « travailler plus pour gagner plus ».
Selon le conseil indigéniste missionnaire - Conselho Indigenista Missionário-(Cimi) - ces dernières années, la communauté Guarani- Kaiowá connaît une croissance alarmante du nombre d’assassinats. En 2003, 13 homicides ont été enregistrés. En 2004, 19 Amérindiens ont été tués. En 2005, 28 cas d’homicides d’Amérindiens. En 2006, 20 Amérindiens assassinés. Et en 2007, pas moins de 37 meurtres.
La canne à sucre est donc un des seuls débouchés sur le marché du travail dans la région. En 2007, plusieurs cas de travail avec des conditions indécentes à l’encontre des ouvriers agricoles Guaranis ont fait l’objet d’actions d’envergure de la part des autorités brésiliennes. En mars 2007, la police fédérale brésilienne a dû intervenir dans une usine près de Dourados pour libérer 409 personnes dont 150 Amérindiens qui n’avaient aucune condition minimum d’hygiène, de sécurité et travaillaient sans être déclarés. Plus récemment, en décembre, une usine dans la région de Brasilandia a dû fermer ses portes après inspection des autorités brésiliennes.
Actuellement, nous pouvons affirmer que les autorités et les usines sont sensibles aux conditions des Guaranis sur leur lieu de travail en général. Cependant, selon l’Imad (Instituto de Meio Ambiente et Desenvolvimento - institut environnemental et de développement - partenaire local de l’ONG Sucre éthique) et l’ONG française Sucre éthique, la mécanisation programmée de la coupe de la canne causera ces prochaines années un véritable chaos social et communautaire avec la perte définitive de leur principale source de revenu, les enfonçant encore un peu plus dans l’assistance publique et les marginalisant par ce fait encore un peu plus. Les Amérindiens au XXIe siècle ne seront pas remplacés par des Africains, mais par des machines agricoles bien plus dociles. Rien n’est fait ni du côté des autorités ni des usines pour cette transition inévitable et nécessaire. Ce sera alors le sacrifice ultime du peuple Guarani sur l’autel des profits des multinationales de l’éthanol.
La lente programmation de l’holocauste déjà décriée par Las Casa au XVIe siècle voit au XXIe siècle l’agonie du peuple indigène de
Que deviendront les jeunes Guaranis qui prochainement seront en "droit" de travailler si la source de leurs pères est tarie et celle de leurs aïeuls, la forêt ayant déjà été transformée en pâturage ? Quelles responsabilités sociales ont les multinationales pour les derniers Guaranis comme pour nous ?
A l’heure de la globalisation et du développement durable, les indigènes de
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