L’arme migratoire
Ou comment se pose aujourd'hui la question des migrants ?
Puisque négociation il y a eu entre l’Union européenne et la Turquie pour contingenter le flux de migrants, et que le gouvernement turc a cette capacité d’amplifier ou de réduire ces mouvements de populations, il faut en conclure que les mouvements migratoires actuels sont le fait d’une volonté politique. Ce dont en son temps le colonel Kadhafi menaçait l’Europe, le président Erdoğan le met en œuvre, ou non.
Les déplacés affluent en foule et pour la plupart contre leur gré, chassés qui par la guerre, qui par la persécution, qui par la pauvreté. Mais ce transit de masse n’est pas le fruit inopiné de circonstances malheureuses. Pour partie au moins, il est organisé et a un but.
Tout d’abord, il ne s’agit pas que de la Syrie et de l’Érythrée. Tout l’arc qui va du Pakistan au Mali contribue au flux humain ainsi drainé vers l’Europe.
Une véritable logistique conduit ce vaste mouvement, mise en œuvre par des « passeurs » à qui est laissée pleine latitude d’action à travers l’ensemble du Proche Orient. La pluralité des points de passage (Maroc, Libye, Turquie) permet une bonne adaptation des filières aux aléas de la diplomatie.
Il est temps de regarder ce phénomène avec un peu de recul, au-delà des milliers de drames humains qui le constituent. Pour les gouvernements qui provoquent ou organisent ces migrations, elles sont avant tout une nouvelle arme dans les relations internationales. Celle même que le colonel Kadhafi brandissait.
Cette arme fonctionne contre l’Europe, car l’afflux rapide de migrants la met dans une aporie dont elle ne sait pas se sortir.
- D’une part, pétrie de christianisme, l’Europe voit dans chaque être humain une personne digne d’un infini respect. Sa vocation historique l’oblige à accueillir ces foules soudaines. Canonner les barques où ces malheureux s’entassent, ou les parquer dans des camps barbelés pour les y laisser mourir de faim et d’épidémies, ou encore les renvoyer à la misère ou à la mort qu’ils fuient, ce serait pour l’Europe se dénaturer, ce serait un suicide moral.
- D’autre part, cette arrivée massive de populations majoritairement musulmanes peut créer un choc culturel au sein de l’Europe. Certes, quand bien même 5 millions de migrants se présenteraient d’un coup, ils ne seraient qu’1 % de la population européenne − rien, ou presque. Mais concentrés dans quelques régions où les populations d’origine étrangère sont déjà significatives et peu intégrées, ces nouveaux venus pourraient y faire basculer la dynamique sociale, à la faveur de l’islam. Et ce d’autant plus que le choix européen de respecter à tout prix la différence culturelle, de valoriser l’altérité, de n’imposer ni mœurs ni valeurs, favorise le communautarisme naturel de l’Islam. Le risque est alors de créer des Libans en Europe, de miner l’Europe de l’intérieur.
En écrivant cela, je ne vise aucunement les personnes qui viennent, et qui veulent simplement mieux vivre, voire vivre tout court. Je décris le mécanisme géopolitique qui se met en place, probablement guidé par quelques États du Proche Orient. L’alternative impossible de l’accueil et de l’identité constitue un piège pour l’Europe, qui ne sait ni arrêter ce mouvement migratoire, ni l’ingérer. Pour cette raison, il est légitime de parler d’« arme migratoire ».
Que faire ? Quelle riposte ? Une fois le fonctionnement de l’arme migratoire mis à jour, il devient possible d’y apporter une réponse adéquate. Et cette réponse sera nécessairement créative, car nous sommes piégés par nos penchants spontanés d’Européens civilisés.
Il existe une voie, qui est justement de puiser dans la force de cet afflux de populations, pour l’orienter. L’exil peut devenir le moment d’un nouveau départ : soit pour renouer avec son identité d’origine, soit pour s’en émanciper. Si ces migrants viennent pour vivre mieux, alors donnons-leur de vivre mieux ! Donnons-leur l’occasion de se sortir de la pesanteur des sociétés proche-orientales et de découvrir la richesses des possibles que permet l’Europe.
Mais pour cela, il faut que l’esprit européen redevienne désirable, au-delà de notre protubérante prospérité matérielle. Le jouir-sans-entrave, l’indifférence généralisée de l’individu libéral, le refus de prendre au sérieux les croyances collectives, et la prévalence d’un formalisme insipide dans les relations sociales, ne sont pas des horizons qui font rêver.
Il revient à l’Europe de se réinventer, non pas en s’offrant à l’Islam et en espérant qu’il en sortira autre chose qu’un califat, mais en revenant à ses sources pour y retrouver sa fierté culturelle et sa ferveur libératice.
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