L’armée égyptienne : enfin à visage découvert...
Dans le monde entier la condamnation de ce qui vient de se passer au Caire est unanime, Le désaveu est total et l’émotion est grande. De New York à Moscou, de Paris à Pékin, de Londres à New Delhi de Berlin à Brasilia, la désapprobation et l’indignation fusent de partout. Le témoignage des journalistes étrangers fait état d’une Egypte sous tension, d’une escalade des violences sans précédent, d’assaut d’une violence extrême, de dispersion sanglante des manifestations, d’un bain de sang au Caire, d’une place Ra béa al Adaouia devenue le théâtre d’un chaos total, et de tirs nourris à balles réelles sur des civils désarmés dont des dizaines de femmes et d’enfants. La communauté internationale toute entière fustige ce comportement irresponsable d’une armée vestige d’un régime militaire désavoué et vomi par le peuple égyptien.
Plus de trois cents morts en une seule nuit. De source informée on parle de cinq cents cadavres au moins dénombrés. Quant aux frères Musulmans ils parlent de 2200 victimes et de plus de 10000 blessés. Depuis ce 14 Août au soir l’état d’urgence est instauré au Caire et dans 14 autres provinces dont Alexandrie (de 19 heures à 7 heures). Il est certain toutefois que les frères musulmans ne vont pas accepter le fait accompli et passeront désormais à une forme de lutte mieux appropriée. On envisage de plus en plus une guerre de tranchées, Et le spectre d’une guerre civile n’a jamais été aussi réel que depuis ce jeudi 14 Août. La seule solution à laquelle le général Sissi ne devait pas recourir a été choisie, le pas qu’il ne fallait pas franchir l’a été. Les nerfs ont-ils cédé à la chaleur de l’été ou c’est la peur de perdre leurs privilèges qui a aveuglé les militaires et les a poussé à commettre l’irréparable ? Toujours est-il que l’Egypte se trouve aujourd’hui dans une situation économique, sociale et sécuritaire délicate, épineuse et inconfortable.
Toute éventualité d’entente, de réconciliation et même de pourparlers est devenue à présent difficile pour ne pas dire impossible après un tel massacre et ce carnage humain de la place al Adawia. Les grandes puissances qui n’étaient pourtant pas toutes favorables à l’arrivée au pouvoir des frères Musulmans, ont cependant toutes déconseillé le recours à la force pour le règlement du problème. C’est pourquoi elles se trouvent aujourd’hui unanimes à condamner l’action répressive inhumaine et disproportionnée de l’armée égyptienne.
Les Etats-Unis visiblement très gênés pour condamner ces actes inacceptables d’une armée désemparée, n’hésitent cependant pas à les regretter et à rejeter à l’avenir tout recours à la violence. L’Elisée et la chancellerie allemande ont convoqué les ambassadeurs égyptiens accrédites à Paris et Berlin pour leur faire part de leur désaveu au sujet des derniers événements du Caire. Le secrétaire général des Nations Unis, Ban Ki-Moon a également exprimé sa désapprobation au moment où le premier ministre turc Erdogan parle de grave massacre et appelle à une réunion urgente du Conseil de Sécurité. Le Danemark a annoncé pour sa part la suspension de son aide à l’Egypte.
Au sein même du pays du Nil de nombreuses voies s’élèvent pour condamner le comportement des responsables militaires et les violences commises dans la répression sanglante de ces dernières heures. L’Imam d’Al Azhar, la plus haute autorité sunnite de l’Egypte qui avait soutenu le nouveau régime s’est désolidarisé des" putschistes " .Mais le coup de grâce est venu de prix Nobel de la Paix, Mohamed El Baradée, vice président du nouveau régime qui a également annoncé sa démission.
Nous l’avons dit dans notre précédent article et nous ne cesserons jamais de le répéter : le général Sassi et ses collègues militaires n’ont aucune expérience politique pour gouverner ce grand pays qu’est l’Egypte d’aujourd’hui. La fin de l’ère du général Moubarak et sa place actuelle en prison devait servir de leçon et de référence pour l’avenir.
Les militaires semblent oublier que les peuples arabes vivent encore dans l’euphorie du printemps arabe, même si ce printemps là diffère quelque peu de ses semblables par ses fleurs précocement fanées et ses aromes très vites volatilisés. On peut encore et pour quelques temps, tolérer des dictatures royales mais pas accepter l’hégémonie de juntes militaires lesquelles n’ont pour gouverner aucune légitimité héréditaire ou électorale.
Depuis le début des événements qu’a connus le pays les militaires ont voulu faire croire au monde entier qu’il y avait en Egypte une lutte acharnée entre les partisans et les opposants de Mohamed Morsi. Nous avons, très tôt, attiré l’attention des lecteurs sur cet artifice et cette fabulation. L’opposition égyptienne n’a pas toute l’importance numérique et surtout toute la volonté guerrière que l’armée voulait lui prêter. Les seules forces en présence sur le terrain étaient et restent les Frères Musulmans d’un coté et l’armée égyptienne de l’autre. C’est la seules et unique vérité qui doit s’imposer à tous ! Aujourd’hui que les masques sont tombés, il n’y a plus d’opposants dans les rues du Caire mais uniquement les pro- Morsi et les militaires qui agissent désormais à VISAGE DECOUVERT....
Les jours à venir nous apprendront beaucoup plus sur ce que sera la situation en Egypte. Nous disons pour notre part que les choses vont prendre un tournant plus dramatique, que la crise économique va s’empirer et que les frères Musulmans risquent, s’ils y sont acculés, de recourir aux méthodes subversives ce qui plongera le pays dans la famine et l’anarchie.
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