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L’attaque israélienne contre l’Iran était-elle faible ou calculée ?

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L’attaque menée par les Forces de défense israéliennes sur des cibles en Iran a suscité un vif débat régional et mondial. Certains cercles israéliens ont exprimé leur mécontentement quant à la portée limitée de l’attaque, ce qui a conduit à un examen minutieux de ses dimensions et à une évaluation de ses objectifs et de son impact stratégique.

La réponse initiale de l’Iran, immédiatement après l’attaque israélienne, suggérait qu’il ne s’agissait que d’une guerre psychologique. Une source iranienne bien informée a déclaré que «  les affirmations d’Israël concernant la frappe de 20 sites en Iran sont irréalistes et relèvent de la guerre psychologique », soutenant que «  les effets de la frappe israélienne étaient minimes ». La source a ajouté que le nombre de cibles et d’attaques par l’armée israélienne était bien inférieur à ce qui était prétendu, et a poursuivi  : «  Les informations faisant état de la participation de 100 avions israéliens à cette attaque sont également fausses, et Israël tente d’exagérer son attaque limitée ». L’Iran a affirmé qu’aucun quartier général militaire des Gardiens de la révolution à Téhéran n’avait été touché, et que l’attaque avait été menée depuis l’extérieur des frontières iraniennes et n’avait causé que des dégâts minimes aux installations militaires.

La position iranienne semble prévisible, car on ne pouvait s’attendre à une reconnaissance de l’étendue des dommages en raison des implications potentielles concernant la riposte de l’Iran. Mais cela peut-il suffire à mettre fin au cycle des attaques et contre-attaques, ou la situation exige-t-elle une riposte militaire  ?

L’analyse de la situation globale indique que l’attaque n’a pas été exécutée indépendamment de ce que l’on pourrait qualifier de sphère de commandement et de contrôle américaine, car elle est survenue environ un jour après les déclarations du Secrétaire d’État américain Antony Blinken à Doha, où il a affirmé que son pays soutenait le droit d’Israël à se défendre. Les preuves suggèrent que la visite visait à transmettre des messages israéliens et américains à l’Iran par l’intermédiaire du Qatar, comme l’a confirmé un rapport d’Axios citant trois sources américaines bien informées, indiquant qu’Israël avait notifié l’Iran quelques heures avant d’exécuter sa frappe et avait exhorté les Iraniens à «  ne pas riposter ». Les sources ont révélé que cette notification visait à éviter une escalade plus large, et le rapport a noté que les Iraniens avaient reçu un préavis général sur ce qui serait et ne serait pas ciblé. Le message israélien visait à contenir l’échange en cours entre Israël et l’Iran et à empêcher une escalade plus large.

Le point crucial ici est que l’administration du Président Joe Biden a minutieusement surveillé la réponse israélienne, s’assurant que l’attaque s’alignait sur la perspective de la Maison Blanche, qui reste prudente concernant toute escalade militaire à l’heure actuelle, particulièrement à l’approche des élections présidentielles américaines. Cela suggère que le gouvernement de Netanyahu ne dispose pas d’une totale indépendance dans la gestion des conflits régionaux, et que le récit médiatique répandu d’un détachement américain du processus décisionnel israélien concernant l’Iran est inexact. Il existe une coordination complète entre les deux parties concernant les étapes de l’escalade militaire.

Concernant les objectifs de l’attaque israélienne dans son cadre de mise en œuvre réel, le but principal était de concrétiser les menaces israéliennes en réponse aux attaques de missiles iraniens et de démontrer à l’Iran que la portée d’Israël s’étend à toutes les cibles à l’intérieur de l’Iran. Ce message a été partiellement atteint et vise à rétablir l’équilibre des forces et à établir une dissuasion mutuelle entre les deux parties, sans accorder à l’une ou l’autre un avantage stratégique ou restaurer la domination militaire israélienne.

Cela représente un revers partiel pour Israël, qui cherchait à passer d’une stratégie de dissuasion à une approche décisive par une frappe puissante qui aurait restauré la position d’Israël et sa suprématie régionale et diminué la capacité de l’Iran à lancer des frappes sur le territoire israélien, ainsi que d’autres scénarios tels que l’exploitation de l’opportunité et du climat stratégique favorable pour démanteler le programme nucléaire iranien.

Cependant, la situation semble liée non seulement à la pression américaine mais aussi à l’un des deux scénarios  : premièrement, la possibilité de disposer de renseignements vérifiés sur le potentiel destructeur de toute contre-réponse iranienne, y compris la confirmation de la possession par le régime iranien de capacités nucléaires réelles suggérant que le conflit pourrait escalader en une confrontation nucléaire, même avec des armes tactiques. Deuxièmement, les États-Unis parvenant à un arrangement préliminaire par l’intermédiaire de médiateurs régionaux pour arrêter l’escalade mutuelle entre l’Iran et Israël et empêcher tout mouvement vers un conflit régional global.

L’examen de l’action militaire israélienne indique que l’administration Netanyahu a choisi une frappe mesurée dans le cadre de l’Opération Jours de Pénitence. La phase initiale de l’attaque israélienne visait les systèmes de défense aérienne iraniens, tandis que les phases suivantes se sont concentrées sur les bases de missiles et de drones et les installations de production d’armes, selon des sources israéliennes. Cette attaque atteint les objectifs israéliens de base mais ne parvient pas à neutraliser la capacité de l’Iran à menacer Israël.

Par conséquent, la décision israélienne est apparue comme un compromis entre les contraintes américaines et les stratégies israéliennes. Elle n’empêche pas non plus complètement Israël de lancer de futures attaques, car elle pose un défi à l’Iran s’il envisage de lancer une guerre totale contre Israël. Les États-Unis ont souligné qu’ils avaient informé l’Iran directement et indirectement que de nouvelles attaques contre Israël auraient des conséquences.

Loin d’être inefficace, la frappe israélienne était méticuleusement calculée. Cette précision stratégique explique la délibération prolongée nécessaire pour déterminer à la fois la décision de frapper et son timing exact. L’attaque reflète l’approche récente de Netanyahu en matière de campagnes militaires, qui commencent généralement comme des opérations limitées et s’intensifient progressivement, comme démontré à Gaza et au Sud-Liban. Cependant, ce schéma n’est pas garanti dans le cas iranien, car les développements dépendent de la réponse de la partie adverse et de l’engagement du gouvernement israélien à maintenir son image publique et à renforcer sa position selon laquelle le conflit avec l’Iran est défensif, non offensif. L’objectif est de présenter Israël au monde comme agissant en légitime défense pour gagner des avantages dans la sphère des relations publiques.

L’attaque s’aligne sur les déclarations de Netanyahu selon lesquelles la frappe sur l’Iran ne viserait que des installations militaires et éviterait les installations nucléaires et pétrolières. Cette limitation s’est avérée stratégiquement vitale pour Netanyahu, car l’exécution de l’attaque dans le cadre de sa portée promise a à la fois fait avancer son agenda politique et diminué la position du ministre de la Défense Yoav Gallant, qui avait précédemment promis que la frappe sur l’Iran serait «  létale, précise et surprenante  » - laissant les Iraniens déconcertés quant à la nature et à la méthode de l’attaque.

En pratique, l’opération a impliqué une notification préalable du timing et des cibles, une décision prise par les politiciens sur la base de calculs précis et d’informations stratégiques spécifiques, résultant en une perte d’influence de Gallant dans sa rivalité politique avec Netanyahu.


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1 réactions à cet article    


  • Lynwec 5 novembre 08:49

    Notre bon docteur Salem manque peut-être du vocabulaire indispensable, ce que l’observation fine du titre semble suggérer...

    Je vais donc lui venir en aide et proposer un troisième participe passé :

    « interceptée » ?

    Bien sur, l’emploi de ce mot serait porteur d’idées « séditieuses » concernant la toute puissance de l’axe du Bien...ce qui explique qu’il ne soit évidemment pas venu à l’esprit de notre rédacteur (ou qu’il ait été écarté par prudence...)

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