L’Exode Yankee Aux Frontières d’une Politique Etrangère Demilitarisée
Les architectes -Frères Musulmans d’Egypte ont signé leur propre certificat de décès politique. Le projet de société des Frères s’abreuvait au marché pour idéologues en chambre. Un bouillon de vieux clichés politiques recyclés et assaisonnés de saveurs ethico-religieuses islamistes. Leur label politique : un véritable testament politique décousu, autant anachronique que privé de vision de sortie de crise institutionnelle post-Mubarak. Dès décembre 2012, les Frères surfaient sur les vagues périlleuses d’une dictacture constitutionnelle à connotation islamiste. Garantir des pouvoirs exécutifs sans limites au président Morsi fut la pierre tombale qui scella l’ascension politique des islamistes en démocratie. Le livre des vraies réformes politiques et économiques restait scellé alors que le torrent du chômage grosissait. L’espace économique de l’Egypte se partage entre un agrégat de pouvoirs politiques hétéroclites. Le complexe militaro-industriel de l’Egypte représente environ 40% du PIB. Le prestige du leadership regional du Caire repose sur son armée professionnelle d’environ 440.000 hommes, proportionnellement la taille des armées de la Syrie, de l’Irak ou de l’Iran. Pas plus que l’addiction aux protestations de masse de Tahir Square, l’évangélisme politique de l’armée ne semble pas troubler le sommeil de Washington. Loin s’en faut !
Le factionnisme dans la concorde Hezbollah-Shiite-Sunnite dans la crise Syrienne a davantage poussé Washington dans une position de manager de crises internationales que de gendarme-interventionniste dans l’ordre mondial. La Syrie avec la double infection de plus de 148 djihadistes combattant sur son sol a livré toute la complexité qu’il ne suffirait pas d’une simple chute de celui qu’on baptise “l’ogre Alawite” pour soustraire Damas de l’axe Iran-Hezbollah-Hamas. La ceinture Shiite prolonge ses ramifications du Liban en Irak, en passant par l’Iran, le Golfe Persique jusqu’en Asie du Sud. Le neo-Sunnisme, pour sa part, fait converger les Salafistes soutenus par l’Arabie-Saoudite, les Sunnites autocrates et les islamistes modérés d’Egypte.
Sous l’ère Obama, on assiste à la fin des credos interventionnistes directes par troupes mobilisées. La politique étrangère Américaine fortement militarisée remonte de l’adoption du National Security Act de 1947 au debut de la Guerre Froide. Le National Security Act faisait de l’armée Américaine une partie intégrante de la politique de sécurité nationale en temps de paix. Pendant au moins quatre décennie, les Etats-Unis ont déployé des forces au Vietnam, en Irak, en Afghanistan avec des gains d’une éfficacité douteuse pour leurs intérêts vitaux, voire de leur sécurité nationale. La preuve que le pouvoir militaire a été instrumentalisé en influence politique reste incertaine. Prenant sans doute en compte la mise en garde de Niebuhr, Obama semble avoir choisi de se départir de la fausse tentation sécuritaire par l’unilatéralisme de la force du bras armé. L’exode Yankee a résolument pris le jourdain d’une politique étrangère démilitarisée.
Narcisse Jean Alcide Nana,
International Security Studies
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON