« L’idée du rêve du Grand Israël est terminée »
Dans un discours qualifié d’historique et d’adieu, le premier ministre israélien Ehud Olmert déclare :
« L’idée du rêve du Grand Israël est terminée », « Durant 40 ans nous avons été fautifs envers les palestiniens ». « Israël pourrait exprimer des [regrets] pour le sort des palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de chez eux en 1948 ». Pour Mahmoud Abbas, Président de l’autorité Palestinienne,le sort des réfugiés palestiniens à l’extérieur, un Quota raisonnablede retour doit être négocié. Ceux qui décident de rester dans le pays dans lequel ils résident actuellement devront recevoir une [compensation] ».
Cette information aura certainement des réactions importantes au Liban où plus de 400.000 palestiniens, soit l’équivalent de 10% de la population locale.
C’est la première fois dans l’histoire d’Israël qu’une haute personnalité au pouvoir fait un tel mea culpa aussi net vis-à-vis des arabes et des Israéliens.
Le premier ministre Ehud Olmert lors de sa dernière réunion de son cabinet ministériel, le dimanche 14 septembre a estomaqué et stupéfait ses ministres par ses déclarations surprises.
Nazzir Majeli, le correspondant d’ asharqalawsat à Tel Aviv (journal pro saoudien, publié à Londres), a rapporté que le premier ministre avait dit à ses ministres : « Depuis 40 ans (depuis la guerre de 1967), nous avons inventé des prétextes et des arguments afin de justifier notre politique de négligence de pas vers la paix selon le principe [deux peuples, deux états]. Notre politique n’a pas été dans l’intérêt d’Israël, car en refusant le principe de [deux peuples, deux états], nous sommes restés [un état pour deux peuples].
Devant des ministres épatés, E.Olmart a ajouté « Beaucoup de palestiniens, désespérés par les négociations, ont commencé à penser à cette solution [un état pour deux peuples] et même nos amis en Europe et aux Etats-Unis ont aussi à leur tour réfléchi à cette solution. En effet, nous avons refusé de voir la réalité, nous avons refusé de lire la feuille de route qui nous dit clairement que le temps ne tourne pas en notre faveur…. ».
Ensuite, il a fait un retour sur les négociations qui ont eu lieu à Camp David en 2000 et il a révélé combien il était personnellement fautif lorsqu’il a critiqué Ehud Barak (premier ministre Travailliste à l’époque et ministre de la défense dans son cabinet actuel), lorsque ce dernier a proposé de faire quelques concessions. Je croyais que la terre entre la méditerranée et la rivière de la Jourdan est à nous, à nous seuls, les juifs. Je croyais que nous disposions d’un droit historique….Mais en fin de compte, et après beaucoup de réflexion et d’hésitation, je suis arrivée à une conviction : nous devons partager la terre, nous ne voulons pas un [état pour deux peuples].
Le premier ministre israélien a ajouté, mais toujours devant des ministres qui s’attendaient à tout sauf à un discours pareil, « Israël est l’état le plus fort dans la région….cet état ne doit pas être à la merci d’une minorité (Là, c’est une allusion aux extrémistes israéliens), qui souhaite une guerre éternelle pour garder une colline ou pour un plateau ( un message en direction de la Syrie, le plateau du Golan), dans ce cas, nous n’aurons plus des partenaires pour faire la paix. Et à ce moment il a prononce des phrases adressées aux voisins : « Aujourd’hui, il y a réellement des partenaires sûrs qui souhaitent faire la paix avec nous, des palestiniens et des syriens ».
Après ce mea culpa, Ehud Olmert a confirmé sa volonté de signer un accord de paix avec la direction palestinienne présidée par Mahmoud Abbas (Abou Mazen) avant de quitter ses fonctions. Dans cette réunion du cabinet, Haïm Ramon a présenté un plan qui propose de dédommager à hauteur de 1.1 million de Shekels (300.000 de dollars), toute personne qui s’engagerait à quitter la Judée Samarie.
Le projet de loi prévoit aussi de donner un bonus de 25% aux personnes qui iront s’installer dans le Neguev (désert) et 15% à celles qui iront en Galilée. En fait, le gouvernement israélien souhaite promouvoir le développement de ces deux régions.
Ce projet a été accepté par les ministres Travaillistes, une partie de Kadima (amis d’ Ehud.Olmert) et refusé par les ministres du mouvement Shass et les Retraités. Quant aux candidats à la présidence du Kadima et qui prendront la place de E. Olmert, ils ont dit « Oui », mais que le moment actuel n’était pas adéquat pour un tel projet. (De toute façon, ce n’est jamais le moment ! mais c’est quand alors le bon moment ?). C’est la position du ministre des affaires étrangères Tzipi Livni et du ministre de la sûreté intérieure Avi Dichter, alors que le ministre du transport et des affaires stratégiques (anciennement ministre de la défense) Shaul Mofaz est complètement contre le projet car selon lui une telle démarche encouragera les palestiniens à réclamer d’autres concessions. (En fait, ce dernier n’a pas du tout bien assimilé ou digéré le discours de son chef de cabinet).
Un autre problème se pose et réduit la crédibilité de E. Olmert. Comment un premier ministre, dont la police a recommandé l’inculpation dans deux affaires de corruption et dont les jours sont comptés avant son départ, pourra t-il faire adopter légitimement des lois qui impliquent l’avenir du pays ? Donc, pourquoi cette obstination se demande l’analyste israélien Julien Bahloul ? Est-ce la volonté de ne pas perdre, une nouvelle fois, les acquis des négociations, ou le souhait de partir avec une image redorée ?
Trop tardif !
Le discours de Ehud Olmert est trop tardif. Ses héritiers, Tzipi Livni et Shaul Mofaz ne sont pas entièrement en phase avec son discours de choc ou avec son projet proposé afin de convaincre les colons de quitter la Judée Samarie. Cependant, il a le mérite de dire la vérité alors qu’il est encore au pouvoir pour un petit temps.
Effectivement, nous pensons par là à Shimon Pérès, le Chef d’Etat actuel, qui en l’an 2000 a signé, en tant que, ancien premier ministre une tribune importante sous le thème « Israël a besoin d’un Etat palestinien », dans Manière de Voir Le Monde Diplomatique (n°Novembre-Décembre), et qui a aussi surpris la classe politique israélienne à l’époque, par sa franchise. Shimon Pérès y a écrit à la fin : « Après cinquante ans d’existence d’Israël, il nous faut réparer la faute que nous avons commise ; nous n’avons pas pris en compte l’existence d’un autre peuple ; et, dès l’instant que nous vivons à ses côtés, nous avons tout intérêt à achever la révolution historique entamée ; voir dans le peuple voisin- un bon voisin- l’occasion de nouer des relations nouvelles et d’apporter la paix globale au Proche-Orient, pour le bien du monde entier ».
Admettons que à l’époque Shimon Pérès était une haute personnalité politique mais elle n’était pas au pouvoir, donc, Pérès ne pouvait rien faire mais il tout de même a indéniablement fait un constat historique de vérité.
Aujourd’hui, du fait que les deux hautes personnalités, le Chef de l’Etat, le premier ministre ( Olmert, jusqu’à janvier 2009, en principe) sont au pouvoir et du fait qu’elles ont reconnu la souffrance et le droit du peuple palestinien, elles peuvent encore aller plus loin afin de mettre leurs convictions et la révolution historique en pratique. C’est-à-dire la déclaration d’un Etat palestinien indépendant. De toute manière, il vaut mieux tard que jamais.
La position de Mahmoud Abbas (Abou Mazen), Président de l’Autorité Palestinienne
Officiellement d’ici janvier 2009, Mahmoud Abbas doit quitter ses fonctions. Mais il va tenter de s’accrocher et de « survivre » jusqu’au mois de mars. Interrogé par le journal israélien Haaretz, Abou Mazen a avoué que 15 ans ont malheureusement passé depuis la signature d’Oslo et que nous sommes toujours loin d’un accord. Sur les six principaux dossiers [réfugiés, Jérusalem, frontières, la sécurité, les localités israéliennes et l’eau], il y a des propositions, mais nous ne sommes pas parvenus à un terrain d’entente.
Le sort des réfugiés à l’extérieur
En ce qui concerne la question des réfugiés, Mahmoud Abbas avance désormais l’idée suivante : « Il y a aujourd’hui 5 millions de palestiniens dont les ancêtres ont été chassés de l’actuel Israël. Nous comprenons que si nous demandons le retour des cinq millions, l’Etats d’Israël serait détruit. Mais, nous devons négocier un Quota qui soit raisonnable. Le plus important, pour ceux qui ne pourront pas rentrer, est qu’Israël reconnaisse sa responsabilité dans le problème des réfugiés. Ceux qui décident de rester dans le pays dans lequel ils résident actuellement devront recevoir une [compensation] ».
Selon l’Agence de presse palestinienne WAFA, le premier ministre israélien a déclaré devant la commission des affaires étrangères et de la Défense au Knesset que « Israël pourrait exprimer des [regrets] pour le sort des palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de chez eux en 1948 ».
Cette information aura certainement des réactions importantes au Liban où plus de 400.000 palestiniens vivent dans des conditions précaires et très difficiles. Ils sont répartis sur douze camps bâtis à la hâte
formant une sorte de ghetto, et partagés entre Tripoli dans le nord, au Saïda, au Tyr dans le sud, au Ba’albek et à Beyrouth.
L’installation définitive des palestiniens au Liban (l’équivalent de 10% de la population locale) débouchera tôt ou tard par les libaniser, afin qu’ils puissent vivre dignement et surtout afin de pouvoir travailler et bâtir un espoir pour l’avenir.
Cependant, cette libanisation pourrait modifier la composition démographique du Liban avec des conséquences qui affecteront l’équilibre fragile de la répartition du pouvoir. Une telle décision, nécessitera également une réforme de la constitution afin de pouvoir absorber cette population. [Les libanais n’ont récemment pas pu modifier un seul article de la constitution afin d’accélérer l’élection
Présidentielle en Mai dernière].
Une tâche trop grande voire immense à assumer, par rapport à la taille et aux moyens que le Liban dispose. Ajoutant à cela que les libanais tentent, actuellement, de cicatriser les blessures des dernières années dans le cadre d’une conférence pour trouver un cadre d’une « entente dur-able ». Ils seraient mieux de les épargner d’un sujet qui fâche et plus fort q’eux. La question des palestiniens du diaspora doit être négociée, discutée au niveau de l’Onu et de la ligue des pays arabes, car le Liban tout seul aura beaucoup de difficultés à apporter une réponse adéquate au problème.
Aujourd’hui, les palestiniens au Liban, sont parfaitement conscients du fond du problème. Il n’ont rien demandé, et ne rêvent qu’une seule chose, c’est de retourner chez eux.
Ironie du sort/ ou preuve d’intégration ? Chez Kadima Les voix des arabes israéliens sont déterminantes pour trancher entre Livini et Mofaz
Les votes qui vont avoir lieu aujourd’hui pour choisir un héritier à Ehud Olmert ont débuté depuis ce matin. Selon un sondage réalisé pour le compte de Haaretz et canal 10 TV lundi dernier, 47% des votes sont en faveur de Livini, ministre des affaires étrangères, 28% pour Mofaz, ministre du transport et des affaires stratégiques et 6% pour le ministre de la sûreté intérieure, Avi Dichter.
Selon des hommes politiques arabes israéliens, les voix des arabes de 48 vont jouer un rôle tranchant entre les candidats car ils forment 20% des partisans ayant la carte du Kadima (au total 73000 partisans).
D’après Ahmed Dabbaj, membre du comité centrale du Kadima et maire d’une commune dans la région de Galilée, 90% des palestiniens de 48 de sa commune, ayant la carte du parti vont participer à cette élection. Pour lui, c’est Shaul Mofaz (origine iranienne) qui aura le plus de voix car ce dernier fait partie des autorités locales et a facilité l’entrée des arabes dans les fonctions publiques. Alors que Livini, en raison, de ses fonctions, a de faibles contacts avec la population.
L’autre palestinien israélien, Majli Wehbé, membre de la Knesset et vice ministre de Livini au ministère des affaires étrangères, a un point de vue tout à fait opposé. La candidate Livini est préférée à Mofaz chez les arabes de 48 en raison de ses positions modérées pendant les négociations avec l’équipe du Président Mahmoud Abbas. Et en plus, elle a respecté ses engagements en le nommant comme adjoint et a aidé beaucoup de palestiniens de 48 à intégrer les services de l’Etat.
Quant à Kaiéd Zaher, l’un des grands responsables chez Kadima, il préfère la neutralité et il a appelé à former un groupe arabe afin de défendre les intérêts des palestiniens de 48, qui constituent 16% de la population israélienne.
Sur le plan technique, il faut obtenir 40% des voix pour passer dès le premier tour et éviter un deuxième. D’après les sondages Livini passera, à priori, dès le premier tour. En effet, c’est confirmé, les informations venant de Tel avive montrent une avance faible de T. Livini contre S. Mofaz, mais suffisant pour qu’elle soit à la tête du Kadima et former une nouvelle coalition. Elle est ainsi, la deuxième femme qui se trouve à la tête de l’Etat hébreu après Golda Meir. Les résultats de cette élection est une fois de plus ne corroborent pas avec ceux publiés par les sondeurs, qui ont donné à Livini plusieurs points d’avance par rapport à son concurrent Shaul Mofaz.
Les pourparlers syrio - israéliens sont reportés !
Le lundi dernier 14 septembre, Channel 10 et haaretz ont estimé que les négociations indirectes entre la syrie et Israël qui se déroulent sous une médiation turque seraient menacées par le départ d’Ehud Olmert. Chose faite, hier 17 septembre, le ministre des affaires étrangères syrien Walid Moualem a déclaré lors d’une conférence de presse commune avec son homologue espagnol à Damas que le cinquième round prévu pour aujourd’hui, Jeudi 18 septembre, entre les délégations des deux pays (Israël et la Syrie) est reporté pour une date ultérieure à la demande des israéliens.
Néonmoins, le ministre syrien a exprimé le souhait de son pays de constituer une base solide de discussions afin d’aller à une phase supérieure, c’est-à-dire vers des négociations directes. Il a conclu « Nous sommes prêts pour faire la paix quand les israéliens le seront ».
La même information est parvenue de Tel Avive, où le porte- parole du gouvernement a déclaré qu’il espère que les discussions indirectes entamées avec Damas continueront. Il a refusé de donner d’autres explications.
Lors d’une conférence de presse à la fin du sommet quatre partite, le 4 septembre, comprenant, la France, représentée par le président de la République, Monsieur Nicola Sarkozy, la Turquie, représentée par son premier ministre, Monsieur Rajab Tayyeb Erdogan, Le Qatar, représentée par l’Emir Sheikh Hamed bin Khalifa Al Thani, le Président Syrien Bachar El Assad a réclamé le soutient des trois pays présents pour qu’ils obtiennent de nouveau gouvernement israélien les mêmes engagements donnés par le Cabinet d’Olmert.
D’autre part, Monsieur Bachar El Assad, a confié à Monsieur Erdogan un document de six points détaillant la position du gouvernement syrien, afin de le transmettre au gouvernement de Tel Avive. « Nous attendons la réponse des israéliens via l’intermédiaire turc » a dit Assad.
Pour conclure, le Président syrien, dans une interview accordée à la télévision française, a réitéré la position de son pays à l’égard de la reconnaissance de l’Etat Hébreu : « Si un accord de paix est obtenu entre les deux pays, il est normal qu’il y ait une reconnaissance réciproque ».
Fayez Nahabieh.
Rédigé Le 17.09.2008. Et envoyé le 18.09.2008. Après une très légère modification.
Membre (Amis du Monde Diplomatique)
La Réunion France
Sous préparation : Proche-Orient (2).
Le sujet tabou, les pourparlers, Syrie, Iran.
Références
1. www.Ynetnews.com. Olmert : Notion of Greater Israel no longer exists / Roni Sofer.17.09.2008.
2. www.Ynetnews.com. Olmert : Israel’s future does not lie in West Bank PM again renounces Greater Israel vision, says government should invest in other areas. Ilana Curiel. 17.09.2008.
3. Http ://french.wafa.ps. 15.09.2008. Olmert : Israel pourrait regretter de ne pas conclure un accord avec les palestiniens.
4. http://canadianpress.google.com. Israël pourrait exprimer des “regrets” pour le sort des réfugiés palestiniens. 15.09.2008.
5. www.Haaretz.com. PM at final cabinet meeting : Greater Israel is no more. Barak Ravid. 15.09.2008.
6. www.asharqalawsat.com. Olmert : Pendant 40 ans, nous étions fautifs. Nous devons partager la terre. Saroukh.Zaki. 15.09.2008.
7. www.asharqalawsat.com Olmert declare la fin d’un rêve. Nazzir Majli. 15.09.2008.
8. www.aljazeera.net. Les élections du Kadima sont aujourd’hui et le vote arabe sera déterminant. انتخابات كاديما اليوم والصوت العربي سيكون حاسما. 17.09.2008.
9. www.aljazeera.net. Le ministre syrien confirme le report de cinquième round avec Israël. 17.09.2008.
10. www.Haaretz.com. Olmert’s departure may threaten peace talks with Syria. Haaretz Staff and Channel 10. 15.09.2008.
11. www.Haaretz.com. Syria details its stance on peace talks. Yoav Stem and Barak Ravid. 05.09.2008.
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