L’image des États-Unis s’améliore de 11 points en France
Le think tank états-unien Pew Research Center a publié le 14 juillet son enquête annuelle sur l’image dans le monde de la première puissance « économique et stratégique ». Il souligne en 2014 les impacts négatifs, mais limités, qu’ont pu avoir les révélations de Snowden et les frappes répétées de drones.
Une fois de plus, l’étude se focalise sur la Chine et l’Asie, reflétant les préoccupations de l’administration Obama. L’an dernier, elle avait été quasiment entièrement consacrée à l’Empire du Milieu, mettant en avant que ce dernier, s’il doit détrôner les États-Unis prochainement en termes de PIB, n’améliore pas son image.
Voici, pour exemple, la carte comparant les opinions favorables aux deux puissances dans les 44 pays où le sondage s’est déroulé cette année :
Le Moyen-Orient, en-dehors d’Israël, est très défavorable aux États-Unis, mais c’est la seule région du monde. Notons que la Russie et l’Ukraine ne figurent pas dans les résultats de l’Europe… Sinon, peut-être bien que la tendance s’inverserait, du moins s'équilibrerait.
Le tableau ci-dessous permet de constater l’évolution de la cote de popularité états-unienne depuis l’an 2000. La première ligne concernant la France est particulièrement édifiante :
La plus grosse chute de popularité, entre 2013 et 2014, sans grande surprise, s’est produite en Russie : les États-Unis sont passés de 51% à 23% d’opinion favorable en l’espace d’un an. En Allemagne, il y a eu une légère diminution (53% => 51%), alors que l’opinion française plébiscite à 75% l’Oncle Sam en 2014 ; une hausse de 11 points par rapport aux 64% de 2013 ! Cette augmentation reflète peut-être l’efficacité du dénigrement dont la Russie a fait l’objet depuis le début de la crise ukrainienne, mais aussi les craintes vis-à-vis d’un contexte international incertain. Elle devient impressionnante lorsqu'on la met en perspective avec les 37% d'opinion française favorable en 2004, époque où les États-Unis subissaient les conséquences de leur intervention en Irak. Cependant, depuis 2008, les États-Unis sont remontés de manière fulgurante dans le cœur des français.
Si l’on se réfère au sondage de l’année 2009, ce rebond dans l’opinion française serait à mettre au crédit l’élection de Barack Obama, d’autant que la perception de l’influence négative des États-Unis sur l’économie n’a baissé que de 7 points (70% en 2008 => 63% en 2009) dans le même temps en France. Ne connaissant pas encore ces chiffres, j’ai été sidéré de constater combien un seul homme pouvait influer massivement sur l’opinion d’un pays, ceci alors que les États-Unis avaient à nouveau plongé le monde dans une crise des plus préoccupantes.
Notons également dans cette liste d’opinions, la désaffection des grecs pour les États-Unis, celle des jordaniens (10%), des égyptiens (10%) ou des pakistanais (14%) alors qu’il s’agit d’alliés américains importants au Moyen-Orient (le Pakistan possède la bombe atomique) ; le score impressionnant du Bangladesh - 76% d'opinion favorable - malgré l’effondrement il y a un an d’un immeuble ayant provoqué la mort de plus d’un millier de personnes, ces dernières travaillant en particulier pour des firmes américaines ; les 50% d’opinion favorable en Chine, en progression, alors que les tensions se sont faites de plus en plus palpables ces derniers temps ; les 62% (en hausse par rapport aux 50% en 2013) du Venezuela qui me questionnent sur la validité d’un tel chiffre.
Le Pew Research Center souligne dans la première partie de l’étude intitulée « la marque américaine » : « la marque d’un pays est un produit de valeur, particulièrement quand la nation est la plus grande puissance économique et militaire du monde ». L’image de marque se vérifie en particulier par le biais de sondages, mais dans quelle mesure peut-on accorder une réelle fiabilité à cette évaluation ?
L’échantillon des 44 pays sélectionnés est-il suffisamment représentatif ? Ne pas tenir compte de la Russie et de l'Ukraine dans une restitution globale (cf. carte ci-dessus) me paraît un procédé partisan permettant de fournir une image positive. Pour contrebalancer les résultats de ce sondage, voici une autre image positive incluant le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde qui ont une « opinion favorable » des États-Unis, mais qui n’hésitent pas à créer une banque de financement concurrençant le FMI. Tout un symbole, d'autant plus lorsque l'on sait que les États-Unis sont les seuls à posséder un droit de veto au FMI...
Joaquim Defghi
Blog : actudupouvoir.fr
Twitter : @JDefghi
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