L’océan tue, tue encore et tue toujours des clandestins africains : que faire alors ?
Au moins onze candidats africains à l’émigration clandestine sont morts à cause des intempéries notamment climatiques, en plein Océan atlantique, situé entre les continents américain et africain. Le drame a eu lieu mercredi dernier, à quelques kilomètres de l’archipel espagnol des Canaries après qu’une embarcation de fortune transportant quatre-vingts personnes a chaviré. Et pourtant, la lutte intercontinentale contre l’émigration clandestine bat son plein.
L’information a été donnée, jeudi, par le quotidien sénégalais Walfrdjri. Ces onze africains, tous des ressortissants sénégalais, selon lui, proviendraient du même département, Vélingara, situé au sud du Sénégal, dans la région administrative de Kolda. Il rapporte que les candidats à l’émigration clandestine vers l’Espagne, décédés, seraient « originaires des villages de Saré Nianthio (deux), Saré Harfang (un), Toungoulel (un), Saré Samba Néty (un), Saré Boulel (un), Saré Mamadou Diabou (deux), Saré Demba Mary (un), Saré Yéro Djina (un) et Diatafa (un) ». Pire, parmi l’embarcation ayant chaviré et qui comptait un minimum de quatre-vingts personnes, soixante-dix-neuf auraient été portées disparues, et que seuls ces onze auraient été « clairement identifiés ». Le seul rescapé du nom de Salif Baldé, selon le journal, aurait été secouru par un navire de pêche.
Faudrait-il le dire, même si selon beaucoup d’observateurs africains, l’émigration clandestine est un fléau que le continent noir a toujours connu, les départs « illégaux et illégitimes » pour l’Europe ont enregistré, ces dernières années, des proportions insoupçonnées. Selon certaines statistiques officieuses, en 2006, pas moins de 35 000 émigrants clandestins ont quitté les côtes occidentales africaines. Elles auraient comptabilisé un minimum de 4 000 embarcations de fortune.
Pour combattre cette mésaventure qui ne cesse de faire des morts, l’Union européenne et le Sénégal, notamment, dont les côtes y ont beaucoup contribué en 2006, avaient signé en septembre de la même année, un document mettant en branle un dispositif nommé « Frontex ». Cette « machine », qui aura permis de réduire considérablement le flux des départs pour l’Europe via l’Espagne, a été reconduite le 1er juillet dernier par l’entremise d’une seconde signature, dix jours plus tôt, scellée par les ministres sénégalais et espagnol de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom et Alfredo Perez Rubalcaba.
En effet, grâce à cette opération, seule une centaine d’embarcations de fortune auraient atteint les côtes espagnoles cette année, transportant un maximum de 4 000 candidats africains à l’émigration clandestine. Il n’empêche que la lutte continue sur tous les fronts. Par exemple, à Elinkine (520 km au sud de Dakar), l’un des sites de départ vers l’Espagne, le commandement de la gendarmerie territoriale sénégalaise a arraisonné, en moins d’un an, cinq pirogues d’une capacité de 200 personnes chacune avec cinq moteurs hors-bord, sans compter les plus de 430 personnes appréhendées dont des femmes. Huit passeurs, entre autres, ont été déférés au parquet.
L’autre pan, non répressif, de cette lutte, prône l’ « émigration choisie ou légale ». Il a permis à plus de 400 Sénégalais de travailler en Espagne en toute légalité. On estime à près de 4 000 les bénéficiaires d’un accord défini entre le pays de la Téranga et celui de Juan Carlos, qui devraient trouver un emploi chez le second avant fin 2008.
L’Union européenne, pour sa part, aurait préconisé des projets au bénéfice des jeunes Sénégalais pour un coût de plusieurs millions d’euros. Ce qui a permis, vendredi, au quotidien national sénégalais Le Soleil de titrer ceci : « ... 28 milliards de l’UE pour des projets à haute intensité de main-d’œuvre ».
Les musiciens africains, mais surtout sénégalais, ne sont pas en reste dans la lutte contre ledit fléau. Nombre d’entre eux appellent les jeunes à la raison à travers des tubes et des déclarations publiques. Dans un entretien qu’il nous a accordé récemment, le rappeur engagé Pacotille n’a pas hésité de déclarer : « tout le monde doit combattre l’émigration clandestine. Le combat contre l’émigration clandestine est un combat national. Nous devons considérer l’émigration clandestine comme un vol, et même une violation de domicile ».
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