L’opposition italienne sous perfusion
Walter Veltroni aura finalement payé de sa tête les déboires du Parti Démocrate dont il assurait la présidence. En Italie, l’ancien maire de Rome (voir image, premier plan) a décidé de quitter la présidence du Parti Démocrate, la défaite cuisante de Renato Soru aux élections régionales anticipées en Sicile (42% contre 51% pour la liste soutenue par le Parti de la Liberté de Silvio Berlusconi) ayant eu l’effet de la goutte d’eau faisant déborder un vase rempli de multiples couacs qui ont fait suite à la défaite aux élections générales (renouvellement des deux chambres du parlement) de 2008. L’optimisme est de retour, ainsi que la confiance et la volonté de combattre a affirmé samedi le successeur de Walter Veltroni, Dario Franceschini (voir image, second plan), élu avec 83% des suffrages par un collège électoral de 1258 délégués. La mission de cet avocat issue de la "Marguerite" (cf.paragraphe ci-dessous) ? Assurer durant les huit prochains mois la pérennité d’une formation dont l’équilibre se retrouve aujourd’hui menacé.
Aux origines d’un échec connu d’avance
Première force d’opposition italienne, le Parti Démocrate est le fruit de la fusion en octobre 2007 de sept formation au centre-gauche de l’échiquier politique italien, dont les plus influentes sont les "Démocrates de Gauche" (force de gauche historique, héritière du Parti Communiste Italien, formation sociale démocrate depuis les années 1990) et la Marguerite (formation centriste), qui peinent aujourd’hui encore à cohabiter, en raison de nombreux différents sur des sujets sociétaux. Voulue par Romano Prodi au lendemain de son élection à la présidence du conseil, la création du PD avait pour objectif de réunir au sein d’une même entité l’ensemble des forces membres de la coalition dite de "L’Union", qui avait porté en 2006, Romano Prodi à la présidence du conseil.
Quelle crédibilité ?
Approuvée par 75% des militants, la fondation du Parti Démocrate n’a pas apporté à ses fondateurs le crédit qu’ils espéraient. Un grand parti de rassemblement des communistes aux centristes, telle était la destinée que souhaitait au PD Romano Prodi, Walter Veltroni et consorts. Lors des dernières élections générales, en 2008, le Parti Démocrate avait réuni 33,17% des suffrages, auxquels doivent s’ajouter les 4,37% obtenus par le parti centriste allié au PD, l’Italie des Valeurs. Un score en augmentation de 4% vis à vis des élections générales de 2006 puisque le Parti Démocrate a bénéficié du vote utile, pour lequel avaient opté nombre d’électeurs de gauche. Mais une large branche de ces derniers se sont aussi réfugiés dans l’abstention (plus haut taux d’abstention de l’histoire), tandis que les électeurs du centre ont quant à eux privilégié la coalition emmenée par Silvio Berlusconi. A gauche, comme au centre, le Parti Démocrate manque de crédibilité tant le rassemblement qu’il souhaite opérer surprend par sa largeur.
Vers le schisme ?
Aujourd’hui, la menace pour le Parti Démocrate est celle du schisme. Deux ans après leur fusion, les Démocrates de gauche et les centristes de la Marguerite semblent se rapprocher inexorablement d’une séparation, marquant ainsi l’échec retentissant d’un parti démocrate dont l’aspiration de rassembler de l’extrême gauche au centre apparaissait aux yeux des électeurs comme un grand écart manquant totalement de crédibilité. Le morcellement de l’opposition italienne, très probable à l’heure actuelle, constitue un nouvel avantage pour Silvio Berlusconi, qui n’a face à lui, qu’une multitude de mouvements incapables de s’unir. L’apogée d’un bipartisme en Italie n’est donc toujours pas d’actualité, et c’est encore le jeu des coalitions qui prévaudra dans un système politique en quête de modernité...
A retrouver dans son contexte original sur mon blog.
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