L’Ukraine et le Boycott de l’Euro 2012
APPEL DES INTELLECTUELS A LA LIBERATION DE IOULIA TIMOCHENKO
L’Ukraine de l’actuel président Viktor Ianoukovitch, ancien apparatchik de l’ère soviétique, a eu tort de ne pas prendre plus au sérieux l’appel à la libération de Ioulia Timochenko, égérie de la démocratique « révolution orange » condamnée à sept ans de prison suite à une procédure judiciaire aux allures de lynchage politique, que mes amis intellectuels et moi-même avons lancé, il y a quelques mois déjà (dès le 8 août 2011, trois jours après son incarcération) et à plusieurs reprises, dans quelques-uns des plus grands médias de la presse européenne.
Car cette menace que nous y brandissions - le boycott de la prochaine « Coupe d’Europe des Nations de Football », qui doit se dérouler, du 8 juin au 1er juillet 2012, entre la Pologne et l’Ukraine précisément - semble avoir été entendue aujourd’hui, et donc se concrétiser au plus haut niveau, par bon nombre de dirigeants européens, au premier rang desquels émergent déjà, car la liste va très certainement s’allonger ces jours-ci, José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne, et Angela Merkel, chancelière allemande, laquelle demande par ailleurs instamment que Ioulia Timochenko, arbitrairement mise en détention depuis le 5 août 2011 et dont l’état de santé se dégrade de façon alarmante, puisse être soignée, par des médecins indépendants et adéquats, en une infrastructure hospitalière (et, si possible, en Allemagne même), digne de ce nom.
Car voilà neuf mois, déjà, que Ioulia Timochenko, dont le seul tort est d’avoir combattu la dictature stalinienne dans son pays, croupit en prison, victime de mauvais traitements et même, à voir les ecchymoses qui parcourent désormais son corps, de coups et blessures de la part de ses geôliers.
Pis : sa famille elle-même se sentant en danger, il n’est pas jusqu’à son propre mari qui n’ait dû fuir, afin d’éviter le même genre de représailles, l’Ukraine. Il vit aujourd’hui en Tchéquie, où il s’est réfugié, après y avoir obtenu l’asile politique, à Prague, jadis ville d’un autre dissident de haut vol : Vaclav Havel, qui fut, lui, l’artisan, en 1989, au moment même où le « Mur de Berlin » s’écroulait, de la « révolution de velours ». Tout un symbole !
Ainsi, face à cette tragédie humaine tout autant que cette injustice juridique, réitérons-nous ici, mes amis intellectuels et moi (auxquels se sont ajoutés, entre temps, de très beaux noms issus du monde politique comme de la société civile), notre appel à la libération de Ioulia Timochenko, victime avant tout, en ce douloureux cas, de la plus flagrante et scandaleuse des violations des droits de l’homme et de la femme.
Cette pétition internationale que j’adresse à nouveau ici solennellement aux autorités ukrainiennes, et à leur président Viktor Ianoukovitch en particulier, est signée par quelques-unes des autorités morales les plus prestigieuses, et dont la conscience se voit éprise avant tout d’humanisme, au sein de l’intelligentsia française et européenne.
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe, porte-parole du Comité International contre la Peine de Mort et la Lapidation (« One Law For All »), dont le siège est à Londres.
Premiers signataires (par ordre alphabétique) :
Elisabeth Badinter, philosophe.
Robert Badinter, juriste et avocat, ancien Ministre français de la Justice (Garde des Sceaux).
Patrick Besson, écrivain, éditorialiste.
Marc Bressant, écrivain, Grand Prix du Roman de l’Académie Française.
Hsiao Chin, artiste-peintre italo-chinois.
Daniel Cohn-Bendit, Co-Président du groupe des Verts/Alliance Libre Européenne au Parlement Européen.
André Comte-Sponville, philosophe.
Jacques De Decker, écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique.
Anne Delvaux, députée européenne.
Isabelle Durant, Vice-Présidente du Parlement Européen.
Vladimir Fédorovski, écrivain et essayiste d’origine ukrainienne, cofondateur, en 1991, du Mouvement des Réformes Démocratiques de Russie.
Luc Ferry, philosophe, ancien Ministre français de l’Education Nationale.
André Glucksmann, philosophe.
Guy Haarscher, philosophe, professeur à l’Université Libre de Bruxelles et au Collège d’Europe.
Rebecca Harms, Co-Présidente de groupe des Verts/Alliance Libre Européenne au Parlement Européen.
Stéphane Hessel, Ambassadeur de France.
Alexandre Jardin, écrivain.
Jack Lang, Ministre de la Culture sous la présidence de François Mitterrand.
Daniel Mesguich, comédien, directeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Paris).
Edgar Morin, sociologue, philosophe.
Dolores Oscari, directrice du Théâtre Poème (Bruxelles).
Gilles Perrault, écrivain, journaliste.
Michelle Perrot, historienne, professeur émérite des universités.
Alain Rey, linguiste, historien.
Michel Rocard, homme d’Etat, Premier Ministre de la France (1988-1991).
Jean-Marie Rouart, écrivain, membre de l’Académie Française.
Elisabeth Roudinesco, historienne, psychanalyste.
Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain, éditorialiste.
Daniel Sluse, directeur de l’Ecole Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège (Belgique).
Jacques Sojcher, philosophe, directeur de la revue « Ah ! » (Université Libre de Bruxelles).
Guy Sorman, essayiste.
Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes.
Marc Tarabella, député européen.
Elisabeth Weissman, essayiste, journaliste.
Michel Wieviorka, sociologue (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris).
Yves Charles Zarka, philosophe, directeur de la revue « Cités ».
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON