La censure des blogs en Tunisie
La Tunisie compte parmi les treize pays qui censurent le plus les blogs et Internet, selon Reporters sans frontière (RSF). J’ai contacté un blogueur censuré. Il explique comment échapper à la censure de l’ATI (Agence tunisenne d’Internet).
Le blog Mouwaten Tounsi a déménagé trois fois. Trois fois il a changé de nom. Trois fois la censure tunisienne l’a rattrapé. Depuis le 13 décembre dernier, elle a perdu sa trace.
« Je n’ai aucune appartenance politique, je ne suis pas un opposant actif et je rappelle mon objectif », précise le blogueur, joint par courriel. Mouwaten Tounsi signifie « citoyen tunisien ». Espérons qu’il pourra encore être lu en Tunisie...
- Comment échapper à la censure ?
« L’ATI (Agence Tunisienne de l’Internet) a un logiciel avec un ensemble de mots-clés qui remonte les sites qui contiennent ces mots-clés et puis un « humain » rajoute les sites jugés dangereux à la « black list » », explique le blogueur.
« Vous remarquerez que dans mon blog « image » j’évite d’utiliser des mots qui peuvent être détectés par ce logiciel. En remplaçant certaines lettres par ces points ou en remplaçant des « i » par des « 1 ». Donc censure devient ce.s.re et Tunisie devient TUN1S1E, etc... Et je dis « notre leader » sans citer le nom du président ou sa famille. Jusqu’à maintenant, ça marche puisque depuis la création de la 4e image de mon blog, le 13 décembre 2006, il n’est pas encore censuré ».
Reporters sans frontière (RSF) considère la Tunisie comme un des treize ennemis de l’Internet.
Selon RSF :
- L’ensemble des cybercafés sont contrôlés par l’Etat. Ces derniers filtrent le Net et sont étroitement surveillés par la police.
- Les services de sécurité harcèlent en outre continuellement les blogueurs indépendants et les responsables de sites d’opposition, afin de s’assurer que l’autocensure règne sur le la toile tunisienne.
- Un cyberdissident, l’avocat Mohammed Abbou, est emprisonné depuis mars 2005 pour un article critique envers le chef de l’Etat diffusé sur une newsletter.
Mme Sihem Bensedrine est opposante au régime de M. Ben Ali. Elle explique : « C’est l’Agence tunisienne d’Internet, l’Ati, qui donne officiellement, aux fournisseurs et au public, l’accès à Internet. Mais ce n’est pas elle qui contrôle et censure ; c’est un gigantesque service qui dépend directement du ministère de l’Intérieur, et qui se situe entre l’Ati et les internautes. Ce service, qui doit regrouper plusieurs centaines de fonctionnaires, contrôle le Net à deux niveaux différents : celui des sites, les « web sites », et celui des messageries, c’est-à-dire des e-mails reçus et envoyés ». (RFI _ nov 2005)
- Dans ce billet, Mouwaten Tounsi explique comment il a su qu’il avait été censuré la première fois. Il fait le portrait du censeur en chef. Il donne l’adresse d’autres blogs censurés.
- Le 25 décembre, les blogs tunisiens ont organisé une action « note blanche » pour protester.
- On parle aussi d’une censure de Wikipédia en Tunisie.
- Le rôle de Google.
- D’autres infos ici.
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