La clé du problème moyen-oriental entre deux grands en deux petites minutes
Avant qu’une solution pacifique ne soit trouvée à la guerre qui a commencé il y a une semaine au Moyen-Orient, des centaines de commentaires divers ont vu le jour. Or, au hasard d’une écoute de télévision, la clé est apparue, dont l’expression au moins est d’une simplicité angélique.
La chaîne française d’information continue LCI, et CNN , son homologue américaine, ont diffusé une conversation que le chef du gouvernement « labor » britannique M. Tony Blair, et le président des Etats-Unis, G.W. Bush ont eue après la rencontre de ce dernier avec le secrétaire général des Nations unies M. Koffi Annan, au moment de se mettre à table pour déjeuner lundi matin. Leur micro était demeuré « ouvert ». Cela a valu beaucoup mieux que la plus instructive des conférences de presse d’après sommet G8.
Cela allait droit au but. Que pensez-vous de ce qu’a dit Koffi Anan ? Comment rétablir une paix durable dans cette région ? Après s’être référé à un éventuel cessez-le-feu, G.W. Bush a dit au premier ministre britannique :
« Je n’aime pas cette position basée sur un éventuel cessez-le-feu doublé de la présence d’une force des Nations unies, car ensuite tout peut se produire. »
Blair :
« Je pense que ce qui est réellement très difficile est que l’on ne peut pas mettre fin (à cette guerre) (par ce moyen) à moins d’obtenir un accord international sur cette présence. »
Bush :
« Remarquez que le côté ironique de la situation est qu’il faudrait que les Nations unies fassent pression sur la Syrie pour qu’elle contraigne le Hezbollah à cesser de foutre le bordel, et l’on en aurait terminé. »
« Il me semble que je devrais dire à Koffi (Annan) d’appeler Assad (le président syrien) au téléphone pour tenter de faire bouger les choses. »
« .... Nous ne blâmons ni Israël (pour la situation que nous vivons) ni le gouvernement libanais. »
Ce bref extrait d’une conversation entre deux des vedettes de l’assemblée des huit chefs d’Etat indique clairement que la guerre actuelle ne tient aucunement des volontés des pays qui s’affrontent ; ni le Liban, ni Israël, ni - paradoxalement - le Hamas ne sont directement responsables de la guerre commencée il y a une semaine, ni des quelques centaines de morts et de blessés qu’elle déjà provoquées.
Officiellement, dans le langage feutré qui sied à une telle assemblée, rien n’a été écrit mettant véritablement en cause la véritable origine du conflit ; mais la courte conversation de Bush et de Blair « volée » par un micro qui n’avait pas été coupé - par hasard ? - a été très révélatrice. Les noms de l’Iran et de la Syrie ont été prononcés, ainsi que celui du Hezbollah, qui, selon ce qui n’a pas été dit diplomatiquement, sont directement ou indirectement responsables d’une situation qui - par ses implications - n’avait jamais été aussi grave au Moyen-Orient.
Que l’armée israélienne frappe durement le Liban rendu responsable de la liberté avec laquelle les structures du Hezbollah ont été établies en en faisant un Etat dans l’Etat. Le Hezbollah, représenté parallèlement par deux ministres dans le gouvernement libanais et douze représentants élus au sein de Parlement à Beyrouth. Déjà lors de sa création en 1982, provoquée par l’agression israélienne dans le Sud Liban, il était de notoriété publique que ce mouvement avait été formé avec l’appui, les capitaux et les armes de l’Iran et qu’il était considéré avec bienveillance par la Syrie.
La milice du Hezbollah est composée de quelque 5000 hommes dotés d’un armement moderne, d’artillerie et de missiles. Selon une bonne source 1800 spécialistes iraniens lui ont été prêtés par Téhéran pour mettre en œuvre et adapter l’armement le plus sophistiqué qu’il possède.
Mais il faut rappeler aussi que c’est à la même époque que l’OLP avait fait creuser deux sousterrains sous Beyrouth dont les galeries avaient la largeur et la hauteur du métro à Paris, et que le mont au sommet duquel se trouve l’antique Krach des Chevaliers avait été transformé en véritable gruyère par l’organisation présidée par Yasser Arafat. Il ne faudrait donc pas être surpris des bombardements qui ont partiellement détruit la capitale libanaise une première fois il y a un quart de siècle, et de ceux qu’elle subit depuis la fin du mois de juin. En août 1982, avant d’être contraint par une résolution des Nations unies d’évacuer le territoire libanais, l’OLP possédait un « trésor de guerre » réparti entre diverses banques de Beyrouth, de l’ordre de cinq milliards de dollars. A cette époque, le gouvernement libanais redoutait qu’un brusque retrait de ces capitaux ne provoque une chute de la valeur de la livre libanaise au profit du shekel israélien !
La déclaration publiée à l’issue du sommet du G8 est assez claire :
« La crise actuelle, y est-il écrit, est le résultat d’efforts accomplis par des forces extrémistes en vue de déstabiliser la région et d’empêcher les peuples palestinien, israélien et libanais de jouir de la paix et de la liberté. »
« À Gaza, des éléments du Hamas ont attaqué, en y lançant des missiles, le territoire israélien ; ils ont enlevé un soldat de Tsahal. »
« Au Liban , le Hezbollah, en violation de la « ligne bleue », ont attaqué Israël à partir du territoire libanais et tué ou capturé un nombre (non précisé) de soldats israéliens. Ils ont ainsi inversé la tendance positive qui avait été provoquée par l’évacuation des troupes syriennes du Liban et miné la stabilité du gouvernement du premier ministre Fuad Saniora qui avait été démocratiquement élu. »
« Ces éléments extrémistes et ceux qui leur apportent leur appui ne peuvent pas être autorisés à plonger le Moyen-Orient dans un chaos et y provoquer un conflit encore plus étendu. »
« Ces extrémistes doivent cesser immédiatement leurs agressions. Il est également d’une importance cruciale qu’Israël, tout en exerçant son droit de légitime défense, mesure avec conscience les conséquences stratégiques et humanitaires de ses actions.
Les conditions requises par le sommet des Huit ont été ainsi définies en trois points par ses rédacteurs :
1 - Retour à Gaza et en Israël, sains et saufs, des soldats d’Israël.
2 - Mettre fin aux opérations militaires lancées par l’armée d’Israël, et évacuation des forces israéliennes de Gaza dans les meilleurs délais.
3 - Libération des ministres et parlementaires palestiniens détenus par Israël.
Des spécialistes français et libanais commencent à supposer que les agressions du Hezbollah à l’encontre d’Israël n’entrent pas complètement dans le cadre de la résistance palestinienne contre l’Etat juif.
L’affaire, estiment-ils, est beaucoup plus compliquée. Ils remarquent notamment que ces agressions se sont produites quelques jours avant la réunion du G8 au cours de laquelle devait être évoqué le problème posé par la détermination iranienne non seulement de construire des centrales électriques atomiques mais également de se doter d’un système d’armes nucléaires. Ce qui serait réalisé en contradiction avec les termes du Traité de non-prolifération que l’Iran a signé.
Certains observateurs comme François Sfeir, écrivain, politologue et journaliste franco-libanais et parisien, a estimé, lors d’une émission de télévision sur LCI, que la crise actuelle ne faisait pas partie des négociations sur la question nucléaire, mais qu’elle était notamment une des conséquences du conflit entre musulmans sunnites et chiites, qui se manifeste de façon sanglante en Irak, mais qui se manifeste et s’étend depuis de longues années d’une façon plus insidieuse dans tout le Proche et le Moyen-Orient. L’Arabie saoudite n’a pas été épargnée dans cet affrontement, dont le plus spectaculaire fut l’attaque par un commando chiite sur les lieux saints à La Mecque, neutralisée par le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale française, il y a eux décennies.
L’Iran, héritier d’une antique civilisation, est à la fois perse et chiite. Qui plus est, le pays est un des producteurs les plus importants d’hydrocarbures, dont 30 % de son commerce se fait avec la Fédération de Russie.
Puissant par son pétrole, l’Iran l’est également pas sa position géostatégique sur le Golfe persique. Il détient naturellement les clés des approvisionnements en hydrocarbures transitant pas le détroit d’Ormuz.
Le rôle des Hezbollahs n’est pas de conquérir du terrain mais de harceler, de servir d’avertissement à tous les intéressés, qu’ils soient Américains du Nord, Européens, Japonais, Israéliens, Egyptiens ou Saoudiens.
Cela fait un nombre important d’atouts pour lui permettre, dans les décennies à venir, d’imposer ses quatre volontés au monde.
On peut comprendre, dans ces conditions, la prudence que manifestent à son égard les diplomates d’Orient et d’Occident.
Quotes anglo-americains de l’entretien Bush - Blair
Bush
« I dont like the sequence of it. His attitude is basically cesasefire + UNO special and eveything else happens. »B
Blair :
« I think the thing that is realy difficult is you cannot stop this (war) unless your get international presence is agreed.”
Bush :
« See, The irony is what they ( the UNO) need to do is to get Syria to get Hezbollah to stop doing this shit , and it’s over”.
« I feel like telling Koffi (Annan) to jet on the phone an make something happen ».
« You are not blaming Israel... and we are not blaming the lebanese governement ».. »
Quotes from statement issue by G 8 about the Middle Eats crisis :
1 - « The immediate crisis results from efforts by extremist forces to destabilize the region and to frustrate the aspirations of the Palestinian, Israel and Lebanese people for democracy and peace.’
2 - « In Gaza, elements of Hamas launched rocket attacks against Israeli territory and abducted an Israeli soldier. In Lebanon, (Hezbollah), in violation of the Blue Line, attacked Israel from Lebanese territory and killed and captured Israeli soldiers, reversing the positive trends that began with the Syrian withdrawal in 2005, and undermining the democratically elected government of Prime Minister Fuad Saniora.”
3 - “These extremist elements and those that support them cannot be allowed to plunge the Middle East into chaos and provoke a wider conflict.”
4- - “The extremists must immediately halt their attacks. It is also critical that Israel, while exercising the right to defend itself, be mindful of the strategic and humanitarian consequences of its actions.”
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON