La conférence de Paris sur le processus de paix, un coup d’épée dans l’eau
Cette grand-messe Israël la considère comme malvenue car elle arrive après plusieurs victoires diplomatiques « sponsorisées » de la Palestine dont le fait que certains parlements européens ont soit reconnu la Palestine soit exhortés leurs gouvernements à le faire et surtout l’admission de la Palestine à L’Unesco.
Être plus rapide que le momentum, le saisir et le transformer ! Telle semblerait être la force motrice qui aurait poussé la France à organiser aujourd’hui à Paris une conférence internationale sur le processus de paix israélo-palestinien qui peine à sortir de l’ornière du blocage depuis plusieurs années. Le momentum c’est un ensemble de signaux encourageants qui peuvent servir de pont pour raccourcir le chemin vers un accord viable et durable entre les Israéliens et les Palestiniens. Parmi ces signaux, deux sont majeurs. D’un côté il y a le Hamas qui perd le soutien financier de l’Iran et qui se rapproche de l’Arabie saoudite ; de l’autre le royaume saoudien qui a de moins en moins en odeur de sainteté et Daesh et certains groupes armés qui combattent les régimes en place, en Irak et en Syrie. Or le Hamas qui a systématiquement rejeté tout accord de paix entre Israël et le Fatah peut adoucir sa position en devenant plus pragmatique, maintenant qu’il va être pris sous l’aile des Saoudiens, forcés à devenir des « alliés objectifs » de l’Etat hébreu notamment après le retour en force de l’Iran sur la scène moyen-orientale. La crise en Syrie et la montée en puissance de l'Iran ayant rebattu les cartes si bien que les Israéliens considèrent désormais les pays du Golfe comme un « facteur de stabilité ». Mais d’après les observateurs cette conférence de Paris où ni les représentants d’Israël ni de Palestine n’ont été invités par le Quai d’Orsay- qui semble craindre un affrontement entre les deux parties- ne sera qu’une piste de plus parmi tant d’autres vers un improbable accord de paix. D’ores et déjà le cabinet de Netanyahu annonce la couleur. Selon Le Washington Post « Israël s’oppose au sommet de Paris – un rassemblement de ministres des Affaires étrangères des pays occidentaux et arabes – en affirmant que les pourparlers bilatéraux directs sont la seule façon de faire avancer le processus de paix. » Autrement dit Israël ne fait que répéter une vielle position qui d’ailleurs a été maintes fois expérimentée sans succès. Le Post résume le sentiment israéliens quant à l’opportunité de cette conférence en titrant : « Le sommet de Paris annonce une poussée diplomatique contre Israël ». Comprendre que cette grand-messe Israël la considère comme malvenue car elle arrive après plusieurs victoires diplomatiques « sponsorisées » de la Palestine dont le fait que certains parlements européens ont soit reconnu la Palestine soit exhortés leurs gouvernements à le faire et surtout l’admission de la Palestine à L’Unesco. Des victoires certes symboliques mais qui n’ont fait que radicaliser davantage les Israéliens, la preuve en est le retour fracassant et catastrophique du faucon Avigdor Lieberman désormais ministre de la Défense ! Le chef du parti ultranationaliste Israël Beitinou (Israël notre foyer) est connu pour ses déclarations calamiteuses du genre « transformer Gaza en terrain de foot », « bombarder le barrage d’Assouan [en Egypte] » et plus récemment « décapiter à la hache les Arabes israéliens infidèles à la patrie » ! Ici un petit lapsus qui trahirait l’opinion qu’auraient les extrémistes israéliens des bourreaux de Daesh… Bref ce n’est pas avec des types comme Lieberman que le processus de paix avancera même avec le coup de pouce de Paris et Riyad. Le Washnigton Post décrit Lieberman comme un « nationaliste avec une réputation internationale catastrophique », qui est « une personne improbable pour aider à réduire la pression internationale sur Israël. » Cependant le retour du faucon aux affaires ne s’explique pas seulement par les victoires symboliques de la Palestine ni par la poussé diplomatique de la France (soutenue discrètement par les Etats-Unis) mais aussi par une militarisation de la société israélienne de plus en plus gagnée par le syndrome autarcique de Massada. Cette dérive malsaine de la société israélienne a été l’une des causes vraisemblables de la démission de Moshé Ayalon du ministère de la Défense le 20 mai dernier, déviation que résume le général Yair Golan dans une déclaration publique prononcée devant un kibboutz à l'occasion des commémorations de la Shoah et qui a secoué l’Etat hébreu. Le chef d'état-major adjoint de Tsahal pense tout simplement que « l'État juif à ressemble à l’Allemagne des années 30 ! » Cette dérive idéologique d’Israël nous en avions mis en garde il y 6 ans de cela quand nous avions titré « Israël ou la tentation apartheid » A bon entendeur…
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