La Corée du nord tire un boulet de canon
Ce n’est pas un missile mais un tir parfaitement cadré de Ji Yun Nam. Rien de militaire mais un petit extrait d’une coupe du monde dont les conséquences sur les populations du monde entier ne sont pas innocentes. Qu’en est-il de la Corée du nord où la pratique du football est tout à fait singulière ?
« Nous pouvons battre le Brésil. » C’était la promesse de Jong Tae-Se, l’attaquant nord-coréen qui a aussi assuré de marquer un but à chaque match de sa poule. Double échec donc puisque c’est son coéquipier, le milieu de terrain Ji Yun Nam, qui aura marqué pour l’honneur à la 89ème minute, la Corée du nord s’inclinant 2-1. Est-ce la coupe du monde qui impose le sujet ou un défaut de vouloir trouver un intérêt stratégique dans toute chose, ActuDéfense se penche pour une fois sur les charmes du ballon rond mais surtout sur la situation très particulière de cette petite équipe.
Un match étonnant qui a séduit les commentateurs. Les Coréens ont en effet tenu bon face au quintuple champion du monde. Un jeu pauvre et lent, mené sans efforts par des Brésiliens surs d’eux. Sur TF1, on s’est donc vite rangé du côté du « petit poucet de la coupe du monde ». Un peu partout, on a découvert un pays méconnu sans réellement s’interroger sur sa situation, se contentant de saluer la résistance de ses joueurs.
Une surprise après une journée de journalistes rieurs constatant l’isolement de l’équipe de Corée du Nord, les Chollima. La sélection est restée très discrète, cloitrée entre son hôtel et des entraînements peu médiatisés dont seules quelques images ont filtré. Des rires toujours lorsque l’entraîneur Kim Jong Hun exige que les questions soient posées en parlant de République populaire de Corée et non de Corée du nord ou lorsqu’il salue le leadeur Kim Jong Il.
Les joueurs de cette équipe sont obligés de jouer dans des conditions bien particulières. Pas question pour eux de parler aux médias. Très peu évoluent dans des clubs étrangers. Ils ne sont que six dans le pays dont trois dans la sélection : Hong Yong-jo en Russie, Ahn Young-hak et Jong Tae-Se au Japon. Ces expatriés sont tous accompagnés d’une paire de gros bras du régime chargés de les « protéger ». Autre particularité : Kim Jon Il refuse que la Corée du sud ne joue au nord, les matchs entre les deux équipes devant systématiquement se dérouler ailleurs. Sans parler des tensions sur les droits de diffusion que Pyongyang aura arraché gratuitement à la FIFA, faute de trouver un accord avec les médias du sud.
Il est intéressant de voir l’effet que peut avoir ce championnat sur le moral des populations. En particulier dans un pays comme la Corée du nord où le football déclenche parfois des violences. Encore que chaque fois, l’autorité du régime calme rapidement les choses et que dans l’ensemble, les matchs se déroulent « dans un silence de cathédrale » selon le témoignage d’un occidental pour Le Figaro. Un nouveau 1966, année lors de laquelle les nord-coréens s’étaient imposés jusqu’en quart de finale et que les joueurs appellent de leur vœux serait autant une victoire politique du régime que de l’équipe elle même. C’est le danger avec les dictatures.
Photo : Toksuede
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