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La crise des retraites au Chili

Le modèle chilien est un cas d’école, puisqu’il a été instauré en 1981, en pleine dictature, par des économistes de l’école de Chicago, chantres du libéralisme.

Ce système de fonds de pensions privés est financé uniquement par les travailleurs. Les entreprises ne cotisent pas, mais elles doivent prélever la cotisation (obligatoire) à la source, sur le salaire brut, et la verser au fonds choisi par le salarié. Le fonds de pension (ou AFP) doit gérer l’argent par des placements en Bourse ou des prêts aux entreprises, avec un taux de risque défini en fonction de l’âge du cotisant. Ce système de capitalisation est supervisé par une “super-intendance des AFP”.
Pour l’économiste Manuel Riesco, directeur de l’Ecole d’ingénierie commerciale de l’Université Arcis, “le système des AFP, plus qu’un système de retraite, est un système d’économie forcée par lequel les salariés apportent des ressources financières aux entreprises privées. La promesse que ces économies seraient remboursées à travers des retraites dignes ne s’accomplit pas, au moins pour la majorité des affiliés.”

Après 25 ans, le système doit être remis à jour, et la présidente Michelle Bachelet devra trouver les mesures pour éviter la faillite. De nombreuses entreprises (et pas des moindres) ont tout simplement "oublié" de payer les cotisations de leurs employés. Certaines ont disparu et ne payeront jamais. Les chiffres actuels indiquent que la moitié des cotisants du système (à peu près sept millions de personnes), n’arriveront pas à cumuler durant leur vie les fonds suffisants pour atteindre la retraite minimum. A cela s’ajoutent des frais de gestion exhorbitants des AFP. Les fonds de pension prélèvent sur chaque compte une commission qui les a fait assimiler par un sénateur de la concertation, Guido Girardi, à des "délinquants en col blanc".

Pour l’instant, les “nouveaux” retraités sont pour la plupart dépendants du système antérieur à la loi de Pinochet, qui leur garantissait une retraite minimum . Mais, selon Manuel Riesco, "il faut comprendre le drame des 150 000 personnes affiliées aux AFP qui, chaque jour, arrivent à l’âge de la retraite. La majorité d’entre elles n’ont pas sur leur compte les presque 14 millions de pesos nécessaires à une retraite minimum. Situation qui s’aggrave dans le cas des femmes" .

La multiplication des "petits boulots"

Le déséquilibre est dû à l’absence du paiement des cotisations pour les employés, mais aussi à l’évolution du marché du travail. La libéralisation totale de l’économie a provoqué la réduction du nombre des grandes entreprises et une explosion du nombre de travailleurs indépendants qui ne cotisent pas aux AFP. Dans le transport par exemple, on trouve une multitude de petites entreprises, voire de personnes seules, qui conduisent un taxi collectif ou un minibus et qui ne cotisent à aucun système individuel de retraite.
L’Etat au secours
Mais les économistes libéraux avaient pensé à une porte de sortie : faire appel à l’Etat. La loi oblige ce dernier à couvrir la différence, ce qui, à long terme, convertit le système en une bombe à retardement pour les ressources du pays. L’association des AFP, qui gère 65 millions d’euros, admet que le système doit être perfectionné et qu’il faut chercher des outils qui permettent l’augmentation de la couverture tout en maintenant la rentabilité des fonds par capitalisation.

Dans ce contexte très polémique, Michelle Bachelet annoncera certainement l’intégration d’un apport solidaire dans le modèle de capitalisation individuelle. Pour l’instant, la présidente a décidé de dépolitiser au maximum le débat. Elle a créé un conseil spécial, formé par des représentants de tous les courants politiques, des AFP et des syndicats, avec l’objectif d’augmenter les retraites des plus faibles et de garantir l’accès automatique à une assistance pour les plus âgés.


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6 réactions à cet article    


  • Seguro Estatal de Pensión Mínimal (---.---.43.89) 28 mars 2006 16:44

    SEPM[20ans30%] FDIC[250’000$]


    • Scipion (---.---.107.62) 28 mars 2006 17:23

      « Il faut comprendre le drame des 150 000 personnes affiliées aux AFP qui, chaque jour, arrivent à l’âge de la retraite. La majorité d’entre elles n’ont pas sur leur compte les presque 14 millions de pesos nécessaires à une retraite minimum. »

      Cent cinquante mille nouveaux retraités par jour, ça met la population du pays à combien de milliards d’habitants ?


      • Gilles Roman 28 mars 2006 17:32

        Oups ! Il s’agit bien sûr d’une erreur. Il fallait lire « 150 personnes qui, chaque jour... ». Merci de votre lecture attentive !


      • Scipion (---.---.107.62) 28 mars 2006 19:42

        Je vous en prie, mais ne me remerciez pas : je ne suis qu’un sale con, qui ne croit à peu près rien de ce qu’il lit et qui, de ce fait, contrôle systématiquement tout de qu’il peut contrôler...


        • machinchose (---.---.129.40) 29 mars 2006 08:33

          la présence dans la même phrase de « dictature » et « économiste » (et le souvenir des mille cas similaire) est selon moi tout à fait révélatrice de ce que ces derniers devraient cesser de faire de grande leçons de vie en général et s’en tenir à une vision analytique (et utile en tant que telle, je ne veux pas nier l’interet de l’économiste) du monde et cesser de nous saouler avec de grands principes généraux qu’ils ne s’appliquent jamais. On remarque aussi qu’un économiste libéral en roue libre est une sorte de garantie de faillite. (cette remarque ne signifie pas « un régime communiste est mieux ». Je précise parce qu’ici si on se permets d’être un poil critique on est automatiquement un trotskiste éventuellement amateur de barbarie animale)


          • machinchose (---.---.129.40) 29 mars 2006 08:37

            bien sur je parlais de « faillite » pour le peuple. En règle générale les millionaires, dans le même temps, sont devenus milliardaires malgrè l’état qui les a, bien entendu, harceler d’impots insuportables qui les a, finalement obligé à l’exil. mais bon. (si je dis ça cela ne signifie pas que je pense que le modèle français est un exemple indépassable de réussite , je précise parce qu’ici si l’on remarque l’échec d’un systeme ultra liberal il semble que pour beaucoup cela signifie automatiquement qu’on est un français prétentieux fanatique de son systeme. Ce n’est pas mon cas.)

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