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La crise du CPE influence la politique allemande.

Pendant plusieurs semaines, le contrat première embauche a agité la société et la politique françaises. Mais cette crise ne s’est pas bornée à nos frontières, elle a aussi eu des effets sur la politique de notre voisin allemand.

En effet, le ministre du travail allemand Franz Münterfering a décidé récemment la mise au placard d’un contrat de travail qui visait à porter la période d’essai du CDI à deux ans. Si les socio-démocrates du SPD ont renoncé à mettre en place cette mesure, les chrétiens-démocrates de la CDU souhaitent, eux, la ressusciter. L’Allemagne connaît, comme beaucoup de pays européens, un fort taux de chômage. Selon la CDU, l’allongement de la période probatoire du CDI serait un instrument de flexibilité permettant de faciliter l’embauche, et par conséquent, de baisser le nombre des chômeurs. Comme en France, le projet a pris une tournure politique, et divise le gouvernement.

La coalition allemande ne craignait pas une mobilisation sociale du même ordre qu’en France, car les Allemands ne font généralement grève que lorsqu’il s’agit des salaires. Toutefois, même si l’opinion ne s’était jusqu’à présent pas inquiétée du projet, le mouvement de contestation français a permis à la principale confédération syndicale allemande d’entamer le dialogue avec le gouvernement, qui a aussitôt cédé par peur d’un bras de fer. Il faut garder à l’esprit qu’outre-Rhin les syndicats, bien que moins nombreux qu’en France, sont bien plus représentatifs et puissants. Le taux de syndicalisation y atteint 32%, contre 8% en France.

L’autre différence majeure, par rapport à la France, touche le projet en lui-même. Cette réforme ciblait tous les CDI, sans distinction d’âge. Il faut rappeler qu’en France, le mouvement a d’abord été étudiant. Avec ce texte, les jeunes Allemands de moins de 26 ans n’ont pas eu de raison de se sentir stigmatisés, comme ce fut le cas chez nous. D’autant que le chômage des jeunes n’atteint que 12%, contre 20% dans notre pays. De plus, le système scolaire allemand permet à bon nombre d’étudiants d’avoir déjà, grâce à l’alternance, un pied dans l’entreprise lors de leurs études, au contraire des jeunes Français. Ils n’éprouvent donc pas cette peur de l’entreprise si propre aux étudiants de l’hexagone.

Très attentive au climat social français, la coalition d’Angela Merkel préfère pour le moment geler son projet, sans pour autant renoncer à réformer le code du travail au nom de la flexibilité.


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4 réactions à cet article    


  • (---.---.39.75) 13 avril 2006 10:48

    Pour précision en Allemagne, l’Abitur, équivalent du bac se passe vers 19/20 ans, au lieu de 17/18 ans pour nous. De même les études se finissent plutot vers 26/27 ans.

    LEs étudiants et même les lycéens bénéficient de stages régulier en entreprise. Durant les études c’est presque 1 semestre sur 2 qui est passé en entreprise.

    Autre chose interessante à noter, il est possible de suivre des études supérieurs sans avoir réussi l’Abitur. Pour simplifier, les jeunes allemands ont accès à des équivalents de nos BTS, IUT et DUT dans les Fachhochschule (ex : développeurs informatiques, techniciens de maintenance) , en version rallongée (5 ans d’études au lieu de 2) même sans baccalauréat.

    Au final les « jeunes » allemands pas ou peu qualifiés sont rares.


    • pedro (---.---.141.55) 13 avril 2006 22:07

      bon article qui nous montre au combien cette crise a influencé et surtout dissuader nos voisins européens de mettre en place les mêmes mesures qu’en France. Cependant, j’ai le sentiment que l’Allemagne est plus armée au niveau formation des jeunes pour l’emploi.


      • Roues Libres Claude DP 14 avril 2006 09:34

        La France, exemple européen de ce qu’il ne faut pas faire. C’est un leadership comme un autre...Pas exactement cependant celui dont nous rêvions, nous les grands donneurs de leçons.


        • www.jean-brice.fr (---.---.239.220) 15 avril 2006 18:03

          Les Allemands sont plus disciplinés que les Français, c’est connu : néammoins, le retour au XIXème siècle programmé sous influence anglo-saxonne, est en train de répandre dans toute l’Europe continentale, particulièrement à l’ouest un phénomène de rejet. Nous sommes plus près de 1848 que de 1968 !

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