La crise iranienne doit nous conduire à renforcer l’Europe diplomatique
C’est donc sans surprise que l’Iran a poursuivi le processus d’enrichissement de l’uranium, malgré l’expiration de l’ultimatum de deux mois que le Conseil de sécurité lui avait fixé le 21 décembre dernier.
Il n’est pas exclu que nous comprenions d’ici quelques mois, non pas que la République islamique d’Iran est en passe d’accéder à la technologie de l’atome militaire, mais plus simplement qu’elle en dispose déjà.
Que M. Mohamed El-Baradei, directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, ait cru utile de déclarer ce lundi 5 mars que « l’incapacité persistante de l’Iran à dissiper les doutes sur la nature pacifique de son programme nucléaire après l’avoir dissimulé pendant quasiment vingt ans, contribue à isoler ce pays de la communauté internationale » importe peu.
Pas plus M. El-Baradei que les membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA auxquels il s’adresse ne peuvent sérieusement croire au succès de leur mission, voire même au sérieux de leurs propos, lorsque M. El-Baradei lui-même énonce, faisant allusion à la « découverte-révélation » effectuée en 2003 du programme nucléaire iranien, que « contrairement à d’autres procédure de vérification, la confiance de l’AIEA dans la nature du programme de l’Iran a été ébranlée par deux décennies d’activités non déclarées », et ajoutant pour faire bonne mesure que « cette confiance ne sera restaurée que lorsque l’Iran prendra la décision attendue de longue date d’expliquer et de répondre, de manière ouverte et transparente, à toutes les questions et à toutes les inquiétudes de l’Agence au sujet de ses activités nucléaires passées. »
La République islamique d’Iran a adopté une position on ne peut plus claire. Les composantes du programme nucléaire iranien sont d’ailleurs connues depuis très longtemps, au point même que certaines informations « grises » n’ont pas fait l’objet de reclassifications d’ordre confidentiel lorsqu’elles se sont trouvées complétées ou approfondies. Une communication récente du Dr Franck Barnaby, chercheur en physique nucléaire et expert en armement ( Dr. Frank Barnaby, March 2006, Oxford Research Group) permet de faire utilement le point sur cette question : Iran’s Nuclear Activities (pdf)
« Nous n’avons pas découvert de preuve manifeste d’un détournement de substance nucléaire, ni de capacité industrielle de production de substance nucléaire susceptible de servir des objectifs militaires, ce qui constitue un élément important dans l’évaluation du risque » a donc déclaré M. El-Baradei. Soit, mais alors pourquoi s’empresser d’ajouter : « Mais un certain nombre d’inconnues demeurent quant aux expériences, aux acquisitions et à d’autres activités. » ? Lesquelles ? L’AIEA ne saurait donc rien ? Quant aux capacités industrielles de production de substance nucléaire susceptible de servir des objectifs militaires et que M. El-Baradei n’aurait pas découvertes, il est difficile d’imaginer que l’AIEA ne dispose pas à l’heure actuelle d’une radiographie très précise des aptitudes technologiques développées par les organismes suivants dont la liste qui suit figure par ailleurs aux annexes de la Résolution précitée :
"A l’heure actuelle six « grandes puissances » négocient donc une extension des sanctions que le Conseil de sécurité de l’ONU a infligées le 23 décembre 2006 à l’Iran pour avoir poursuivi ses activités d’enrichissement d’uranium en dépit d’un autre ultimatum fixé au 21 février 2007.. Et voici que les 35 membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA discutent sur l’opportunité d’approuver une suspension partielle de l’aide technique que l’Agence continue de prodiguer au programme nucléaire iranien. Sait-on en effet que 22 des 55 projets de coopération nucléaire de l’AIEA en Iran sont touchés par cette mesure, conformément à l’interdiction formulée dans la Résolution 1737 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 23 décembre 2006 prohibant tout transfert de technologie et de savoir-faire nucléaire à destination de la République islamique ? L’histoire diplomatique montrera un jour de quelle formidable capacité d’encaisser les coups le Traité de Non-Prolifération aura été capable avec l’article 8 de cette même Résolution qui décide que l’Iran devra accorder à l’AIEA l’accès et la coopération que celle-ci demande pour pouvoir vérifier la suspension visée au paragraphe 2 et régler toutes les questions en suspens mentionnées dans ses rapports, tout en engageant parallèlement la république islamique à ratifier rapidement le Protocole additionnel.
Il n’est pas impossible que l’Iran ratifie effectivement ledit protocole, ce qui achèverait de montrer un talent diplomatique peu commun, à l’image de celui dont fait d’ailleurs preuve M. Ali Ashgar Soltanieh, l’émissaire iranien auprès de l’AIEA."
A. Entités concourant au programme nucléaire :
Organisation iranienne de l’énergie atomique.
Mesbah Energy Company (fournisseur du fabricant du réacteur de recherche A40 -
Arak) .
Kala-Electric (également connu sous le nom de Kalaye Electric) (fournisseur de
l’usine expérimentale d’enrichissement de combustible de Natanz).
Pars Trash Company (prend part au programme de centrifugeuses ; entité citée
dans les rapports de l’AIEA).
Farayand Technique (prend part au programme de centrifugeuses ; entité
citée dans les rapports de l’AIEA).
Organisation des industries de la défense (entité sous le contrôle du ministère
de la Défense et du soutien logistique aux forces armées ; certaines des
entités placées sous son contrôle ont participé à la fabrication de composants
pour le programme de centrifugeuses et au programmes de missiles)
7th of Tir (entité placée sous le contrôle de l’Organisation des Industries de la Défense et connue comme
participant directement au programme nucléaire)
B. Entités concourant au
programme de missiles balistiques :
Groupe industriel Shahid Hemmat (SHIG) (entité placée sous le contrôle de
l’Organisation des industries aérospatiales).
Groupe industriel Shahid Bagheri (SBIG) (entité placée sous le contrôle de
l’Organisation des industries aérospatiales).
Groupe industriel Fajr (précédemment connu sous le nom de Instrumentation
Factory Plant ; entité placée sous le contrôle de l’Organisation des
industries aérospatiales).
C. Personnes concourant au
programme nucléaire :
M.Mohammad Qannadi, vice-président pour la recherche-développement de
l’Organisation iranienne de l’Energie atomique.
M.Behman Asgarpour, directeur des opérations (Arak).
M.Dawood Agha-Jani, responsable de l’usine expérimentale d’enrichissement de
combustible de Natanz
M.Ehsan Monajemi, directeur des projets de construction à Natanz
M.Jafar Mohammadi, conseiller technique auprès de l’Organisation iranienne de
l’Energie atomique (chargé de la gestion de la production des soupapes des
centrifugeuses).
M.Ali Hajinia Leilabadi, directeur général de Mesbah Energy Company.
Général Mohammad Mehdi Nejad Nouri, recteur de l’Université Malek Ashtar des
technologies de la Défense
(faculté de chimie, sous contrôle du ministère de la Défense et du soutien
logistique aux forces armées, qui a mené des expériences sur le béryllium).
D. Personnes concourant au
programme de missiles balistiques :
Général Hosein Salimi, commandant des forces aériennes du Corps des gardiens de
la révolution islamique (Pasdaran).
M.Ahmad Vahid Dastjerdi, président de l’Organisation des Industries
aérospatiales (AIO).
M.Reza-Gholi Esmaeli, directeur du Département des Affaires commerciales et
internationales de l’Organisation des Industries aérospatiales.
M.Bahmanyar Morteza Bahmanyar, directeur du Département des Finances et du
Budget de l’Organisation des Industries aérospatiales.
E.
Personnes concourant au programme nucléaire et au programme de missiles
balistiques :
Général Yahya Rahim Safavi, commandant du Corps des gardiens de la Révolution islamique
(Pasdaran).
Allons, il est temps d’ouvrir les yeux et de faire en sorte que l’Europe se dote d’un commandement unique, d’institutions solides et d’un véritable ministre des Affaires étrangères.
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