La crise libyenne : révolution spontanée ou coup d’état en déroulement ?
Il y a pas de médias qui nous (dés)informent constamment par rapport à ce qui se passe réellement dans les pays du monde arabe, notamment en Libye qui est, à l’évidence, le point le plus chaud de ce qu’on appelle « le printemps du monde arabe ». Pourtant, le dossier libyen est beaucoup plus complexe qu’on puisse le croire. Il nous apparaît comme « une pizza toute garnie », où nous n’arrivons pas à connaître tous ses ingrédients, à l’exception de ceux qui nous sont dévoilés à la surface de ce… repas médiatique.
Malgré une campagne médiatique anti-Kadhafi, commandée par Washington, Paris et Londres, qui veut nous présenter le dirigeant libyen comme un diable qui se mène à terroriser, tyranniser et tuer son peuple, la vérité est de l’autre coté de la médaille placée sur la grande table du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Pendant le discours officiel tenu le 3 mars 2011 à Caracas par Hugo Chavez à l’égard de la crise libyenne, le président vénézuelien avait cité les toutes récentes réflexions personnelles de l’ex-président cubain Fidel Castro, par rapport à certaines vérités sur la vraie vie du peuple libyen, qui n’ont pas été dévoilés à l’opinion publique internationale. On apprend ainsi, entre autres, que « la Libye occupe le premier rang en terme d’indice de Développement Humain d’Afrique et à l’espérance de vie la plus élevée du continent. L’éducation et la santé reçoivent une attention particulière de l’Etat. Le niveau culturel de sa population est, sans aucun doute, plus élevé. Son problème est d’un caractère différent : la population ne manquait pas de médicaments, ni de services sociaux indispensables. Le pays avait recours à une importante force de travail étrangère pour mener à bien d’ambitieux plans de production et de développement social. Dans ce but, il offrait des emplois à des milliers de travailleurs égyptiens, tunisiens, chinois et d’autres nationalités. Il disposait d’énormes revenue et réserves de devises convertibles déposées dans des banques des pays riches, avec lesquels il faisait l’acquisition de biens de consommation et même des armes sophistiquées qui lui vendaient, précisément, les mêmes pays qui aujourd’hui veulent l’envahir au nom de Droits de l’Homme. La colossale campagne de mensonges, déchaînée par les médias de masse a donné lieu à une grande confusion dans l’opinion publique mondiale. Il se passera de temps avant que l’on puisse reconstituer ce qui s’est réellement passé en Libye et séparer les faits réels des faux qui ont été divulgués »[1]
En allant dans le même sens, Le Poste complète les réalités dévoilées par Fidel Castro, en nous faisant partie d’une note qui a été envoyée à partir d’Ukraine au Président de la Fédération Russe Dimitri Medvedev par une délégation des corps médicaux de la Russie qui avait vécu dernièrement en Libye. On apprend de cette note que « Les Libyens ont droit à des soins gratuits, et les hôpitaux offrent les meilleurs équipements médicaux du monde. L’éducation en Libye est gratuite et les jeunes capables ont la possibilité d’étudier à l’étranger aux frais du gouvernement. Quand un jeune couple se marie, il reçoit 60.000 dinars libyens (environ 50.000 US dollars [au cours du 13/4/2011]) d’aide financière. Les prêts d’État sont sans intérêts et, comme le montre la pratique, [leur remboursement est] sans limite de temps. Grâce aux subventions gouvernementales le prix des voitures est beaucoup plus bas qu’en Europe, et elles sont d’un prix abordable pour toutes les familles. L’essence et le pain coûtent une misère, aucun impôt pour ceux qui s’occupent d’agriculture. Calmes et paisibles, le Libyen n’est guère enclin à la boisson et est très religieux »[2]
Alors, comment se fait-il que le Colonel Kadhafi est devenu soudain, après 42 ans de pouvoir à la tête de la Jamahiriya Arabe Libyenne, un dictateur si méchant et détestable, qui doit être mis au rancart par la procédure d’urgence, débaptisée pompeusement la « Résolution 1973 des Nations Unis » ?
Dans un article publié le 28 février 2011 sur le site de Fox News et repris par Le Poste le 26 avril 2011, on apprend également que « Tandis que l’ONU s’acharne fiévreusement à condamner le guide libyen, Mouammar Kadhafi, pour sévices graves contre les manifestants, l’organisme Human Rights Council s’apprête à approuver un rapport élogieux pour la Libye en matière de droits de l’homme. Son compte-rendu félicite la Libye pour avoir amélioré les possibilités éducatives, pour avoir fait des droits de l’homme une « priorité » et pour avoir amélioré son cadre « constitutionnel ». Plusieurs pays, dont l’Iran, le Venezuela, la Corée du Nord et l’Arabie Saoudite, mais aussi le Canada, accordent à la Libye des points positifs pour les protections juridiques qu’elle offre à ses citoyens — qui sont à présent en révolte contre le régime et se heurtent à des représailles sanglantes »[3].
Et, si ce n’est pas une question de droit de l’homme, qu’est qui dérange alors les Maîtres du Monde, de sorte qu’ils doivent absolument déloger le Colonel Kadhafi ?
Vu le fait que la Libye produit environ 2% du pétrole, on est porté à croire qu’il s’agit ici essentiellement d’une question de pétrole, voir d’une raison similaire à celle qui a conduit au déclenchement de la guerre en Irak. Pourtant, tout comme Edmund L. Andrews et Clifford Marks nous font part dans le National Journal du 24 février 2011, “Libya produces only about 2 percent of the world’s oil, and Saudi Arabia alone has enough spare capacity to make up for any lost production if Libya plunges into prolonged chaos”[4]. Même si on n’écarte pas « l’option pétrole » dans cette affaire, on peut quand-même déduire que l’attaque de l’OTAN contre Libye n’a pas les mêmes raisons que l’attaque de lancé unilatéralement en 2003 contre l’Irak, par les yankees de la Saga pétrolière « Bush-Rice-Cheyney & CO ».
Alors, quelle est la vraie raison pour laquelle la Libye aurait du être attaquée maintenant par la soi-dite « coalition internationale » ? La réponse nous parvient de Patrick Henningsen dans son article publié le 28 mars 2011 en Market Oracle, où on apprend un « Fait rarement mentionné par les politiciens et les pontes des médias : La Banque centrale de Libye appartient à 100% à l’État... Actuellement, le gouvernement libyen crée sa propre monnaie, le dinar libyen, par l’intermédiaire de sa propre banque centrale. Peu de gens se risquent à dire que la Libye est un pays souverain doté d’immenses ressources, capable d’alimenter ses propres besoins économiques. Problème majeur pour les cartels bancaires mondialiste, pour faire du business avec la Libye, ils doivent passer par la Banque centrale libyenne et sa monnaie nationale, un lieu où ils n’ont absolument aucune emprise ni moyen d’influencer. C’est pourquoi le renversement de la Banque centrale de Libye pourrait bien ne pas figurer dans le discours d’Obama, de Cameron et de Sarkozy, bien qu’elle figure certainement en tête de liste de l’agenda mondialiste visant à absorber la Libye dans sa ruche de nations serviles »[5]
On comprend maintenant très bien, pourquoi les insurgés libyens ont pris le temps en mars, pendant leur rébellion, de créer leur propre banque centrale à Benghazi, tel que Le Poste nous révèle, en reprenant un article tiré de New American : « Dans un communiqué publié la semaine dernière, les rebelles ont rapporté les arrêtés d’une réunion tenue le 19 mars. Entre autres choses, les révolutionnaires hétéroclites ont annoncé la désignation de la Banque centrale de Benghazi comme autorité compétente dans les affaires monétaires de Libye, et la nomination d’un gouverneur à la Banque centrale de Libye, avec un siège provisoire à Benghazi »[6]. Et là, on voit bien pourquoi Benghazi - la deuxième ville du pays – est si importante aux yeux de la coalition des forces internes et externes qui veut déloger le Colonel Kadhafi.
En conclusion, malgré la désinformation médiatique commandée, la Libye est un pays qui a, au-delà du pétrole, 144 tonnes d’or dans les coffres de la vraie Banque Centrale du Gouvernement Libyen, un pays qui offre à son peuple des services médicaux gratuits et de qualité, ainsi qu’un système d’enseignement subventionné à 100% par l’état, un pays qui offre des emprunts sans intérêt à ses citoyens, un pays qui n’a pas de dettes envers le FMI, la Banque Mondiale ou à d’autres institutions financières à travers le monde et enfin un pays qui, pour tout ceux-ci, est un pays riche, souverain et indépendant !
C’est pour cela que le peuple libyen avait nécessairement besoin d’une guerre civile et que son dirigeant est devenue brusquement le tyran et le dictateur qui doit être délogé le plus vite possible par la coalition internationale. Et tout cela, au nom d’une « démocratie » qui doit s’installer par la force et qui permettra aux insurgés de mieux servir les intérêts des Maîtres du Monde.
[1] http://www.youtube.com/watch?v=6mXkhHGcgDQ&NR=1, Réflexions personnelles de Fidel Castro, citées par Hugo Chavez dans son discours officiel du 30 mars 2011 sur le dossier libyen (minutes 0 :00 – 2 :00)
[2] http://www.lepost.fr/article/2011/04/25/2476610_libye-verites-qui-derangent.html, « Libye…Vérités qui dérangent », Le Poste, 26 avril 2011
[3] http://www.foxnews.com/politics/2011/02/28/council-poised-adopt-report-praising-libyas-human-rights-record/ , “U.N. Council Poised to Adopt Report Praising Libya's Human Rights Record”, Fox News, 28 février 2011
[4] http://www.nationaljournal.com/economy/libya-why-a-two-percent-oil-producer-is-rattling-global-markets-20110223 , “Libya : Why a Two-Percent Oil Producer is Rattling Global Markets”, National Journal, 24 février 2011
[5] http://www.marketoracle.co.uk/Article27208.html , “Globalists Target 100% State Owned Central Bank of Libya” , Market Oracle, 28 mars 2011
[6] http://www.lepost.fr/article/2011/04/25/2476610_libye-verites-qui-derangent.html, « Libye…Vérités qui dérangent », Le Poste, 26 avril 2011
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