La frappe dite « humanitaire » en Syrie : LA FARCE !
La genèse de la fin du droit international a été confirmée le 20 janvier 2018 lors de la brutale invasion militaire illégale de la province d’Afrin au Nord de la Syrie. Une invasion suivie de saccages et de purification ethnique par une Turquie membre de l’OTAN, avec le soutien complice de la Russie. Depuis ce long martyre de deux mois, très peu médiatisés, sans que les démocraties occidentales n’interviennent concrètement, nous n’assistons qu’à une succession de pantomimes hypocrites et cyniques, de farces diplomatiques, dont les cesser les feu successifs non respectés démontrent un total sentiment d’impunité des belligérants. Une situation et une jurisprudence guerrière aux conséquences juridiques et politiques catastrophiques qui laisse entrevoir un sombre horizon pour les chances de paix et de prospérité sur la planète. Car il ne peut y avoir de longue prospérité dans une ambiance de guerre économique et militaire et avec des institutions mondiales paralysées.
Pour commenter la frappe dite « humanitaire » du 14 Avril 2018, le Président de la République a parlé d’une « intervention pour l’honneur de la communauté internationale ». Parlons-en justement de cet honneur qu’il a estimé si défaillant au point d’éprouver le besoin de le sauver spectaculairement :
Alors que les objectifs de purification ethnique et les saccages des turco-djihadistes étaient enfin mondialement connues, alors que l’invasion a été condamnée dès le 20 janvier 2018 par le gouvernement Syrien et condamnée le 8 Février 2018 à l’unanimité par le Parlement Européen, alors que le cesser le feu voté 24 Février 2018 à l’unanimité par le Conseil de l’ONU a été ouvertement violé par Erdogan et ses troupes pro charia jusqu’à la chute d’Afrin le 18 Mars 2018, le Ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est refusé à condamner l’invasion illégale de la province d’Afrine par Erdogan.
Lors de son point presse du 19 mars 2018, il a déclaré :
« Notre position est constante (pas de remords malgré les dramatiques conséquences humanitaires, politiques et militaires) : les préoccupations légitimes de la Turquie concernant la sécurité de sa frontière (l’invasion est donc maintenant officiellement « légitimée » après avoir été seulement « comprise ») ne doivent pas conduire à une implantation militaire (implantation NON, mais… invasion militaire OUI !!!) dans la profondeur du territoire syrien » (quelle profondeur est tolérable pour la diplomatie française 2018 ? 30 Km comme annoncé par Erdogan au départ ? 40 Km comme réalisé à Afrin ? Ou plus ? Et quid des 900 Km de frontières restant que Erdogan déclare ouvertement vouloir aussi envahir ?)
Où se trouvait l’honneur de la France ce jour là ?
A ce stade, le gouvernement français encoure bien juridiquement, logiquement, une poursuite pour complicité d’invasion illégale et crime de guerre à Afrin. Puisqu’il a autorisé, cautionné, légitimé une invasion sans consultation du Parlement français, sans l’aval du gouvernement syrien et sans mandat de l’ONU. Et il n’y avait pas d’armes chimiques à Afrin…
Mais vu l’état des institutions mondiales, une plainte officielle déposée par le gouvernement Syrien auprès de la cour de justice internationale n’aurait sans doute pas plus de résultat que celle que la Syrie a déjà déposée en vain à l’ONU contre la Turquie…
Même impuissance que la Société des Nations lors de l’invasion de l’Érythrée par l’Italie (1936). Ou l’invasion de la Mandchourie puis plus tard en 1937 de la Chine par le Japon. Ou l’invasion de la Finlande (1939), des Etats Baltes et de la Pologne (1940) par l’URSS. De la Tchécoslovaquie (1939), du Danemark et de la Norvège (1940), de la Pologne (en 1940 avec l’aide de l’URSS).
A cette époque, il existait aussi déjà les « partis de l’étranger » ne souhaitant pas que la France interfère, car ils soutenaient d’un côté la « vertueuse discipline » allemande de « Monsieur » Hitler ou bien « l’avancée de la révolution prolétarienne » menée par Staline. La guerre internationale d’Espagne (de Juillet 1936 à Avril 1939) et les autres guerres se sont ainsi librement et rageusement exprimées au profit des dictatures et démocratures de l’époque, avec les Stukas allemands et les chars soviétiques, sans que les démocraties occidentales n’interviennent concrètement.
Un peu comme aujourd’hui pour la Syrie…
Le 21 janvier 2018 (macabre et funeste date que l’Histoire, avec un grand H, n’est pas prête d’oublier), les démocraties occidentales ont même officiellement accordé le droit au dictateur turque Erdogan de bombarder et d’envahir la pacifique, accueillante, laborieuse et ancestrale province kurde d’Afrin. Une ignoble, sanglante et caricaturale injustice pour une province qui avait accueilli plus de réfugiés (500.000) que sa propre population kurde (385.000) et n’avait, en réalité, jamais tiré une seule roquette sur la Turquie, contrairement à la propagande turko-djihadiste pro charia gobée par nos élites bobos-gogos).
Heureusement, tardivement, le 29 Mars, 69 jours après l’entrée des chars dans la province d’Afrin, 10 jours après la calamiteuse déclaration « Munichoise » de Jean-Yves Le Drian, des représentants des Forces démocratiques syriennes (FDS comprenant des YPG kurdes) ont été reçus à l'Elysée. Auraient-ils été accueillis personnellement par Emmanuel Macron s’ils étaient les terroristes indépendantistes dépeints par la propagande vociférée par Erdogan ?
Puisque les forces YPG kurdes sont les principales alliées de la coalition internationale contre l'Etat islamique, le Président de la République a tenu à « rendre hommage à leurs sacrifices et à leur rôle déterminant dans la lutte contre Daech ». Il a évoqué une « aide » (non précisée) pour stopper les autres projets officiels d’invasions turques tout le long de la frontière syrienne. Il a ensuite proposé une médiation auprès d’Ankara.
Erdogan a immédiatement rejeté la proposition en termes peu flatteurs (« Nous n’avons pas besoin de médiation. Depuis quand la Turquie veut-elle s’asseoir à la table d’une organisation terroriste ? D’où avez-vous sorti cela ? » s’est emporté le président turc. « Les noms divers et variés ne sauraient cacher la vraie identité d’une organisation terroriste ». « Ceux qui les reçoivent dans leur palais comprendront tôt ou tard leur erreur », a-t-il menacé. Puis il a réitéré sa ferme volonté de « libérer » Manbij (où stationne une poignée de soldats français et l’unité américaine que Trump a confirmé encore cette semaine vouloir remplacer au plus vite par des troupes alliées arabes, contre l’avis insistante d’Emmanuel Macron).
.
Maintenant que l’habitude de violer ouvertement le droit international est massivement « sorti des tubes guerriers » turques, Iraniens, russes (voire bientôt israéliens) en Syrie, il va être très difficile de faire repartir tous ces « destructeurs et mortels dentifrices » dans les pays d’origine.
Comment faire et qui peut le faire puisque les USA veulent se retirer de ce « bourbier syrien » ?
Au non de quel droit international ou moral, puisque l’invasion tolérée et impunie d’Afrin a largement établis le constat moribond de la crédibilité et de l’efficacité des instances pacificatrices mondiales ?
Ce constat d’impuissance diplomatique des Nations Unies a été souligné par la tardive et onéreuse frappe nocturne dite « humanitaire » sans mandat de l’ONU, aux préparatifs massivement médiatisée pendant six jours, contre des hangars syriens préalablement vidés de tous gardiens et de tous barils supposés chimiques. Et curieusement (du moins officiellement) aucune frappe punitive contre l’aérodrome syrien accusé du bombardement chimique.
Pensez-vous que les dictatures et les démocratures vont cesser de bombarder, massacrer, torturer, « purifier » ethniquement à cause de ce « one shot » cosmétique, symbolique, médiatisé, organisé politiquement et techniquement par la France (de A à Z via ses 2 Awacs), pour une bonne conscience occidentale à moindre coût ? Car le seul message parfaitement compréhensibles qui en ressort « en creux » ce trimestre, c’est que les envahisseurs peuvent envahir et les massacreurs peuvent massacrer, à condition de ne pas utiliser de gaz. Les dirigeants bobos peuvent dormir la conscience tranquille tant que des êtres innocents sont défigurés par des armes à fragmentation, du napalm ou une pluie continue de bombes ordinaires.
En résumé, pour terminer sur cette frappe issue d’une diplomatie occidentale objectivement borgne et déviante :
Trop peu.
Trop tard.
Comme en 1938.
=====================
NB 1 / J’ai été stupéfait, sidéré, qu’en 2h40, comme dans toutes les précédentes interviews à l’ensemble de la classe politique, aucune question n’ait été posée par les deux journalistes Plenel et Bourdin sur Afrin. En raison d’une trop grande place donnée à un brouillon et lassant « punching ball » politicien, même silence également sur l’Europe, l’écologie, la recherche et sur bien d’autres dossiers très importants :
Scandales des 18 milliards de taux d’intérêts abusifs non remboursés à 270 communes malgré 3 décisions de justice ; scandale de l’immense arnaque spéculative sur les produits dits « dérivés », une immense pyramide de ponzi représentant plusieurs fois le PIB (et qui devraient être lourdement taxés pour financer l’indispensable baisse des charges sur le travail salarial, libéral et artisanal) ; scandale du gouffre financier EPR de 10 milliards n’ayant pu produire un seul mégawat depuis dix ans, au dépend de la recherche pour la sécuritaire centrale nucléaire alternative sans uranium (au thorium. Voir Wikipédia et le n° spécial Sciences et Vie de Novembre 2011) ; scandale du blocage de la représentation des usagers dans les conseils de l’administration (SNCF compris) ; etc
NB 2 / Face aux débats oubliés ou atrophiés, au grand déficit de communication, au manque de pédagogie, à la lassitude montante et ronchonne des français, au dynamisme des partisans (droite et gauche confondues) du FREXIT, les élections européennes de 2019 risquent de très mal se passer…
Sans ouverture et renforcement de ce gouvernement trop techno jupéo-jupéïste, un vote défouloir est prévisible.
Est-il vraiment utile d’attendre que se forme une liste « européo-centriste » (labélisée genre MPCCC : Majorité Présidentielle avec Compléments et Correctifs Conditionnels) et fasse plus de 5%, pour daigner compléter l’actuel programme du gouvernement, avec bon sens, sur nombre de chapitres (Europe, défense, recherche, social, etc.) ?
Pourquoi attendre un grand drame international ou une éventuelle « claque » aux européennes pour effectuer un geste d’ouverture et de rassemblement à de bonnes volontés, dignes de confiance, sources de bons conseils et d’une meilleure efficacité gouvernementale ?
NB 3 / Un gouvernement de « fans », trop « politiquement consanguin », peut être source d’erreurs. Même les monarchies les plus autoritaires prenaient soin de s’entourer de conseillers très variés. Ils adoraient parfois les voir se disputer. Même la présence stratégique et l’intervention opportuniste de « fous » au sein d’une étouffante cour, permettait l’émergence de débats forts utiles pour la clairvoyance du suzerain… Et pour compléter ses sources d’information, certains rois se déguisaient pour interroger incognito de temps à autres des sujets au sein de milieux très différents. Ils enjambaient ainsi le mur « parfois aveuglant » des flatteries et flagorneries de la cour. Cette pratique n’altérait aucunement leur autorité (Philippe Le Bel comme d’autres l’ont bien démontré).
36 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON